Et après...

Pour le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin, la pause imposée par la Covid c’est une occasion à prendre de remettre en question ce que nous faisions machinalement. Pour lui, sa réflexion l’a amené à se demander comment laisser davantage de place à diversité dans les programmations musicales.

Les bars ne rouvriront plus jusqu’à 3h du matin. C'est la prédiction du comédien et chanteur Gildor Roy. Il est convaincu de qu’il avance parce que selon lui, ce n’est pas arrivé souvent dans l’histoire des gouvernements modernes que l’on passe une loi temporaire sans qu’elle ne devienne permanente.

Après tout ça, est-ce que nous pourrons réellement revenir à ce que nous étions avant? Pour Pascale Brillon, psychologue spécialiste du traitement de l’anxiété et plus particulièrement du trouble de stress post-traumatique et du deuil, il ne s'agit pas seulement de faire preuve de résilience. Pour elle, il est bien de non seulement rebondir mais aussi de garder certaines choses que l’on a aimé parce qu’on a envie de les conserver même si la crise est terminée.

Le premier chirurgien innu de l’histoire du Québec Stanley Volant a eu peur de perdre sa propre santé physique, mentale et même spirituel pendant la première vague de la pandémie. La fatigue extrême, il l’a vu aussi chez le personnel médical avec qui il travaille à l’Hôpital Notre-Dame à Montréal. Pourtant, il n’a jamais perdu de vu de donner un contact empreint d’humanité à ses patients. Pour lui, pour se sortir de cette crise comme société, il faudra poser des gestes collectivement avec toute l'humanité dont nous sommes capables.

C’est difficile pour de nombreuses personnes de s’imaginer porter le masque encore pendant plusieurs mois. Pour la médecin au CHU Sainte-Justine Caroline Quach, il faut choisir entre deux maux le moindre. En sortant avec un masque, on est capable de voir le sourire dans les yeux et de lire le non-verbal. Et c’est beaucoup mieux selon elle que de rester chez soi encore six mois sans voir personne.

La comédienne Céline Bonnier a choisi le mot « écoute » pour prédire ce qui nous attend dans les prochains temps. Elle explique que quand nous traversons des périodes d’adversité, si nous n’écoutons pas, notre interprétation de la situation ne sera probablement pas la bonne. Il faut écouter pour réagir adéquatement avec ce qui se passe et non pas contre ce qui se passe.

La crise actuelle nous fait vivre une expérience collective qui permet de faire naître un nouveau sens du nationalisme au Québec. Pour le député de Matane-Matapédia Pascal Bérubé, peu importe notre âge, la région où nous habitons, que nous soyons riches ou pauvres, personne n’est à l’abri de la maladie et de ses conséquences sociales et économiques.

De quoi aura l’air le monde du travail pour le milieu culturel dans les prochains mois, dans les prochaines années? Pour la réalisatrice Louise Archambault le vertige des créateurs face à l’incertitude nous concerne tous. Des dessins sur les grottes de Lascaux à maintenant, l’art a toujours été nécessaire à la vie pour se sentir vivant et appartenir à la société. Plus que jamais, nous avons besoin de leur tendre la main.

La première leçon que l’on devrait tirer de la crise que nous traversons, selon l’animateur et humoriste Guy A Lepage, c’est que même si tout le monde voyage énormément nous venons d’ici. Et c’est cet endroit-là que nous devons faire croître en premier lieu en consommant localement, et en s’assurant d’encourager le plus possible nos commerçants d’ici.

En général, le changement est désiré et possible quand il y a une souffrance qui fait qu’on a plus le choix de changer. Pour la dramaturge et scénariste de Fugueuse Michelle Allen, avec la pandémie nous avons subi une situation que nous ne voulions pas. Pour qu'il y ait un changement pour la suite des choses, elle croit que c’est à nous de décider de transformer ce que nous avons subi en quelque chose auquel nous consentons.

Le pédiatre au CHU Sainte-Justine Jean-François Chicoine raconte qu'au départ apprendre à connaitre cette nouvelle maladie était passionnant d’un point de vue historique et médical, et puis il s’est mis à la détester. Maintenant, il ne peut pas imaginer une maladie plus cruelle parce qu’elle impose une distance physique avec les autres, et nous enlève ce que nous avons de plus humain.

Est-ce que quelques mois sont suffisants pour changer l'ordre du monde? Danielle Trottier, l’auteure des séries télé Unité 9, La promesse et de Toute la vie a des doutes. Selon elle, l’humain est malheureusement une espèce pressée. Pour elle, nous devrions prendre le temps de réfléchir à comment nous gérons la richesse et aussi, à comment nous devrions gérer la pauvreté?

Pour l'homme-orchestre, pédagogue et virtuose du piano Gregory Charles, la pandémie est une occasion imposée de corriger les erreurs de sa génération. Que ce soit notre rapport à l’environnement, l’équité économique ou à la diversité, ce qu’il faut maintenant c’est avoir l’humilité de reconnaître que tout n’est pas parfait, imaginer quelque chose de mieux et ensuite avoir le courage de se mettre en action.

Quand Nicole Bordeleau disait que l’on construit son quai en pleine tempête, elle ne pensait pas aussi bien décrire ce qui se passe présentement. Dans cette rencontre, cette maître en yoga et méditation réitère le besoin de rêver, mais aussi de garder un pied dans le magnifique et l'autre dans le tragique.

On l’a connu comme homme politique très actif, tant comme maire de Montréal que comme député et ministre fédéral. En l'écoutant parler avec Josélito, on découvre un Denis Coderre qui a remis au centre de sa vie sa famille, et refait l’ordre de ses priorités, un nouvel ordre renforcé par le confinement.

Durant la pandémie, l’ancienne première ministre du Québec, Madame Pauline Marois, s’est demandé comment elle aurait géré cette crise s'il elle avait tenu les rênes de la province. Une chose est sûre pour elle, l’importance des relations humaines dans la société est indéniable aujourd’hui.

Depuis des années, l’animateur et chef cuisinier Ricardo répète à tous et toutes que l’une des choses primordiale dans la vie, c’est de profiter des repas et de leur préparation pour passer du bon temps en famille. Et bien sûr, le confinement vécu cette année n’a fait que confirmer cette importance. Ce qui n’empêche pas Ricardo d’avoir lui aussi ses incertitudes...

Depuis le début du confinement, l'auteure Kim Thuy a un seul mot en tête: changer. Changer et approfondir les relations dans sa propre famille mais aussi, changer et rénover les bases de notre société du sous-sol au grenier.

Et si la distanciation sociale était en fait une manière de bien reconnaitre l'autre et lui montrer une certaine forme d’égard? Avec ses oeuvres "L’échec du matériel" et "La fin de l’homme", parus en 2007, l'auteur-compositeur-interprète Daniel Bélanger a vu avant tout le monde nos défis collectifs. Et ce que nous vivons actuellement est peut être une opportunité à saisir pour faire de nos rituels des petits bonheurs simples.