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Lignes de défense

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Dans un système globalisé, où les menaces prennent des formes de plus en plus variées, la chronique de Franck Alexandre vous plonge chaque semaine, au cœur des enjeux et des problématiques de défense et de sécurité du XXIème siècle. Les acteurs d’un monde militaire en mutation et les meilleurs observateurs des questions de Défense répondent à Franck Alexandre tous les dimanches matins dans sa chronique.

162 - Unseenlabs, pépite française du «New Space»
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  • 162 - Unseenlabs, pépite française du «New Space»

    Spécialiste de la détection de radiofréquence par satellite, la start-up Unseenlabs s'est imposée dans le domaine de la surveillance maritime. Basée à Rennes cette jeune pousse multiplie les levées de fonds et affiche des ambitions à la frontière du spatial civil et militaire. Zoom sur le « New Space » français.

    Attention pépite ! Unseenlabs a vu le jour il y a dix ans. Les frères Galic, Clément Benjamin et Jonathan ont saisi les opportunités offertes parles nano satellites pour détecter et localiser en mer avec une extrême précision n'importe quel navire grâce à ses émissions électromagnétiques.

    Ce fut une première révolution, nous explique Clément Galic : «Nos satellites sont des antennes dans l'espace qui peuvent capter des signaux radiofréquence. Ça, c'est un domaine qui était réservé. C'était la chasse gardée de la défense - pour la défense dure - jusqu'à ce que nous décidions en 2015 d'ouvrir ce marché au monde de la sécurité civile et du privé.

    Donc, tout part de trois frères qui ont envie de tenter l'aventure spatiale, de placer en orbite un instrument capable de localiser les sources d'émissions radio fréquence. On s'est dit : on est des ingénieurs mais on crée une boîte privée qui devra gagner de l'argent, essayons au moins dans un premier temps, de nous attaquer à un marché que l'on sait en besoin de nouveaux types de données.

    C'est comme ça qu'on s'est focalisé sur la surveillance maritime. Ca va intéresser ce qu'on appelle 'l'action de l'État en mer'. Nous, l'essentiel de nos activités, c'est la lutte contre la pêche illégale. Donc ce n'est pas de la défense dure, c'est de la police des mers en fait. Et on a le pendant privé qui vont être les armateurs, les assureurs : on va pouvoir leur apporter des données qui vont renseigner plus finement sur la réalité des trafics maritimes».

    Avec leur technologie et leur constellation de 13 nano-satellites, les ingénieurs d'Unseenlabs peuvent cartographier la position des bateaux, y compris détecter les navires qui auraient coupé leur système d'identification automatique comme le font régulièrement des bateaux russes qui s'arrêtent au large de l'Irlande, à la verticale d'un câble sous-marin stratégique.

    Adapter le système à n'importe quel type d'émetteur

    Forte de ce savoir faire, l'entreprise rennaise souhaite élargir ses capacités de surveillance au domaine terrestre pour traquer les brouilleurs, un sujet saillant notamment en Ukraine où les brouillages antidrones sont omniprésents.

    « Un brouilleur, reprend Clément Galic, Pdg d'Unseenlabs, c'est une grosse machine, qui est un gros camion qui envoie ce qu'il faut en radiofréquence pour brouiller tout ce qui passe autour.

    Nous depuis l'espace, on sera capable de localiser ces sources de brouillage, de les caractériser et d'expliquer aux intéressés, comment contre-brouiller, pour pouvoir agir. Aujourd'hui ce qu'on fait, c'est de localiser des bateaux, et bien on fera la même chose pour les brouilleurs. Et en fait, l'idée c'est vraiment de répliquer ce marché du maritime à n'importe quel type de marché, n'importe quel type d'émetteur. Nous, on n'a pas le rôle de se substituer à l'Etat, par contre, ce qu'on apporte, c'est une capacité qui va coûter moins cher pour compléter ou soulager peut-être des services patrimoniaux, grâce à nos données. Donc c'est du complémentaire ». 

    Unseenlabs, n'a qu'un concurrent américain, et pour continuer à mener la course en tête, la pépite tricolore envisage dès 2026 de lancer une flotte de satellites de 150 kilos, de nouvelle génération.

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    Sun, 12 May 2024
  • 161 - France: la fin d'une dissuasion nucléaire chimiquement pure?

    Le 27 avril, Emmanuel Macron s'est de nouveau dit prêt à ouvrir le débat d'une défense européenne qui comprendrait aussi l'arme nucléaire. Une inflexion se fait jour, dans une doctrine qui jusque-là érigeait la dissuasion comme une défense strictement nationale. 

    « Dissuasion nucléaire chimiquement pure », la formule est celle du diplomate Nicolas Roche, dans Les mondes en guerre publié en 2021. Il soulève la singularité d'une dissuasion française strictement vouée à menacer de riposte un agresseur pour empêcher la guerre.

    Une arme placée exclusivement entre les mains du président faisant de la France une monarchie nucléaire, reposant sur une doctrine qui, ces trente dernières années, n'a connu que de rares évolutions, précise l'historien Yannick Pincé, chercheur au centre interdisciplinaire sur les enjeux stratégiques : « On a notamment renoncé à l'armement tactique qui représente en fait les armes nucléaires qui visaient des objectifs militaires. Jacques Chirac a renoncé au ciblage démographique pour cibler en fait ce que l'on appelle des dommages inacceptables sur les adversaires. Et on est passé de trois composantes nucléaires, donc Terre, Mer et Air à deux composantes, Terre et Air. »

    Deux composantes donc, les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins dotés de leurs missiles balistiques stratégiques M51 et la composante aérienne avec les chasseurs-bombardiers Rafale et leurs missiles ASMP-A, au service d'une doctrine invariable. Invariable jusqu'au bouleversement majeur de la guerre en Ukraine et d'un éventuel retrait du parapluie nucléaire américain comme le laisse entendre le candidat Donald Trump.

    Dissuasion nucléaire

    La dissuasion nucléaire est un outil de souveraineté impossible à partager, et ce, pour une raison simple : qui appuierait sur le bouton ? Mais depuis le discours de Toulon en 2022, Emmanuel Macron indique qu'il souhaite « européaniser » la capacité de dissuasion nucléaire. Les intérêts vitaux de la France s'étendent à l'Europe, précise le président français. Une réassurance qui, en filigrane, existe déjà pointe Yannick Pincé : « Rien que la présence de soldats français à l'Est, est une forme de réassurance nucléaire, puisqu'en cas d'offensive russe contre un pays d'Europe de l'Est, ça passerait par des combats contre des soldats français, contre des soldats d'une puissance nucléaire, ce qui ferait réfléchir à la base. Mais on peut imaginer tout un tas de dispositifs qui maintiendraient la souveraineté française sur nos armes nucléaires. Par exemple, comme on l'a fait lors de nos exercices aériens, on peut inclure des avions alliés dans nos exercices de raid nucléaire. On peut aussi stationner des rafales dans des pays alliés, sur le modèle de ce que pratiquent les Américains au niveau de l'Otan. C'est-à-dire que les armes nucléaires resteraient gardées par des soldats français et resteraient en fait dépendantes d'un ordre d'engagement du président de la République française. Donc ce n'est pas vraiment un partage, c'est plus une européanisation et une forme de réassurance vis-à-vis de nos alliés. »

    À lire aussiNucléaire français et défense européenne, Emmanuel Macron relance un épineux débat

    Reste que ces inflexions constituent un véritable tournant dans la dissuasion nucléaire, assure l'historien Yannick Pincé : « On ose désormais parler de dialogue avec nos alliés sur la défense européenne qui inclurait notre dissuasion nucléaire. On ose aussi envisager l'échec de la dissuasion. C'est le chef d'état-major de l'armée de terre Pierre Schill qui a parlé de ça il y a quelques semaines. Très exactement, il ne parlait pas d'échec de la dissuasion, il évoquait une agression sous le seuil des intérêts vitaux, c'est-à-dire sous le seuil nucléaire, donc on ne voit plus en fait notre force nucléaire comme étant uniquement quelque chose qui empêche la guerre. »

    La dissuasion nucléaire n'est plus garante d'une paix absolue, elle n'est pas un rempart contre la guerre hybride, sous le seuil du conflit ouvert et dont la Russie s'est fait une spécialité.

    Sun, 05 May 2024
  • 160 - La genèse d'une nouvelle force aérienne ukrainienne

    La Belgique, les Pays bas, le Danemark et la Norvège doivent, d'ici à quelques mois, céder à Kiev une cinquantaine d'avions F-16. Les dix premiers pilotes ukrainiens à être formés en Europe arrivent progressivement en France, où ils reçoivent de la part de l'armée de l'air française une formation complète de pilote de chasse. Pendant six mois, dans une base du Sud-ouest, ils vont apprendre les rudiments du métier pour prochainement prendre les commandes des F-16 tant espérés par Kiev.

    Les forces aériennes ukrainiennes, d'ici à quelques mois, vont passer des avions de l'ère soviétique au F-16. Soit un véritable saut dans l'aviation de combat de ce siècle qui pourra potentiellement modifier les rapports de force, souligne Jean-Christophe Noël, chercheur à l'Ifri et responsable de la revue Vortex.

    « Les nouveaux F-16 vont avoir des détecteurs de menaces,explique-t-il. Si vous êtes accroché par un radar, avant les pilotes ukrainiens ne le savaient pas, là, ils vont avoir une alerte et donc vont pouvoir agir en conséquence. Ils vont pouvoir aborder les combats aériens d'une autre façon. On arrive dans quelque chose qui est un petit peu ouvert, un petit peu inconnu : des tactiques pouvant inquiéter les Russes vont-elles se mettre en place afin de repousser les avions adverses du champ de bataille ? »

    « Tout va dépendre de ce qu'on va mettre sous les ailes du F-16. Jusqu'où vont aller les Américains, notamment dans l'adaptation des armements qu’ils peuvent amener ? Est-ce qu'ils vont d'abord juste essayer de chasser les avions russes de l'air ou vont-ils essayer de détruire les batteries anti-aériennes ? Vont-ils essayer de diminuer l'efficacité du dispositif russe en frappant dans la profondeur ? Ou tout ça en même temps, mais sur des points très précis ? Ça, c'est l'avenir qui le dira »,ajoute Jean-Christophe Noël.

    Dix pilotes formés en France

    Les 10 pilotes formés en France sont âgés de 21 à 23 ans et la majorité d'entre eux n'avait jamais pris place dans un cockpit. Une formation accélérée aux standards de l'Otan pour former l'ossature d'une aviation de combat qui sera composée d'équipages très disparates, indique Jean-Christophe Noël. « Vous avez des gens qui n'auront pas d'expérience aéronautique, qu'on va former et qui vont être jetés dans le grand bain. Vous aurez d'anciens pilotes qui ont été formés"à la soviétique", dont on va tordre un petit peu la formation pour leur apprendre justement à réfléchir plutôt comme un pilote occidental. Mais ils auront une expérience. »

    «Il y aura peut-être aussi des mercenaires. Les Ukrainiens, à un moment, ont fait passer des messages comme quoi ils étaient intéressés pour recruter d'anciens pilotes, notamment de F-16. Après, la difficulté, ça va être de mettre tout ça un petit peu en musique, c'est-à-dire apprendre à voler en formation. Donc, il ne faut pas imaginer que dès que les F-16 vont arriver, ça va être la bataille d'Angleterre. Je pense qu'on va plutôt d'abord aller se renifler un petit peu, voir comment on réagit, comment on s'adapte, etc. », précise-t-il.

    Douze techniciens pour un pilote

    Aller « se renifler un petit peu », donc, mais les forces aériennes de Kiev vont aussi devoir apprendre à entretenir ces F-16. Pour un pilote, il y a autour du F-16 douze techniciens et mécanos, avec, pointe Jean-Christophe Noël, des procédures strictes à respecter : « Si vous avez 50 avions, il n’y a pas 50 avions en l'air. Il y a des avions qui vont être au sol, en maintenance, qu’il va falloir réparer régulièrement et qui vont avoir des pannes. Quelque chose qui est sensible sur le F-16, c’est la bouche du réacteur. Sous le fuselage de l’avion, il y a une énorme entrée d’air. On appelle aussi cela un aspirateur à FOD, pour "foreign object damage". Le FOD, c'est tout ce qu'un réacteur peut avaler : si vous avez des pierres, si vous avez des tas de choses qui traînent sur un tarmac, ça peut détruire le réacteur. Donc il faut vraiment prendre des précautions sur tous les aspects de logistique autour du F-16. » 

    Les premiers vols opérationnels des F-16 aux couleurs de l'Ukraine sont espérés fin 2024, au plus tôt.

    À écouter aussiFrance-Russie: escalade verbale et signalement stratégique

    Sun, 28 Apr 2024
  • 159 - Export d'armes françaises: l'impasse africaine

    La France en 2023 s'est hissée à la deuxième place des pays exportateurs d'armes dans le monde, nous en parlions dans Lignes de défense la semaine dernière... Mais derrière ce succès il y a un trou dans la raquette, et cette faille, c'est le continent africain. Paris exporte ses armes partout, mais quasiment pas en Afrique alors que l'armée française y est présente, un paradoxe. Décryptage.

    Quelques chiffres pour illustrer ce vide. Dans les autorisations d'export délivrées en 2022,  76 % sont à destination de l'Europe, 12 % vers le Moyen-Orient, 6 % l'Amérique du Nord, 3 % l'Afrique du Nord, 2 % l'Amérique du Sud, 1 % en Asie... Dans ce camembert, l'Afrique subsaharienne n'apparait pas. Sur une décennie, de 2013 à 2022, l'Afrique subsaharienne n'a représenté qu'1,5 % de l'exportation d'équipements militaires français. C'est marginal, quelles en sont les raisons ?  

    À l'occasion d'une conférence de presse, nous avons posé la question il y a quelques jours à Sébastien Lecornu, ministre des Armées : « C'est une très bonne question qui tient beaucoup à notre logiciel, pour être complètement transparent. Déjà, la présence militaire française a plutôt acculturé ce ministère et aussi le partenaire qui pouvait nous accueillir. Une logique de 'on fait à la place de'. Quand j'ai demandé à Emmanuel Chiva, le délégué général pour l'Armement de se rendre en Afrique, nous sommes aperçus que jamais un DGA français n'avait mis les pieds officiellement en Afrique. Tout est dit. On a laissé un terrain trop important à un certain nombre de concurrents. D'ailleurs, c'est le ministre Ouattara, en Côte d'Ivoire, qui m'a fait prendre conscience de cela. Ils ont des budgets, le Sénégal pareil qui est un pays qui va en plus être un pays producteur d'hydrocarbures, qui va donc devoir se protéger de menaces terroristes particulières, singulièrement en mer. Mais on voit bien qu'on a une modification des armées africaines. Ce sont souvent des armées françaises qui participent à cette montée en puissance. Mais restait justement le bloc capacitaire. Et on le voit sur les drones par exemple, on le voit sur les petits bateaux, on le voit aussi peut-être demain sur des petits aéronefs sur lesquels on a évidemment des coups à jouer. »

    Une arme sur deux sur le continent africain est une arme russe

    Les Russes et les Chinois sont présents depuis longtemps, mais depuis quelques années de nouveaux compétiteurs se positionnent sur ce marché.

    Les Turcs par exemple sont les nouveaux entrants en Afrique, avec une vraie stratégie d'implantation... Turkish Airlines a ouvert ces trois dernières années plus de soixante escales sur le continent, une dynamique qui profite à son industrie de défense. Peer de Jong, vice-président de Themiis (société de conseil en stratégie et défense), conseille plusieurs gouvernements sur les questions de sécurité ; il a vu les Turcs proposer, via des sociétés militaires privées, des offres séduisantes all inclusive, «Par le truchement de structures, comme SADAT, qui sont des SMP turcs qui depuis une dizaine d'années ont un peu le même 'business modèle' entre guillemets que Wagner, c'est-à-dire proposant à la fois la formation des troupes, la cession et la vente de matériels. Et on voit en Afrique aujourd'hui, qu'il y a une diffusion d'un armement turc de qualité, qui concerne principalement tout ce qui est transport de troupes, armement individuel, mais aussi les drones. Donc les armées africaines arrivent à s'équiper à un coût relativement abordable sur des matériels qui théoriquement sont inaccessibles en Europe. »

    Les armées africaines se modernisent à grand pas, exemple avec le drone TB2 Bayraktar, star de la guerre en Ukraine dont une dizaine de pays africains a déjà passé commande au constructeur turc. Un marché en pleine expansion et qui pour l'heure échappe aux fabricants français.

    Sun, 21 Apr 2024
  • 158 - Exportation d'armes: la France sur le podium mondial

    Les importations d'armes en Europe ont quasiment doublé ces 5 dernières années. L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), dévoile que sur la période 2019-2023, guerre en Ukraine oblige, les importations d'armes ont bondi de 94 %. Et pour la première fois, note l'institut de Stockholm, la France se hisse sur la seconde marche des pays exportateurs, reléguant la Russie au 3e rang.

    Depuis 2019, la France a en effet vu ses ventes à l'internationale bondir de 47% quand la Russie voyait les siennes chuter de 53%. Un sérieux revers pour Moscou, revers d'autant plus marquant qu'il intervient dans une période de fortes tensions entre les deux pays.

    Bien sûr, dans cette compétition, les États-Unis restent de très loin les premiers exportateurs d'armes au monde, raflant à eux seuls 42 % du total des ventes. Néanmoins, il faut le souligner : jamais la France n'avait occupé cette deuxième place, précise Léo Péria-Peigné, spécialiste de l'armement à l'Institut français pour la recherche stratégique, voici, à ses yeux, les raisons du succès : « Je pense qu'on peut en voir deux principales, il va y avoir d'abord le recul des exportations d'armes russes, conséquence de la guerre en Ukraine, l'industrie russe produisant d'abord pour la consommation nationale plus que pour l'export et dans un second temps, il y a les très gros succès de quelques produits spécifiques de l'industrie française comme le Rafale ou quelques systèmes électroniques qui sont des systèmes à très haute valeur ajoutée. Donc ce n'est pas la peine d'en vendre beaucoup, leur prix fait que ça va peser lourd dans la balance. »

    Des armes Itar Free

    Ce succès tient aussi au fait que les armes françaises sont Itar Free, ne relevant pas de la réglementation américaine sur les ventes d'armes qui sont généralement très restrictives. Les pays qui achètent du matériel français le possèdent totalement.

    Un argument de poids au moment de signer des contrats XXL, mais pas seulement, il y a aussi une autre raison au choix de matériels tricolores assure Léo Péria-Peigné : « Quand l'Inde achète du Rafale, ce n'est pas forcément pour la qualité du Rafale en soi, mais c'est aussi parce que le Rafale peut porter des armes que les États-Unis seront plus réticents à vendre. Je pense notamment aux missiles. Pour ce qui va être de l'achat des Émirats ou du Qatar, c'est aussi une façon de renforcer une alliance. La France a des troupes postées au Qatar qui font de la formation, qui font de la réassurance. Acheter des armes à la France pour les Émirats, c'est aussi une façon de sceller une alliance et de la durcir. Pareil quand la Grèce achète des rafales, oui, c'est important, mais la Grèce aussi s'attache un peu le soutien de la France dans ses bisbilles avec la Turquie. »

    Acheter français, c'est aussi une manière de ne pas s'aliéner les États-Unis. La Turquie en a fait l'expérience : en s'équipant de batterie sol-air Russe S-400 : elle s'est ainsi retrouvée exclue de l'achat d'avions F-35. Le matériel français, c'est le choix d'une troisième voie, plus neutre, c'est aussi l'une des raisons du succès de l'industrie de défense française.

    Sun, 14 Apr 2024
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