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Chronique des matières premières

Chronique des matières premières

RFI

Céréales, minerais ou pétrole, les ressources naturelles sont au cœur de l’économie. Chaque jour, la chronique des matières premières décrypte les tendances de ces marchés souvent méconnus.

637 - La course à la noix de cajou brute ne fait que commencer
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  • 637 - La course à la noix de cajou brute ne fait que commencer

    Coup de théâtre dans la filière noix de cajou : la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial et troisième transformateur mondial, a décidé d'interdire de manière temporaire les exportations de noix de cajou brute. Une décision de nature à faire trembler le premier importateur, le Vietnam, et qui devrait alimenter la hausse des prix à l'international.

    L'objectif des autorités est clairement annoncé, dans une note d'information datée du 7 mai 2024 : garantir l'approvisionnement des usines locales de transformation. Des usines qui ont pris du retard pour s'approvisionner cette année : elles auraient acheté entre « 50 et 60% de leurs objectifs », selon Pierre Ricau analyste du Service agricole N'Kalo, et ne pourront probablement pas continuer leurs achats aussi tard que d'habitude, car en raison d'une baisse de production, « il risque de ne plus y avoir de noix à vendre dès le mois de juin».

    D'où ce coup de pouce des autorités pour alimenter en matières premières les usines ivoiriennes, avec une ambition explicitée par le porte-parole du gouvernement ivoirien à l'issue du conseil des ministres du 8 mai : « Si on arrive à transformer les 100 % de notre production, il y a des chances qu'on devienne le premier transformateur mondial ».

    Déficit de 600 000 tonnes en Afrique de l'Ouest ?

    Cette baisse de production inhabituelle est due à une saison pluvieuse plus tardive que d'habitude, suivie d'une saison sèche beaucoup plus sèche et chaude que d'ordinaire. Résultat, les volumes n'ont pas suivi et la baisse est générale du Nigéria à la Guinée.

    Au total, le déficit ouest-africain pourrait être de 600 000 tonnes, soit l'équivalent de 12% de l'offre mondiale, selon Pierre Ricau. Ces chiffres expliquent l'augmentation des prix ces dernières semaines, la nouvelle décision ivoirienne devrait logiquement tendre un peu plus le marché. « La hausse des prix ne fait que commencer » résume un acteur de la filière.

    Mauvaise nouvelle pour le Vietnam et pour l'Inde

    Les pays qui ont encore de la noix à vendre et à exporter devraient tirer profit de la situation : c'est déjà le cas en Guinée-Bissau où le kilo de noix de cajou brute est passé de 300 à 500 FCFA en deux semaines. 

    Les premiers qui risquent de pâtir du retrait de la Côte d'Ivoire du marché sont les exportateurs ivoiriens, qui ne peuvent plus acheter ni commercialiser de noix brutes, à l'exception des volumes dont l'expédition a déjà été validée.

    À l'international, la décision va évidemment porter un coup aux pays importateurs, à commencer par le Vietnam, premier acheteur mondial de noix brutes : selon les dernières statistiques, le pays est loin d'avoir couvert tous ses besoins. L'Inde pourrait aussi se retrouver en difficulté si la baisse de sa récolte se confirme.

    Fri, 17 May 2024
  • 636 - L'aluminium russe en perte de vitesse en Chine après les sanctions occidentales

    Le dirigeant russe Vladimir Poutine se rend ce jeudi 16 mai en Chine à l'invitation du président Xi Jinping, alors que les deux pays cherchent à renforcer leur partenariat commercial. Un partenariat qui n'est cependant pas sans aléas, pour preuve : l'aluminium russe est en perte de vitesse en Chine et cela depuis les sanctions imposées le mois dernier aux métaux de base russes par les principales bourses britanniques et américaines.

    Depuis que ces sanctions sont en place, les prix de l'aluminium flambent et les Chinois rechignent à poursuivre les importations en provenance de Russie, la Chine est pourtant le premier consommateur d'aluminium au monde.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine et des sanctions occidentales, la Russie avait trouvé, grâce à son allié chinois, la solution de repli pour ses produits de base mais le vent commence donc à tourner. Jusqu'à présent, les importateurs chinois y trouvaient aussi leur compte : ils ont pu bénéficier de réductions intéressantes sur les principales matières premières russes, en payant dans leur monnaie, le yuan, pour contourner le dollar.

    Cela a permis au commerce de l'aluminium d'exploser : le principal producteur russe d'aluminium Rusal a généré 23% de ses revenus en Chine l'année dernière contre seulement 8% en 2022, note Bloomberg. Rusal a également pris une participation de 30% dans une usine d'alumine chinoise pour combler un déficit d'approvisionnement.

    Les chinois réticents à payer le prix fort

    Mais la fenêtre semble se refermer pour le commerce de métaux entre les deux pays, Rusal craint un impact négatif sur 36% de ses ventes d'aluminium, toujours selon l'agence de presse britannique. Les prix mondiaux sont devenus trop chers et les acheteurs chinois sont réticents à payer le prix fort alors que leur marché local de l'aluminium reste abordable. À cela s'ajoute le ralentissement de l'économie chinoise qui a pesé sur la demande de métaux au niveau mondial. 

    Pour Moscou, les sanctions américaines et britanniques sur le commerce de l'aluminium, du cuivre et du nickel russe pourraient donc avoir un réel impact. Jusqu'à présent, le pays avait trouvé un moyen d'échapper à l'effondrement de son économie grâce à l'aide de son allié stratégique chinois. Si Pékin manque à l'appel, la Russie pourrait bien cette fois-ci souffrir d'un véritable manque à gagner pour financer sa guerre en Ukraine.

    Car son château de cartes financier repose en très grande partie sur les prix des matières premières dont regorge le pays et dont la Russie tire le principal de ses revenus. Il s'agit bien entendu de ses hydrocarbures, de son gaz et de son pétrole, mais aussi de ses métaux.

    Thu, 16 May 2024
  • 635 - Anglo American veut recentrer son activité sur le cuivre et le minerai de fer

    Anglo American a refusé la deuxième offre de rachat de l'australien BHP qui mettait 43 milliards de dollars sur la table. Le groupe britannique fondé en Afrique du Sud décide d'entamer seul sa restructuration interne, en se séparant de ses filières diamants et platine d'Afrique du Sud.

    Anglo American est plus que jamais à un tournant de son histoire. C'est son directeur général lui même qui l'écrit dans un communiqué. Le groupe britannique vient d'annoncer un recentrage sur son activité cuivre, le métal de la transition bas carbone, dont les cours s'envolent et dépassent les 10 000 dollars la tonne. Une manière de reprendre pour son compte, les ambitions de son concurrent BHP, qui espérait, avec sa deuxième offre de rachat, refusée, devenir un mastodonte de l'or rouge, devant le Chilien Codelco.

    « La problématique du marché n'est pas du coté de la métallurgie mais du minerai, ce sont les miniers qui ont aujourd'hui le pouvoir », explique Yves Jegourel co-directeur de l'édition 2024 du rapport Cyclope sur les marchés mondiaux et professeur titulaire de la chaire « Économie des matières premières et transitions durables » au Conservatoire national des Arts et Métiers, pour illustrer l'intérêt grandissant pour le contrôle du minerai de cuivre. 

    Recentrage sur le cuivre et le minerai de fer

    En plus du cuivre, Anglo American garderait ses actifs dans le minerai de fer haut de gamme et sa place aussi sur le marché des nutriments pour les cultures. En revanche, il cèderait ses activités platine et diamants en Afrique du Sud, et se désengagerait de la production de charbon pour la métallurgie. 

    BHP avait conditionné son OPA à un désengagement préalable d'Anglo American d'une partie de ses activités sud-africaines, mais finalement le groupe britannique a décidé d'agir lui-même et de se restructurer, avant que d'autres ne le lui demandent. Ce qui pose désormais un certain nombre de questions, qu'elles soient relatives à l'avenir du groupe, une fois dégraissé, mais aussi à l'avenir des branches dont il veut se séparer.

    De Beers sur la sellette

    Outre les milliers d'emplois qui sont concernés en Afrique du Sud, l'incertitude touche aussi la filiale De Beers qui pourrait être « scindée ou vendue » selon le communiqué du groupe : Anglo American a déjà diminué en février d'1,6 milliard de dollars la valeur du géant du diamant en raison de mauvais résultats. Quel que soit le scénario choisi, il ne laissera pas indifférent le Botswana qui possède 15% du numéro un mondial du diamant, le reste étant détenu par Anglo American.

    Sans présager de l'avenir qui serait réservé à l'entreprise, le président Masisiavait récemment confié suivre de près les offres de BHP en assurant que son gouvernement agirait de manière à protéger les intérêts.

    Wed, 15 May 2024
  • 634 - Le Bénin interdit l'exportation de maïs jusqu'à nouvel ordre

    Face à l'augmentation du prix du maïs, le gouvernement béninois a décidé d'en interdire l'exportation. Une mesure qui devrait stabiliser les prix, et satisfaire aussi bien les consommateurs que les fabricants d'aliments pour le bétail.

    Comme le riz, le mil et le niébé, le maïs béninois ne peut plus être exporté jusqu'à nouvel ordre. Officiellement, il s'agit de faire baisser les prix, qui ont augmenté de plus de 50% depuis janvier pour atteindre 400 francs CFA au plus haut, alors même que la production de grains jaunes localement est largement suffisante pour la consommation intérieure : selon le gouvernement, le pays a produit plus de 2 millions de tonnes lors de la dernière campagne, pour des besoins évalués à 1 million de tonnes.

    Ce coût n'était plus supportable pour les consommateurs, qui mangent aujourd'hui plus de maïs qu'avant, à cause de la hausse des prix du riz. Il était aussi difficile à intégrer pour l'industrie avicole, d'autant que ses besoins en maïs sont appelés à augmenter dans les prochains mois. Les autorités ont en effet décidé d'interdire l'importation de poulet congelé d'ici à la fin de l'année.

    Satisfaction de la filière avicole

    La décision de Cotonou est d'ailleurs saluée par l'interprofession, qui espère qu'elle restera en vigueur jusqu'à la fin de l'année. Son président, Constant Kenoukon, y voit là une opportunité donnée aux acteurs de pouvoir développer une filière plus compétitive et de constituer les stocks nécessaires à la nouvelle donne qui se profile en 2025, le maïs entrant à hauteur d'au moins 50% dans la composition des aliments donnés aux volailles béninoises.

    L'interdiction d'exporter du maïs, et plus largement des céréales, intervient dans un contexte de crispation entre le Bénin et le Niger. Selon le président Patrice Talon, « l'unique cause » de la flambée des prix est précisément l'exportation massive de céréales béninoises vers les pays voisins, et notamment le Niger, en raison de « trafics incontrôlés » qui se sont développés.

    Si l'arrêt des exportations décidé par les autorités béninoises la semaine dernière permet d'envoyer un signal à Niamey, qui refuse de rouvrir sa frontière, ce n'est pas l'objectif initial, selon nos interlocuteurs, puisque la décision pénalise de fait aussi les autres importateurs de céréales du Bénin, à commencer par le Nigeria, le plus gros acheteur de la sous-région.

    Tue, 14 May 2024
  • 633 - L'Inde lève les restrictions à l'exportation pour l'oignon

    C'est l'un des aliments les plus consommés au monde : l'oignon. Depuis plusieurs mois, l'Inde, l'un des plus gros producteurs et exportateurs mondiaux, avait mis en place de sévères restrictions à l'exportation. Objectif : contrôler la flambée des prix sur le marché intérieur. Des mesures qui viennent d'être levées.

    En Inde, les médias parlaient de « guerre de l'oignon ». New Delhi avait pris tout le monde de cours en décembre dernier en interdisant tout export du bulbe, et ce jusqu'au mois d'avril au moins. Cela intervenait après l'imposition d'un droit de douane puis d'un prix plancher de 800 dollars la tonne. Des mesures qui avaient un objectif : faire baisser le prix de l'oignon sur les marchés indiens. Plébiscité par la population, le bulbe avait vu son cours s'envoler : 60 roupies le kilo en décembre dernier, soit le double de l'année précédente.

    Intenable en pleine période pré-électorale pour le gouvernement Modi, qui tente à tout prix de contenir l'inflation. Des mesures similaires ont d'ailleurs été mises en place pour le riz, le sucre ou encore les céréales. Interdit à l'exportation, l'oignon, comme le riz, est devenu un outil diplomatique pour l'Inde. Ces derniers mois, certains pays ont négocié des autorisations exceptionnelles. Ce fut le cas des Émirats arabes unis, du Sri Lanka ou du Bangladesh par exemple.

    Une décision politique ? 

    Mais après cinq mois, la mesure a été levée ce samedi. Le gouvernement impose toutefois un prix minimum de 550 dollars la tonne métrique à l'exportation. Une décision qui semble politique. L'État de Maharashtra, dans l'ouest du pays, est un très gros producteur du bulbe. Et le vote pour les élections générales n'y a pas encore commencé. Or, depuis plusieurs mois maintenant, agriculteurs et exportateurs y réclament une levée de l'interdiction pour obtenir de meilleurs prix.

    D'autant que les producteurs d'oignon devraient obtenir de bons rendements cette année. Un officiel indien, cité par Reuters, dit attendre une bonne production en 2024, après une « mousson plus importante que d'habitude ».

    Fri, 10 May 2024
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