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Revue de presse Afrique

Revue de presse Afrique

RFI

Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.

719 - À la Une: la liberté d’expression menacée en Guinée
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  • 719 - À la Une: la liberté d’expression menacée en Guinée

    « Tous unis contre la censure en Guinée : un média de moins, c’est une liberté de moins » : ce bandeau barre la Une de plusieurs sites d’information guinéens depuis ces dernières semaines, Ledjely ou encore Guinée 7. En effet, depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, la presse guinéenne est muselée…

    « La presse guinéenne agonise », s’exclamait il y a quelques semaines le site Guinée 114. « La presse guinéenne depuis quelques mois se retrouve dans la ligne de mire des autorités. (…) Depuis la fin du règne du Général Lansana Conté, aucun pouvoir n’avait infligé aux médias guinéens une telle hostilité. Le régime du Général Mamadi Doumbouya exerce un pouvoir coercitif pour faire taire toutes les voix dissonantes. Procédant ainsi au brouillage des ondes des stations radios en bande FM, le retrait des chaînes de télévisions privées du bouquet Canal plus et le blocage du réseau internet sur l’ensemble du territoire national. »

    Faire taire les voix discordantes ?

    Un constat partagé et complété par le quotidien Le Pays au Burkina voisin dans sa dernière édition : « la junte guinéenne semble être dans une logique de faire taire toutes les voix discordantes dans le pays. Et les hommes de médias sont l’une de ses premières et principales victimes. A preuve, pendant que des télés et radios ont vu leurs ondes brouillées, d’autres médias ont tout simplement été suspendus. Et ce n’est pas tout. Car, l’accès à internet connaît aussi des restrictions. »

    Résultat, pointe encore Le Pays : « cette situation a poussé des organes de presse à mettre la clé sous le paillasson, en mettant ainsi leur personnel au chômage technique. Ils sont aujourd’hui estimés à près de 500 journalistes guinéens au chômage, selon le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée. Désemparés et inquiets face à un pouvoir qui n’a cure de la liberté de la presse, les médias ont décidé de solliciter une audience auprès du président Mamady Doumbouya. Le chef de la junte prêtera-t-il une oreille attentive à la presse ? Pas si sûr », répond le quotidien burkinabé. « Tout porte à croire que Doumbouya a choisi de clochardiser ou d’affamer les journalistes de sorte à ce que ces derniers se retrouvent dans une situation de misère où ils seront plus préoccupés à rechercher leur pitance quotidienne qu’à fouiner dans les affaires de la République. »

    L’affaire du site Inquisiteur

    Dernière affaire en date : celle du site Inquisiteur, suspendu pour six mois ainsi que son patron, Babila Keita. C’était il y a moins d’une semaine. Les faits sont rapportés par Guinée Matin : « la Haute Autorité de la Communication s’illustre encore dans ce qu’elle sait faire le mieux. L’instance régulatrice des médias en Guinée a sanctionné le site d’informations Inquisiteur et son administrateur général. La Haute Autorité estime qu’il n’a pas recoupé les informations contenues dans un article dénonçant des faits de corruption imputés à l’ancien ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright, et qu’il n’a pas apporté les preuves de ses accusations. »

    Au cœur de cette affaire, pointe le site Mosaïque Guinée, « Babila Keïta a levé un coin de voile sur ce qu’il a nommé un “parfum de corruption autour de la rénovation de la maison centrale de Conakry“. » Dans son article, le directeur du site Inquisiteur s’interrogeait sur la légalité des nombreux contrats et appels d’offres pour un montant de plus de 50 milliards de francs guinéens et avait annoncé que son enquête allait « s’étendre à l’ensemble des départements ministériels, sur les différents marchés publics passés en violation des règles de procédure et dont la nature dégage une forte sensation de corruption et de détournement de deniers publics. »

    Résultat, donc, six mois de suspension pour le site et son directeur… L’organisation internationale Reporters sans frontières, RSF, a dénoncé « cette décision » de l’institution de régulation des médias. Elle estime que la Haute autorité de la communication « est censée garantir le libre exercice du journalisme et non le bâillonner. »

    Tue, 23 Apr 2024
  • 718 - À la Une: les soldats américains indésirables au Niger…

    « Ici c’est Agadez, pas Washington : l’armée américaine, dehors ! » : cette photo d’une banderole écrite en anglais est à la Une du site d’information Actu Niger. Une banderole brandie en tête de la manifestation qui rassemblé plusieurs centaines de personnes hier à Agadez pour réclamer le départ des GI’s. 

    Actu Niger précise : « la population de la région d’Agadez, avec à sa tête le gouverneur, le général de brigade, Ibra Boulama Issa, le Sultan de l’Aïr, Oumarou Ibrahim et tous les responsables des Forces de défense et de sécurité, ainsi que les responsables des organisations populaires au sein des structures de soutien au CNSP et les organisations des femmes et des jeunes, sont sortis ce dimanche pour soutenir la décision des autorités de transition de dénoncer les accords militaires avec les USA et demander le départ pur et simple et sans délais des militaires américains du Niger. »

    Un repli en Mauritanie ?

    Dès vendredi, les Américains ont annoncé leur départ alors que les Russes venaient d’arriver… C’est ce que pointe le site Mourya Niger. « Le Général Tiani et ses camarades ont déjà trouvé l’antidote de la présence américaine (…). C’est curieusement une semaine seulement après l’arrivée d’instructeurs militaires russes en terre nigérienne, avec du matériel de défense aérienne et stratégique, que les États-Unis annoncent le retrait de leurs troupes militaires installées dans le pays depuis 2012. »

    Où vont aller les soldats américains ? D’après Mourya, « le Pentagone serait déjà prêt à envoyer en Mauritanie un bon contingent de son armée indésirable au Niger et les autres rentreront au pays. En effet,croit encore savoir le site nigérien,Washington serait en discussion avancée avec Nouakchott sur un accord militaire et de défense (…). »

    « Où iront les 1.100 soldats américains ? », s’interroge en écho le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Au Tchad, qui a semblé aussi ne plus accepter les Américains, à moins que ce ne soit de la surenchère, ou bien rentreront-ils aux Etats-Unis ? » En tout cas, pointe encore le journal, « pour le moment, ce sont les Russes qui semblent tenir la corde au Sahel. »

    Niamey doit maintenant assumer…

    « Maintenant que les troupes américaines s’apprêtent à faire leur paquetage, quelles peuvent en être les conséquences pour le Niger ? », s’interroge de son côté Le Pays, toujours au Burkina Faso. « La nature ayant horreur du vide, les forces armées nigériennes et leurs supplétifs se doivent de s’assumer pleinement en faisant en sorte que les Nigériens ne finissent pas par regretter le départ de la force américaine qui, il faut le reconnaître, jouait un rôle important en matière de renseignement. (…) Les autorités de transition doivent(maintenant)aller au charbon,affirmeLe Pays. Surtout quand on sait que, les rivalités étant fortes, la France et les États-Unis ne manqueront pas, s’ils en ont l’occasion, de tailler des croupières aux Russes pour les pousser à la faute, pour ne pas dire à l’échec. »

    Pour Le Monde Afrique, « le scénario d’éviction des États-Unis du Niger ressemble à s’y méprendre à celui écrit pour chasser les militaires français du pays, fin 2023. Dénonciation des accords de défense signés avec Paris, manifestations contre la présence française, puis retrait inévitable et contraint de ce pays qui lui avait servi de refuge après son expulsion du Mali et du Burkina Faso. »

    Le Tchad tenté aussi par la Russie ?

    Le Monde Afrique qui souligne aussi la possibilité d’un basculement du Tchad vers Moscou… « Fin janvier, le président de transition Mahamat Déby s’était rendu en Russie rencontrer Vladimir Poutine,rappelle le journal. Il y avait annoncé sa volonté de renforcer la coopération entre les deux pays. Mais pour l’heure, la plupart des observateurs interrogés estiment que le régime tchadien cherche en premier lieu à faire monter les enchères avec ses partenaires traditionnels en vue de tirer un meilleur bénéfice de sa position géostratégique. »

    On devrait y voir plus clair dans les prochaines semaines : « N’Djamena n’a pas demandé aux forces américaines de partir,croit savoirLe Monde Afrique. Les États-Unis et le Tchad se seraient mis d’accord pour faire le point sur leur coopération militaire une fois passée l’élection présidentielle du 6 mai prochain. »

    Mon, 22 Apr 2024
  • 717 - À la Une: l'expulsion de trois diplomates français du Burkina Faso

    Les trois diplomates sont accusés « d'activités subversives », ce que la France a aussitôt démenti. Leur expulsion est commentée par Le Pays : « On le sait, en Afrique, il n’est pas de coutume de mettre un étranger à la porte, à moins que ce dernier ne devienne trop encombrant pour son hôte. Et visiblement, l’invité gaulois semble devenu, depuis un certain temps, trop encombrant pour ses hôtes burkinabè ». Il faut dire, poursuit le quotidien du Burkina, que les relations sont « assez glaciales », « entre le Burkina Faso et la France, depuis la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré ».

    Le Pays énumère les précédents incidents entre Paris et Ouagadougou, comme l'expulsion, en 2023, de l'attaché militaire de l'ambassade de France, « lui aussi accusé d'activités subversives ». « Ce sont autant d’éléments qui montrent que le Coq gaulois a laissé assez de plumes dans ce qui était sa basse-cour, à une époque encore récente », estime le Pays qui ajoute : « En fait, la France est en train de perdre considérablement pied dans son pré-carré sahélien. Parce que les misères qu’elle vit au Burkina, sont les mêmes qu’elle vit au Mali, tout comme au Niger ».

    Bassirou Diomaye Faye en Mauritanie

    C'est le premier voyage à l'étranger du nouveau président sénégalais. Il a été accueilli par son homologue mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, qui « avait déjà assisté à son investiture le 2 avril dernier », rappelle Tahalil. Il n'en faut pas plus au site d'information mauritanien pour affirmer que « les deux hommes filent le parfait amour ». Le Sénégal et la Mauritanie partagent qui plus est des intérêts communs, et notamment « le projet d’exploitation du gisement Grand Tortue Ahmeyim »,« vaste champ gazier qui est à cheval sur la frontière maritime sénégalo-mauritanienne, et qui est considéré comme l’un des plus importants gisements en Afrique de l’Ouest ».

    Enfin, conclut Tahalil : « au-delà des préoccupations économiques et sécuritaires, la visite du nouveau président sénégalais en Mauritanie, peut être aussi perçue comme une rupture d’avec la manière de faire de certains chefs d’État notamment francophones qui, dès leur prise de fonction, s’empressent de se rendre à Paris pour se faire adouber par le grand "maître" ».

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    Mise en place des nouvelles autorités

    « Pourquoi Diomaye retarde-t-il les nominations des Directeurs généraux ? », s'interroge Sénégo. Il s'agit des « directeurs généraux des grandes entreprises stratégiques au Sénégal », précise le site d'information, qui rappelle que « dans son programme électoral, le président avait clairement indiqué une rupture avec les pratiques du régime précédent. Il avait promis de démocratiser l’accès aux postes de la haute fonction publique et du secteur parapublic en introduisant des appels à candidatures et des concours ouverts ». 

    Une initiative qui n'est toutefois pas du goût de tout le monde, certains redoutant, que « cette méthode de recrutement sur le CV, favorise les enfants des élites ». Sénégo cite ainsi « le journaliste Adama Gaye », selon lequel « le recrutement par appels d’offres aux postes clés pourrait être la mère des injustices. Les enfants des voleurs, riches, vont rafler la mise. Leurs CV sont meilleurs ».

    Campagne électorale au Tchad

    L'élection présidentielle aura lieu le 6 mai. Le Journal du Tchad se fait l'écho de la campagne électorale, rappelant que le président de transition, le général Mahamat Idriss Deby Itno, « a fait plusieurs promesses », assurant qu'il « respectera ses engagements ». «Si vous m’avez choisi le 06 mai prochain, je réaliserai mes projets de société. J’ai pris un engagement devant vous et devant Dieu », propos rapportés par le Journal du Tchad, qui cite également l'actuel premier ministre et candidat Succès Masra, lequel prévoit de« placer l'humain au cœur de son projet ».

    « Notre logo comporte un homme, une femme et un enfant parce que nous plaçons l’humain au-dessus de tout. C’est pour cela que nous allons gagner avec le Peuple », dit-il. Rendez-vous le 6 mai.

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    Fri, 19 Apr 2024
  • 716 - À la Une: le Togo en campagne électorale

    Avec en ligne de mire les élections législatives du 29 avril. Une campagne qui débute dans un climat pesant, après le vote en première lecture d’une nouvelle Constitution qui devrait faire passer le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire.

    Cependant, pour WakatSéra, au Burkina Faso, tout va bien… « Une campagne électorale inédite, avec passion, mais sans tension, se déroule actuellement au Togo,affirme le site burkinabé. C’est l’heureux constat que fait l’opinion, tant nationale qu’internationale ! Des caravanes de différents partis politiques se croisent, s’invectivent, se jaugent verbalement au flux des slogans débités et au bruit infernal des klaxons et vuvuzelas. Et, finalement, ils se jettent, souvent, les uns dans les bras des autres, s’offrant des gadgets de campagne aux couleurs de leurs partis et aux effigies de leurs candidats. […] Dans les prochains jours,poursuit WakatSéra, la [nouvelle] Constitution, à la suite de sa deuxième lecture, devrait être promulguée. Ce qui devrait donner un coup de boost supplémentaire à la campagne électorale, car tous les partis veulent avoir la majorité à l’Assemblée, afin de voir sortir de ses rangs un président du Conseil des ministres qui détiendra tous les pouvoirs, anciennement aux mains du chef de l’État dans le régime présidentiel. »

    Les jeux seraient-ils déjà faits ?

    Autre point de vue, bien différent, celui exprimé par l’historien Michel Adovi Goeh-Akue dans Le Point Afrique. Pour lui, les jeux sont déjà faits. « Si les prochaines élections se tiennent dans les mêmes conditions qu’auparavant, la majorité ne risque pas de changer de camp,affirme-t-il. L’ancien parti d’État, le RPT, devenu Union pour la République, ne cédera pas d’un pouce. Les résultats des élections seront toujours douteux étant donné la non-fiabilité des organes qui les organisent et qui les supervisent. Dans le cas du Togo,poursuit Michel Adovi Goeh-Akue,l’instabilité politique n’est pas liée aux échéances électorales. Le véritable problème est celui de l’absence d’alternance au pouvoir. Le passage d’un régime présidentiel ou semi-présidentiel à un régime parlementaire ne changera rien à la situation politique du pays. »

    Un journaliste français expulsé

    À signaler qu’un journaliste français a été expulsé hier du Togo. L’information est reprise notamment par le site Ici Lomé. En reportage pour le magazine Afrique XXI, Thomas Dietrich a été arrêté en début de semaine et brutalisé par des policiers avant d’être condamné, mardi 16 avril, à six mois de prison avec sursis et expulsé du territoire.

    Les autorités togolaises l’accusent d’être entré au Togo en masquant sa qualité de journaliste. Reporters sans frontières « condamne fermement le traitement brutal et arbitraire infligé au reporter, ainsi que la décision de suspendre toutes les accréditations pour la presse étrangère, qui constituent des entraves inacceptables au droit à l’information. »

    Déluge dans l’est et le centre de l’Afrique

    À la Une également, l’Afrique qui subit les conséquences du phénomène climatique El Niño. « L’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale connaissent ces dernières semaines des pluies torrentielles,pointe Le Monde Afrique, qui ont causé la mort d’au moins 58 personnes en Tanzanie durant la première quinzaine d’avril et de 13 autres au Kenya. Au Burundi, l’un des 20 pays les plus vulnérables au changement climatique selon l’Organisation internationale pour les migrations, les pluies ont été quasiment ininterrompues depuis septembre. (…) On compte pas moins de 100 000 déplacés. »

    Et puis au Congo démocratique voisin, « la montée des eaux du lac Tanganyika depuis février continue de causer beaucoup dégâts matériels », relève le site congolais 7 sur 7. « Certains quartiers de la ville d’Uvira sont totalement inondés. »

    Dans le centre du pays, il y a aussi d’importants glissements de terrain dus aux pluies diluviennes, notamment à Lusambo, chef-lieu de la province du Sankuru. « Chaque goutte de pluie qui tombe semble sonner le glas d’une communauté déjà fragilisée. Si rien n’est fait rapidement,soupire 7 sur 7,la ville risque de devenir un symbole tragique de l’abandon et de la négligence. »

    Enfin, « si certains pays connaissent des inondations, d’autres font face à des sécheresses,relève Aujourd’huià Ouaga. En Afrique australe, par exemple, une sécheresse grave liée à El Niño a plongé plus de 20 millions de personnes dans une famine aiguë. Le Zimbabwe a déclaré l’état de catastrophe nationale. »

    Thu, 18 Apr 2024
  • 715 - À la Une: virage autoritaire au Mali

    Suspension des activités politiques des partis et des associations, dissolution de plusieurs associations dont l’influente l’Association des élèves et étudiants, ex-rebelles bâillonnés, presse mise au pas… La junte au pouvoir à Bamako aurait l’intention d’étouffer toute voix contestataire qu’elle ne s’y prendrait pas autrement, et ce, au moment où s’ouvre un énième dialogue inter-malien pour refonder le pays.

    Sur le site Maliweb, le politologue Sekouba Fofana s’interroge : « comment le gouvernement peut-il souhaiter régulièrement discuter avec la classe politique à travers par exemple la réactivation du cadre de concertation entre le ministère de l’Administration territoriale et les partis politiques et décider brusquement de suspendre les activités de ces interlocuteurs privilégiés de la gestion du pays ? On se perd en conjectures et l’on finit par conclure que les autorités veulent simplement remettre en cause les acquis de la démocratie. Ce qui ne semble pas acceptable pour une bonne partie des forces vives du pays […]. Les réactions sont plus que vives,s’indigne encore Sekouba Fofana, pour dénoncer ce que certains appellent une"confiscation du pouvoir"et ce refus d’envisager la fin de la Transition, qui passe par la tenue d’élections crédibles et transparentes dans un délai assez court. Ce qui conduit et le pouvoir et la classe politique vers une tension dont le pays n’a point besoin. »

    Vers un monologue du pouvoir ?

    Le journal L’Alternance est tout aussi dubitatif : « comment pourrait-on espérer la réussite d’un dialogue sans la participation des ex-rebelles et sans celle des partis politiques les plus significatifs du pays ? À coup sûr, nous allons assister à un monologue entre partisans du régime pour adopter à la fin du forum des résolutions et des recommandations, parmi lesquelles la prolongation de la transition et certainement la dissolution des partis politiques, après la suspension de toutes leurs activités […]. La transition qui avait au départ suscité un grand espoir semble devenir le problème,pointe encoreL’Alternance, car au lieu de rassembler les maliens autour des objectifs communs, elle divise et opte désormais pour la méthode forte comme du temps des régimes dictatoriaux. »

    Le site Malijetfait entendre une autre voix, celle d’un spécialiste russe des relations internationales. Il s’agit d’Ivan Lochkarev, chercheur à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou. D’après lui, « la suspension des activités des partis politiques au Mali va réduire la tension artificielle autour de la transition. Cette interdiction,poursuit-il,reflète la nécessité pour le gouvernement de transition de démanteler les partis et organisations politiques anciens liés à l’extérieur. »

    En effet, précise le chercheur russe,« un grand nombre d’hommes politiques et de fonctionnaires maliens ont étudié en France, ont reçu des bourses et des stages d’organisations françaises et ont œuvré au renforcement des relations avec Paris. Et la chose la plus importante pour le Mali aujourd’hui n’est pas la politicaillerie ni les appels formels à la démocratie, mais la lutte contre le terrorisme international. »

    Les étudiants muselés

    Enfin, Jeune Afrique revient longuement sur la dissolution de l’Association des élèves et étudiants maliens, l’AEEM, survenue en mars dernier. « Une décision qui, sous couvert de lutte contre la violence en milieu universitaire, révèle la volonté de démanteler un"État dans l’État"menaçant le pouvoir », estime le site panafricain. « "Les autorités veulent nous faire taire, car elles connaissent notre passé politique et notre capacité à mobiliser", affirme un membre du comité de crise de l’AEEM, qui préfère garder l’anonymat."Ces héritiers de Moussa Traoré nous craignent,poursuit-il,comme toutes les voix contestataires. Notre dissolution et celle des autres organisations est une abolition de la démocratie". »

    En effet, relève Jeune Afrique, « en quatre mois, l’AEEM est la quatrième organisation à avoir été dissoute par le pouvoir, après la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko, Kaoural Renouveau et l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance. Cette"série d’actions gouvernementales visant à réprimer la liberté d’association"et"réduire l’espace civique", selon l’ONG Human Rights Watch, a (donc) culminé mercredi [10 mars], avec la publication d’un décret suspendant toutes les activités politiques des partis et des associations. Un virage autoritaire,conclutJeune Afrique, dont l’abolition de l’AEEM est l’exemple le plus symptomatique, par la place que cette organisation a occupée dans la lutte démocratique au Mali, depuis sa création, il y a 33 ans. »

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    Wed, 17 Apr 2024
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