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Revue de presse Afrique

Revue de presse Afrique

RFI

Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.

727 - À la Une: la Journée Internationale de la presse sur le continent africain
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  • 727 - À la Une: la Journée Internationale de la presse sur le continent africain

    La Journée Internationale de la liberté de la presse est l'occasion, pour un certain nombre de médias africains, d'alerter sur la situation des journalistes dans plusieurs pays du continent. C'est le cas notamment en RDC, où 7 sur 7 a interrogé Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique de Reporters sans Frontière, selon lequel  « la timide progression de la RDC au classement de cette année, ne doit pas faire oublier les nombreuses agressions et menaces dont ont été victimes les journalistes en 2023, particulièrement en amont des élections présidentielles de décembre 2023, ni l’enlèvement d’un journaliste et la pression subie par les médias de la part des rebelles du M23 dans le Nord-Kivu... ». Pour Journaliste en Danger, partenaire congolais de Reporters sans Frontière,  « la multiplication des actes et déclarations de criminalisation des journalistes et de remise en cause de la liberté d'expression enregistrés depuis le début du nouveau mandat de Tshisekedi, traduisent une volonté politique de rétrécissement des espaces de liberté d’expression pour les médias libres et indépendants ».

    Sahel sous pression

    Maliweb donne la parole à plusieurs personnalités qui commentent la situation actuelle. Ainsi, Tidiani Togola, directeur exécutif de la Fondation Tiwindi, estime « qu'au Mali, les préoccupations sécuritaires semblent l’emporter sur les libertés individuelles, y compris celles de base comme la liberté d’expression et la liberté de la presse. Ce n’est pas sans conséquences », ajoute Tidiana Togola, « les professionnels du métier sont empêchés de travailler selon les règles de l’art, ce qui rend très difficile l’équilibre dans le traitement de l’information et, donc, l’accès du public à une information fiable ». 

    De son côté, Modibo Fofana, président de l'Association des Professionnels de la Presse en Ligne, souligne que « depuis la promulgation de la loi portant répression de la cybercriminalité le 5 décembre 2019, l’exercice de la profession est devenu risqué. « En effet, dit-il, les contenus des journaux papier ou des émissions radio ou télévisées diffusés sur Internet ou sur les réseaux sociaux sont considérés, en cas de dérapage, comme des crimes dans le domaine de la cybercriminalité. Certains de nos confrères en ont déjà fait les frais ».

    « Chape de plomb »

    « Quand la liberté de la presse se meurt à petit feu », titre Le Pays, au Burkina Faso, le Pays qui précise :  « Pendant que l’accès aux sources d’information devient plus difficile et la situation économique des médias de plus en plus catastrophique, les journalistes, eux, vivent une véritable misère sur le terrain. Ils sont le plus souvent présentés comme des ennemis plutôt que de simples médiateurs dont le rôle consiste à donner l’information juste au public ». Et ce n'est pas tout :« Aujourd’hui, le journaliste, au Burkina Faso, écrit, la peur au ventre », ajoute Le Pays. « À l’occasion de ce 3-Mai, nous appelons les autorités du pays à desserrer l’étau autour de la presse afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle dans la construction de l’État de droit ».

    Toujours au Burkina, Aujourd'hui estime « qu'entre censure, précarité et crise de trésorerie, les médias au Sud du Sahara et plus précisément au Sahel (région en proie au terrorisme) ne savent plus à quelle plume se vouer. Entre le caractère sacré des faits, cher aux journalistes et le risque de tomber sous le coup de la loi contre l’apologie du terrorisme, les médias vivent sous une chape de plomb et fonctionnent comme s’ils avaient un couteau sur la gorge ». conclut Aujourd'hui, non sans rappeler que « le Sahel est devenu par la force des choses, une zone difficile pour les médias, dont plusieurs titres, majoritairement occidentaux, ont été frappés de suspension et d’interdiction par les organes régulateurs ou gendarmes des médias ».

    Bref, un tableau général plutôt sombre, que certains médias ont le mérite de mettre sous la lumière, malgré toutes les difficultés dont ils nous font part. 

    Fri, 03 May 2024
  • 726 - À la Une: l’impasse politique et économique au Mali et au Burkina Faso

    « Des élections reportées aux calendes sahéliennes… », constate Jeune Afrique en préambule à une longue enquête sur la situation politique des deux pays sous la coupe des militaires.

    « Cette année 2024 devait être l’année des scrutins présidentiels au Mali et au Burkina Faso. Mais ni la junte d’Assimi Goïta ni celle d’Ibrahim Traoré ne semblent vouloir mettre un terme à leurs régimes de transition,pointe le site panafricain. Après quelques circonvolutions calendaires consécutives au premier coup d’État du colonel Assimi Goïta, la prolongation de la transition malienne avait été fixée “à 24 mois, à compter du 26 mars 2022“. Au Burkina Faso, quelques semaines après la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, la charte de transition adoptée le 14 octobre 2022 fixait la fin de la transition au 1er juillet 2024. »Au final, constateJeune Afrique, « la date malienne a été dépassée. Quant aux autorités burkinabè, qui se trouvent à deux mois de l’échéance, elles ont expliqué qu’organiser des élections n’était pas “une priorité“. »

    Et voici leur argument : « le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, a (récemment) dénoncé les “campagnes électorales coûteuses et ruineuses“ et les “discours alambiqués et procédures incompréhensibles pour le plus grand nombre“,pointe le site panafricain. Il semble y préférer “la démocratie“ dans laquelle vivaient les “sociétés traditionnelles“. Sans urnes. La transition prolongée pourrait donc s’achever par une “élection“ sans suffrage universel. Le Mali, lui,relève enfinJeune Afrique, a démontré par son référendum constitutionnel de juin 2023 qu’il accordait encore du crédit aux scrutins déployés sur toute l’étendue du territoire. Mais jusqu’à quel point ? »

    Le FMI à la rescousse

    A ce blocage politique s’ajoutent de grandes difficultés sociales et économiques… Avant-hier, relève Sahel Tribune, « le Fonds monétaire international a annoncé avoir conclu un accord crucial avec le Mali, en vue d’octroyer une facilité de crédit rapide de 120 millions de dollars, soit plus de 70 milliards de FCFA. » Objectif : « aider à combattre les effets dévastateurs de chocs économiques externes, affirme le site malien, notamment l’inflation due aux conflits internationaux et aux blocus maritimes. »

    Des dirigeants trop gourmands ?

    Le Mali manque de moyens financier mais, apparemment, ça n’est pas le cas des dirigeants maliens…

    « La loi organique qui fait jaser », s’exclame Malijet. En effet, explique le site malien, « adoptée à huis clos, à l’abri des regards indiscrets, cette loi qui fixe les avantages, indemnités et autres traitements des membres du Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition, fait polémique. » En effet, cette loi ne serait « pas suffisamment explicite sur les montants des indemnités et pourrait ainsi laisser latitude au CNT de cocher des cases. » Bref, de s’attribuer ce qui bon lui semble…

    Résultat, pointe Malijet, « une irrésistible vague d’indignation s’est ainsi saisie d’une opinion qui ne semble pas s’accommoder de ce qu’elle considère comme une extravagance par ces temps de disette pour le trésor public, de crise économique qui plombe les différents secteurs de l’économie avec sa cohorte de fermetures massives d’entreprises. »

    Malijet cite également ces propos de l’ancien Premier ministre Moussa Mara : il juge « affligeant de constater que le CNT, dans un contexte de difficultés économiques, énergétiques, sécuritaires, etc., semble plus préoccupé par la rémunération de ses membres que par le contrôle de l’action du gouvernement. »

    Un 1er-Mai sous tension

    Situation économique et sociale difficile également au Burkina Faso… Là aussi, des problèmes de vie chère… Le quotidienLe Paysà Ouaga, invoque une conjoncture mondiale défavorable mais aussi« la grave crise sécuritaire et humanitaire sans précédent que traverse le Burkina Faso »,ainsi que la« détérioration des relations entre le Burkina Faso et certains pays de la CEDEAO avec des répercussions inévitables sur la circulation des biens et des marchandises. »

    Hier, « la manifestation du 1er-Mai n’a pas été autorisée par les tenants du pouvoir en raison, sans doute, du contexte national caractérisé par la crise sécuritaire,relèveLe Pays. Mais au-delà de cette raison officielle, l’on sait que les rapports entre le gouvernement de la transition et certaines organisations syndicales sont très tendus. »

    En effet, dans les colonnes de WakatSéra, le secrétaire général de l’Union syndicale des Travailleurs du Burkina, Abdoulaye Ernest Ouédraogo affirme que « le dialogue est rompu avec l’autorité du moment » et parle même de « tyrannie ».

    Thu, 02 May 2024
  • 725 - À la Une: la France durcit le ton face au Rwanda

    Pour le deuxième jour de sa visite officielle en France, le président congolais Félix Tshisekedi s’est longuement entretenu hier avec son hôte Emmanuel Macron. Au centre des discussions : la situation dans l’est de la RDC avec la guerre contre le M23 soutenu par le Rwanda.

    « Félix Tshisekedi affirme avoir obtenu le soutien de la France », titre Le Quotidien à Kinshasa. Une avancée… Car « la dernière conférence de presse commune des deux chefs d’État, en mars 2023 à Kinshasa, avait laissé un goût amer aux autorités congolaises qui espéraient alors obtenir une condamnation ferme du Rwanda,rappelle Jeune Afrique. À l’époque, Emmanuel Macron s’était borné à condamner les “soutiens extérieurs“ des rebelles. Depuis, Paris a durci le ton,constate le site panafricain, au Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi via son ministère des Affaires étrangères qui, le 7 février dernier, a appelé le Rwanda à retirer ses troupes de l’est de la RDC. Emmanuel Macron n’avait, en revanche, jamais repris lui-même ces propos. »Hier,« au pupitre de l’Élysée, le président français a affirmé n’avoir “aucune difficulté à pointer les responsabilités. La France condamne fermement l’action de tous les groupes armés et particulièrement l’offensive du M23 qui doit se retirer des territoires qu’il occupe“, a-t-il expliqué, avant d’appeler le Rwanda à “cesser son soutien au M23“ et à “retirer ses troupes“. Emmanuel Macron, qui a échangé avec le président rwandais Paul Kagame le 23 avril, assure lui avoir directement formulé cette même demande. »

    En retour, pointe Le Monde Afrique, « Félix Tshisekedi a rendu un hommage appuyé au soutien français. Le président congolais a salué “l’engagement encore plus grand de la France aux côtés du peuple congolais“ pour trouver une issue au conflit qui ravage l’est de la RDC, avant de préciser qu’il ne “sera possible de discuter“ avec le Rwanda qu’une fois que son armée “aura quitté“ la RDC. »

    Des pressions mais pas de sanctions…

    La RDC a donc obtenu un soutien diplomatique clair et ferme de la part de la France à propos du Rwanda, mais Paris n’a pas évoqué de sanctions à l’égard de Kigali.

    C’est ce que remarque Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC : « Emmanuel Macron a expliqué que l’Union européenne “continuerait à apporter des sanctions individuelles et ciblées en fonction des évolutions sur le terrain“. Mais pas de sanctions contre l’État rwandais pour l’instant. Car le président français a un plan,préciseAfrikarabia. Depuis l’Élysée, Emmanuel Macron a annoncé que Félix Tshisekedi s’était engagé àmettre fin aux agissements des FDLR, ces rebelles hutus rwandais opposés au régime de Paul Kagame. Menace que brandit Kigali pour justifier, sans le dire, son intervention en RDC. Selon Emmanuel Macron, cetteavancéepermettrait de convaincre Paul Kagame d’un retrait des soldats rwandais,qui n’ont rien à faire sur le sol congolais. Pour Paris,poursuitAfrikarabia,un désarmement et un encadrementdes FDLR, mais aussi des autres groupes armés locaux, permettrait donc un retrait de l’armée rwandaise du Nord-Kivu, puis, enfin,le désarmement du M23 et un processus d’accompagnement,de démobilisation et de réinsertion. Emmanuel Macron se fixe jusqu’à la fin de l’été pour que cette initiative porte ses fruits. »

    Paris coupe la poire en deux…

    Pour Aujourd’hui au Burkina Faso, « la France soutient Tshisekedi, mais ménage Kagame. (…) Une France qui divise donc la poire en 2,estime le quotidien ouagalais : que chaque rébellion quitte le Nord-Kivu, et que le processus Désarmement-démobilisation et réinsertion se fasse. Paris soutient la RDC, mais se refuse à se fâcher avec le Rwanda, avec lequel elle bataille dur pour rétablir des relations. Bon à prendre, parait dire Tshisekedi, qui brandit pourtant une condition sine qua non : le départ du M23, comme tout préalable. »

    Enfin, hier, le président congolais a profité de son séjour à Paris pour rencontrer Nasser Al-Khelaïfi, le président du Paris Saint-Germain… C’est ce que nous apprend le site Politico CD. Au centre des discussions : « la possibilité d’organiser le Trophée des champions 2024 au Stade des Martyrs de la Pentecôte à Kinshasa, événement sportif majeur, qui pourrait voir le PSG champion de France jouer sur le sol congolais. La décision finale doit être prise cette semaine par le Conseil d’administration de la Ligue de football professionnel. »

    Wed, 01 May 2024
  • 724 - À la Une: Félix Tshisekedi à Paris

    En visite officielle en France depuis hier lundi, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, devrait s’entretenir ce mardi avec son homologue français Emmanuel Macron. Et, pointe Le Monde Afrique, « nul doute qu’au programme de leurs discussions figurera la crise sécuritaire dans l’est de la RDC. Le Nord-Kivu est le théâtre d’une offensive menée depuis deux ans et demi par le mouvement rebelle du M23 soutenu par le Rwanda,rappelle le journal. Kinshasa tentera de nouveau de convaincre Paris de condamner plus fermement l’ingérence rwandaise sur son sol. En amont de cette visite, et dans un souci d’équilibre régional, Emmanuel Macron a abordé le sujet au téléphone, avec le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame. Il l’a appelé “au respect de l’intégrité territoriale de la RDC“, précise l’Elysée. »

    « Le vrai agresseur, le vrai criminel, c’est Paul Kagamé ! »

    Pour sa part, Félix Tshisekedi est quelque peu sorti du langage diplomatique hier, avec « ce message fort et direct », relève le site Politico CD, à l’encontre du président rwandais, Paul Kagamé : « J’ai toujours dit que je ne rencontrerai jamais le M23,a affirmé le président congolais,parce que c’est une coquille vide qu’on a fabriquée pour justement justifier l’agression contre mon pays, la RDC. Mais en réalité, le vrai agresseur, le vrai criminel, c’est Paul Kagamé. »

    « A Paris, Félix Tshisekedi aura donc à cœur de pousser la France à sanctionner le Rwanda à l’ONU,croit savoirAfrikarabia. A Kinshasa, personne ne comprend le “deux poids deux mesures“ des occidentaux, si on la compare à la situation de la Russie avec l’Ukraine. Le président congolais expliquera à Emmanuel Macron, pointe encore le site spécialisé sur la RDC,que Kinshasa ne pourra aller au dialogue avec Kigali qu’en position de force. Pour cela, il faut que les troupes rwandaises quittent le sol congolais et cessent leur soutien aux rebelles du M23. Il s’agit de la seule condition pour que l’armée congolaise, trop faible et mal organisée, puisse reprendre un peu de terrain sur la rébellion. »

    Assainir le climat des affaires

    Au menu des discussions à Paris également le volet économique…

    « Objectif affiché(de Félix Tshisekedi), relève Afrikarabia : faire venir les investisseurs au Congo pour booster le développement du pays. »

    Des« investisseurs qui ne se bousculent pas… en raison essentiellement d’un environnement des affaires largement gangrené par la corruption, les groupes armés, et l’insécurité judiciaire. Sur ce constat,pointe le site, la balle est dans le camp des autorités congolaises pour assainir le climat des affaires et mettre en place la bonne gouvernance. »

    Le cardinal Ambongo dans le collimateur de la justice…

    Dans les médias congolais, cette visite en France de Félix Tshisekedi est largement éclipsée par l’affaire Fridolin Ambongo… Du nom du cardinal-archevêque de Kinshasa qui est « dans le collimateur de la justice », titre Jeune Afrique. « Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, accuse l’archevêque de Kinshasa d’avoir tenu des “propos séditieux“ et ordonne l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre. (…) L’archevêque de Kinshasa fait partie des conseillers du pape François, et c’est aussi l’une des voix les plus respectées de RDC,préciseJeune Afrique, connue pour ses prises de position très tranchées. Il hésite rarement à se mettre en porte-à-faux vis-à-vis du pouvoir, qui à son tour critique volontiers son manque de neutralité. » 

    En tout cas, « en RDC, les déboires de l’archevêque ont déjà fait réagir,relève encore le site panafricain. Hier, l’opposant Moïse Katumbi a dit voir dans la menace d’information judiciaire la preuve d’une “politique d’intimidation“ à l’égard de l’Église catholique. “La justice congolaise tente de museler, a-t-il dénoncé, cette voix des affligés, des pauvres, des victimes de l’injustice, des guerres et de la mauvaise gestion de la chose publique“. »

    Excès de zèle ?

    Enfin,Le Nouvel Observateurà Kinshasa s’agaceaussi des accusations portées contre le prélat : « les congolais se demandent si le procureur Mvonde n’a pas été poussé par un excès de zèle, qui risque de se retourner contre lui. Et on ne doit pas perdre de vue que dernièrement, le président Tshisekedi a reconnu publiquement les faiblesses de la justice congolaise. Il n’est pas donc exclu qu’il se désolidarise du président de la cour de cassation, qui s’est permis de poser un acte téméraire. »

    Le Nouvel Observateur qui n’hésite pas à affirmer que « Félix Tshisekedi (en visite à Paris) a été poignardé dans le dos par Mvonde.»

    Tue, 30 Apr 2024
  • 723 - À la Une: le Burkina Faso ferme la porte aux médias étrangers

    Décidément, la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso n’aime pas trop que les radios, télévisions et journaux étrangers s’intéressent de trop près à ses affaires, surtout quand elles sont gênantes.

    « Le 25 février dernier,rappelle Le Monde Afrique, au moins 223 civils, dont 56 enfants, ont été exécutés dans deux villages du nord du Burkina Faso par leur propre armée… » C’est du moins ce qu’affirmait l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. « La révélation de ce massacre, l’un des pires depuis le début de l’insurrection jihadiste dans le pays, en 2015, deux mois après les faits, a été permise,préciseLe Monde Afrique, par les témoignages de quatorze rescapés des tueries, d’organisations internationales et de la société civile, ainsi que par l’analyse de photos et de vidéos. »

    Une enquête qui s’appuie donc sur des faits précis et des témoignages circonstanciés.

    Dans un communiqué publié le 27 avril, le ministre burkinabè de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a fait savoir que « le Burkina Faso rejetait et condamnait fermement de telles accusations infondées ».

    Suspensions en série

    Conséquence : tous les médias étrangers qui ont cité le rapport de Human Rights Watch sont suspendus pour deux semaines, sur décision du Conseil supérieur de la communication burkinabè (CSC).

    Sont concernés la chaîne de télévision TV5 Monde, et son site internet ainsi que six autres médias : les journaux français Ouest-France et Le Monde, le quotidien britannique The Guardian, la chaine allemande Deutsche Welle, l’agence de presse sénégalaise APAnews et l’agence EcoFin basée au Cameroun et en Suisse. En fin de semaine dernière, la BBC et Voice of America avaient écopé de la même suspension. Dans son communiqué, le CSC burkinabè « invite l'ensemble des médias à s’abstenir de relayer » l’enquête de Human Rights Watch, sous peine de sanctions. Rappelons que RFI et France 24 sont censurés au Burkina depuis presque un an et demi.

    Le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou rapporte les récents propos tenus par Ibrahim Traoré, le chef de la junte : « La guerre ne se fait pas dans le laxisme. La menace contre le terrorisme est contenue, affirme-t-il, le territoire est maillé et l’armée est équipée et réorganisée. »

    Élections au Togo, un « sacré tournant »

    À la une également, on vote aujourd’hui au Togo. « Lundi, jour de vote : les Togolais choisissent les députés et conseillers régionaux », titre Togo Matin.

    Ce « double scrutin marque un sacré tournant de l’histoire de notre pays, commente le journal.(…)Ce sont les premières élections de la Ve République avec l’avènement du régime parlementaire. Et désormais, l’élection des députés, des conseillers municipaux et régionaux va concentrer toutes les attentions, plus que la présidentielle, admise jusqu’alors comme"la mère des élections". C’est un changement plus qu’important. Les Togolais vont s’y accommoder peu à peu, c’est sûr. Mais, il aurait été intéressant pour nous tous,poursuit Togo Matin, que la campagne électorale puisse servir d’occasion pour sensibiliser et éduquer autour de ce nouveau régime qui est acté, qu’on le veuille ou non. Cela aurait été plus bénéfique et pragmatique que les agitations stériles auxquelles l’on a tristement assisté ».

    Togo Matin fait sans doute allusion aux protestations de l’opposition, d’une partie de la société civile et de l’Église catholique, après l’adoption il y a 10 jours de la révision de la constitution qui instaure donc désormais un régime parlementaire. Un régime qui pourrait bien faire les affaires du président Faure Gnassingbé en lui permettant de se maintenir au pouvoir sans limitation de durée.

    Une « simple formalité » pour Faure

    Commentaire du quotidien burkinabè Le Pays, plus enclin à parler de ce qui se passe chez le voisin plutôt que chez lui, surtout en ce moment : « Les élections ont toujours été une simple formalité pour Gnassingbé père et fils, juste pour amuser la galerie politique et donner à leurs régimes des apparences démocratiques alors qu’ils sont intrinsèquement le modèle achevé de la dictature et de l’imposture. »

    Enfin L’Observateur Paalga note lui que « la campagne électorale s’est terminée samedi dans une ambiance somme toute pacifique.(…)Il s’agit maintenant de faire perdurer cette sérénité au cours de cette journée électorale,poursuit-il,surtout pendant le dépouillement et après la proclamation des résultats pour éviter les lendemains électoraux surchauffés auxquels bien des pays africains sont, hélas, habitués ».

    Mon, 29 Apr 2024
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