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Reportage Afrique

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Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent, chaque jour, en deux minutes une photographie sonore d'un évènement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour.

985 - Centrafrique: Idylle Mamba célèbre 20 ans de carrière par un «retour aux sources» à Bangui
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  • 985 - Centrafrique: Idylle Mamba célèbre 20 ans de carrière par un «retour aux sources» à Bangui

    En Centrafrique, la chanteuse Ydille Mamba a bouclé vendredi 26 avril une série de deux concerts inédits à Bangui. Ces deux concerts organisés à l'Alliance française visent non seulement à couronner ses 20 ans de carrière, mais aussi à valoriser les anciennes chansons et les styles de musiques centrafricains encore méconnus à l'échelle mondiale.

    Devant le podium éclairé par des jeux de lumière dignes des grands soirs, les fans agitent les mains, leurs téléphones allumés et des mouchoirs. La salle de l'Alliance française de Bangui, en République centrafricaine, est remplie de mélomanes venus savourer cet instant historique. Vêtue d’une robe rouge, celle qui se fait appeler « guerrière rouge » estime qu’il est important de « revenir aux sources, revenir au pays, revenir voir la famille. Ça fait déjà 20 ans que je suis dans ce métier de chanteuse, mais c'est la première fois d'être chez moi, faire un concert inédit comme j'ai toujours rêvé de le faire. C'est un grand plaisir pour moi. »

    Révélée en 2004 comme lauréate de la chanson francophone organisée en Centrafrique, Ydille Mamba a été finaliste du prix Découvertes RFI en 2014. En 20 ans de carrière, elle a côtoyé les plus grands artistes mondiaux. Mais selon Alex Ballu, promoteur musical à Bangui, il était temps qu’elle revienne à la source. «C'est une artiste qui fait beaucoup d'efforts pour la culture centrafricaine en général et la musique en particulier. Après avoir rencontré des artistes de renoms comme Youssou N'Dour, Yelema, Lokua Kanza et sa participation aux différents festivals en Europe et en Afrique, c'est important pour elle d'organiser ce concert dans son pays », estime-t-il.

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    « Je suis content d'être là pour soutenir mon artiste. C'est une initiative très encourageante de la part de cet artiste parce qu'elle vit en Europe. Elle a décidé de revenir nous offrir ce beau spectacle et je suis très content », raconte avec excitation Rostand, l'un de ses nombreux fans. 

    Autre particularité de son spectacle, Ydille Mamba a invité sur scène les musiciens centrafricains qui ont marqué les années 70, 80 et 90. Pour la chanteuse, il s'agissait de rendre hommage à « des anciennes gloires, ceux qui ont marqué la musique centrafricaine, ceux qui ont marqué mon enfance. J'ai voulu rendre hommage à ces icônes de la musique centrafricaine. Partagée cette scène avec eux, c'est juste magnifique. J'ai encore cette chance d'avoir quelques-uns vivants, donc il faut en profiter. Il faut qu'on les honore. À travers ces séries de concerts, j'ai voulu leur rendre hommage. »

    Une soirée riche en couleurs. Le public est reparti satisfait, heureux d’avoir pu oublier, le temps d’un concert, les crises qui ont secoué le pays ces vingt dernières années.

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    Sat, 27 Apr 2024
  • 984 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: l’État de droit et la Constitution, fiertés du pays [3/3]

    Le 27 avril 1994, tous les Sud-Africains étaient appelés à participer aux premières élections libres. Nelson Mandela allait être élu, mettant fin au régime d’apartheid. Une nouvelle Constitution serait ensuite écrite, protectrice de tous les Sud-Africains et présentée comme la plus progressiste du continent africain. La loi fondamentale est protégée par la Cour constitutionnelle, un monument important au centre de Johannesburg et dans le cœur de ses habitants.

    De notre correspondant à Johannesburg,

    C’est journée porte ouverte à la Cour constitutionnelle. Un groupe scolaire venu de Soweto, encadré par le Bukho Bami Youth Centre, prend place sur les bancs de la Cour. Les adolescents s’amusent à imiter les juges. Leur professeur appelle au calme et interroge ses élèves. L’un d’eux, Kamogelo Selemela, connaît très bien le rôle de la Cour constitutionnelle, même le nom de son président. « Si le gouvernement veut ajouter une loi à notre Constitution, il doit passer par les juges, comme Raymond Zondo. Et ils ne doivent pas seulement écouter le gouvernement, mais ils doivent aussi regarder les intérêts des citoyens Sud-Africains. »

    Ses camarades l’applaudissent en claquant des doigts. Son professeur, Daluxolo Magamdela, y voit un rapport particulier des Sud-Africains avec la politique. « Pour eux comme pour les Sud-Africains, la politique joue un rôle très important dans leur vie, donc même de manière inconsciente, ils savent qui dit ça et qui fait quoi. »

     Un lieu symbolique

    La Cour constitutionnelle a été construite sur le site d’une ancienne prison où ont été brièvement incarcérés Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. « Du pire peut naître le meilleur », souligne Lorraine Mhlari, guide touristique. « La Cour a été construite ici pour la rendre accessible et ouverte à tous. C’est un lieu de transparence pour montrer qu’il n’y a rien à cacher dans notre Constitution. »

    La Cour constitutionnelle a beaucoup fait parler d’elle quand elle a condamné l’ancien président Jacob Zuma à 15 mois de prison pour outrage à la justice en juin 2021. Ce jugement était un signe d’indépendance, rappelle Lesego More, de la fondation Democracy Works. « Notre Cour constitutionnelle peut être saisie pour des affaires qui contestent les décisions de l’exécutif, du président et de son gouvernement. Et elle peut juger en défaveur du président. C’est la preuve d’une Constitution qui promeut l’État de droit, les droits de l’homme, qui tient les gens responsables de leurs actions. Et qui nous garantit des élections crédibles, c’est très important, donc c’est un document dont on est très fiers. »

    Les prochaines élections auront lieu le 29 mai et la Cour constitutionnelle a déjà été saisie pour statuer sur la validité de la candidature de Jacob Zuma.

    À écouter aussiTrente ans de démocratie en Afrique du Sud: quels résultats pour la politique de logements sociaux? [2/3]

    Fri, 26 Apr 2024
  • 983 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: quels résultats pour la politique de logements sociaux? [2/3]

    Elles sont surnommées les « maisons RDP », du nom du programme phare de l’ANC lors des élections de 1994, le « Programme de reconstruction et de développement » : un plan visant à offrir des logements salubres aux populations maintenues dans la pauvreté sous l’apartheid, et à favoriser l’accès à la propriété. Il s’agit d’un des programmes de l’ANC les plus visibles, avec ces maisons bien reconnaissables, qui ont bourgeonné à l’extérieur des villes. Trente ans plus tard, cette politique de logement social quasi unique au monde a permis d’offrir un toit à des millions de Sud-Africains, mais elle a aussi connu des obstacles.

    De notre correspondante à Johannesburg,

    Selon les chiffres officiels, il existe désormais près de 3 millions de ces maisons RDP. Mais leur qualité ou leur taille ont pu décevoir alors que le gouvernement s’est vite fait dépasser par la demande. Sello, au chômage, a hérité du vieux logement social de sa mère décédée, une habitation qui n’a jamais été terminée.

    Vous voyez, c'est à moitié fini, avec la chambre. Les briques s’arrêtent là, ils ont juste construit une chambre et des toilettes. Si on a l’argent, on peut finir, mais à l’époque ma mère n’avait pas de travail. Donc, on a complété avec de la tôle et du carton ici, pour protéger de la pluie et du vent. Quand il pleut, l’eau rentre quand même, c’est tout mouillé par là.

    Une liste d'attente de plus d'un million de personnes

    Si un foyer gagne moins de 170 euros par mois, il peut, en théorie, devenir propriétaire d’une de ces maisons RDP, de façon gratuite, et aura le droit de la revendre au bout de huit ans. Mais par exemple, dans la région autour de Johannesburg, il existe selon les autorités une liste d’attente de plus d’un million de personnes.

    Lassé de patienter, Morgan, la cinquantaine, a fini par construire illégalement une maison en tôle sur un terrain vide.

    J’avais bien déposé un dossier, il y a au moins 15 ans, et j’attends toujours, je ne sais pas ce qui se passe. Alors, je me suis construit cet abri, donc ça va. Mais je ne comprends pas pourquoi ils ne respectent pas leurs promesses. Il vaut mieux ne rien promettre du tout, plutôt que de faire des promesses en l’air. Maintenant, on demande des terres, et on construira nos propres logements, je pense que ce sera mieux.

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    Une politique ambitieuse malgré les couacs

    À d’autres endroits, ce sont des projets de maisons RDP en cours de construction qui ont été occupés de force. Le programme a donc connu des ratés, mais cela reste une politique généreuse et ambitieuse pour Johan Fourie, professeur d’économie à l’université de Stellenbosch.

    On peut saluer le gouvernement pour avoir voulu aider le plus de gens possible, avec des contraintes budgétaires et des limites aux capacités à construire rapidement. Il y a, certes, des critiques autour de la façon dont cela a été fait : souvent, ces maisons RDP sont en périphérie des villes, et les gens doivent ensuite dépenser beaucoup en transports, pour aller travailler ou faire les courses. Ça les a placés dans une sorte de piège spatial. Aujourd’hui, on peut se dire que le gouvernement aurait dû faire ceci ou cela, mais je ne suis pas sûr qu’à l’époque, cela aurait été possible ou envisageable.

    Des limites dont le président Cyril Ramaphosa a en tout cas bien conscience, puisqu’il a récemment promis vouloir s’assurer que les logements sociaux soient situés plus près des emplois et des services.

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    Thu, 25 Apr 2024
  • 982 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: les échecs de la réforme agraire [1/3]

    Il y a bientôt trente ans, le 27 avril 1994, les Sud-Africains participaient aux premières élections libres de leur histoire. Le scrutin allait signer la fin du régime d'apartheid et la victoire de Nelson Mandela et de son parti, l'ANC. Le régime d'apartheid et les gouvernements précédents avaient limité drastiquement l'accès à la terre pour les populations noires. Dès son élection, l'ANC a voulu réparer cette injustice en achetant des milliers d'hectares et en les redistribuant aux communautés spoliées. Trente ans plus tard, l'un de ses programmes n'a pas atteint ses objectifs.

    De notre correspondant à Pretoria,

    Portia Mdhlovu est invitée à monter sur scène pour partager son expérience. En 2010, l’État a racheté et redonné les terres que sa communauté réclamait. « Sous l’apartheid, ils ont exproprié les gens des fermes, car ils avaient conscience du potentiel économique de leurs terres. Nos grands-parents ont été déplacés dans les zones rurales où le sol n’était pas cultivable », relate Portia Mdhlovu.

    Une fois la terre restituée, un conseil d’administration veille à l’exploitation de la terre au bénéfice de tous. Ici des terres agricoles, là des projets immobiliers qui génèrent des profits redistribués sous forme de revenus ou de bourses scolaires. C’est ce qui motive le collectif. « Tout le monde veut que ça marche. Ils partagent les mêmes objectifs, ils travaillent ensemble et ils impliquent toute la communauté », souligne Portia Mdhlovu.

    Des problèmes rencontrés par les associations communales

    Mais cet état d’esprit manque dans la majorité des associations de propriété communales, les structures qui reçoivent les terres. Seuls 7% d’entre elles fonctionnent correctement. Ces associations regroupent des centaines, parfois des milliers d’individus qui peuvent entrer en conflit, regrette le journaliste agricole Tiisetso Manoko, du magazine Food For Mzansi.

    « Les principaux problèmes traversés par les associations communales, ce sont : une mauvaise gestion financière, une mauvaise gestion des ressources et des conflits d’intérêts. De nombreuses figures du monde agricole et même le gouvernement se demandent si on a vraiment besoin de ces associations », explique Tiisetso Manoko.

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    Favoriser la propriété individuelle ?

    Le parti d’opposition, l’Alliance démocratique, appelle à les supprimer pour favoriser la propriété individuelle. Il faut surtout ajuster le dispositif, défend Kgampi Bapela, spécialiste en développement agricole pour une filière du gouvernement, Industrial Development Corporation (IDC).

    « Au lieu de donner les terres à tout le monde, il faudrait identifier des jeunes fermiers au sein de ces communautés prêts à exploiter la terre immédiatement », pense Kgampi Bapela. « C’est une chose de redistribuer la terre, mais s’il manque la technique, si les communautés ne sont pas préparées... Il faut une approche intégrée. »

    Alors que ce programme fonctionne mal, le parti radical de l’EFF appelle à une réforme polémique : la nationalisation de toutes les terres.

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    Wed, 24 Apr 2024
  • 981 - Sénégal: à Dakar, le fléau des déchets plastiques perdure

    Au Sénégal, les dégâts de la consommation débridée de plastiques jetables sont omniprésents, que ce soit dans les zones rurales comme dans les villes, et bien sûr à Dakar. 

    De notre correspondante à Dakar,

    Un groupe d’employés municipaux et de citoyens volontaires balaye les rues de la commune de Fann-Point E-Amitié et entasse les déchets dans des brouettes. Au milieu des feuilles mortes, d’énormes quantités de plastiques viennent s’accumuler dans la collecte.

    « C'est dégueulasse, ce n’est pas hygiénique. Ce sont des bouteilles d'huile qui viennent certainement des mécaniciens, on ne sait jamais... Ce sont aussi des sachets en plastique d’eau », souffle une employée, exaspérée.

    Impossible d’éviter ces sachets, pour boire de l’eau ou pour faire ses achats ; ils sont ancrés dans les habitudes sénégalaises, ce que déplore Amadou Mbengue, responsable communal de la Sonaged, qui collecte les déchets. «Même en boutique pour acheter pour 25 francs de sucre, c’est [distribué] dans un sachet plastique. On est en train de surproduire des déchets plastique », s'alarme Amadou Mbengue.

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    Pourtant, le pays a bien adopté en 2020 une loi interdisant tous les plastiques à usage unique, gobelets, couverts, sacs, mais sans suite. « La sanction manque dans ce pays. La sanction pécuniaire», martèle-t-il.

    Problème environnemental et problème sanitaire

    À Dakar, il y a aussi le phénomène des charretiers qui ramassent les ordures en dehors du circuit officiel, et les balancent dans la nature. Ces plastiques rejetés dans les rues et les océans posent un problème environnemental, mais aussi un problème sanitaire, comme l’explique le professeur Adams Tidjani, spécialiste des microplastiques, qui dirige aujourd’hui l’institut des métiers de l’environnement et de la métrologie.

    « Quand il se dégrade, la chaîne du polymère, du plastique donc, devient des microplastiques. Et donc ce microplastique, à ce moment, peut être ingéré par les animaux, les animaux errants, comme dans la mer par les poissons», indique-t-il. «Donc, depuis quelque temps, on s'est rendu compte que dans nos assiettes, on retrouvait du microplastique. On ne sait pas quelles seront les conséquences de ce microplastique pour notre santé. »

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    Le recyclage du plastique est encore balbutiant au Sénégal, seules quelques initiatives privées se penchent sur la question. Pourtant, c’est une piste à exploiter pour le professeur Tidjani. « Je suis convaincu qu’on peut faire beaucoup de choses. Mais ce ne serait possible que lorsque vous avez un "back-up", un laboratoire de recherche, parce qu'il faut faire des tests », explique-t-il. Et d'ajouter : « Par exemple : les clôtures de village ne sont pas bonnes, on peut en construire avec des plastiques, des bouées dans les mers. »

    Deux cent cinquante mille tonnes de plastique sont jetées chaque année, à peine 30 000 sont recyclées selon le ministère de l’Urbanisme.

    Tue, 23 Apr 2024
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