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Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent, chaque jour, en deux minutes une photographie sonore d'un évènement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour.
- 991 - Soudan du Sud: des familles lourdement affectées par le syndrome du hochement de tête [1/3]
Au Soudan du Sud, dans la région d’Équatoria-Occidentale, une maladie à l’origine inconnue s’attaque aux enfants : le syndrome du hochement de tête. C’est un trouble neurologique qui démarre dès l’âge de 3 ans. Les enfants touchés se mettent à hocher de la tête au moment de manger, et perdent connaissance. La maladie s’aggrave dans les mois qui suivent, avec des crises d’épilepsie, des retards de croissance importants, qui laissent souvent les enfants et adolescents touchés handicapés. Reportage auprès de mères et de filles lourdement affectées, dans la petite ville de Mvolo.
De notre envoyée spéciale à Mvolo,
Sa récolte détruite par des vaches, Penina Monyo Gulu Biro n’a d’autre choix que de ramasser du bois pour le revendre et pouvoir acheter de quoi nourrir ses trois enfants. Délaissée par son mari, elle assume seule cette responsabilité. Mais elle est épuisée. Car deux de ses enfants souffrent du syndrome du hochement de tête, une maladie qui a déjà traumatisé cette famille. « Une de mes filles est morte de cette maladie il y a des années. Ça a démarré par le hochement de tête, et puis ça a empiré, les crises d’épilepsie ont commencé et elle en est morte », explique-t-elle.
Son autre fille, Tabo, 17 ans aujourd’hui, a développé la maladie à son tour en 2016. Elle a survécu, mais les crises sont fréquentes et elle n’a pas de traitement efficace : « Je ne l’autorise pas à aller à la rivière toute seule, ou à rester près du feu sans surveillance. À l’intérieur de notre tukul [une hutte, NDLR],elle a son lit par terre, et moi, je dors sur un vrai lit, parce que si elle dort sur un lit, elle va tomber lors de ses crises nocturnes, je reste avec elle pendant la nuit au cas où », confie Penina Monyo Gulu Biro.
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Un fardeau pour les mères
Si toute la communauté souffre de ce mal mystérieux, ici à Mvolo, ce sont souvent les mères qui portent seules ce fardeau. C’est ce dont témoigne cette femme que nous appellerons Mary pour protéger son identité. Elle confie que son mari boit et ne travaille pas. Elle aussi, elle a perdu une fille à cause de cette maladie, en 2022. La petite avait 12 ans quand elle est morte, et était enceinte de deux mois. Un choc pour la famille.
« Quand nous, les membres de la famille, avons découvert qu'elle était enceinte, nous lui avons demandé : mais qui est-ce qui t’a fait ça ? Elle a dit qu'elle ne pouvait pas vraiment dire qui était cet homme, qu’il avait "des vêtements colorés" et qu’il "venait généralement de cette direction". C'est le jour même où nous avons commencé à lui poser toutes ces questions que la maladie a commencé à s'aggraver. Les convulsions sont devenues violentes et ont continué, jusqu'à ce qu’elle meure. »
Des malades victimes d'abus sexuels
La mère de famille est en colère et n’hésite pas à dénoncer les abus sexuels sur les filles malades du hochement de tête à Mvolo : « Bien sûr, je peux conclure que c’est quelqu’un qui a commis un viol. Parce que cette personne n’est pas venue ouvertement se montrer. Le même cas s'est produit avec la fille de ma belle-sœur. Elle est tombée enceinte d'un inconnu et elle était très jeune aussi. Mais elle a pu aller au terme de sa grossesse. Elle a été emmenée à l’hôpital pour accoucher. Nous avons l'enfant ici avec nous, mais la fille de ma belle-sœur, elle, est morte lors d’une crise d’épilepsie. Elle est tombée dans l'eau et s’est noyée. »
Son fils de 20 ans souffre aussi de la maladie. Il se tient à l’écart, l’air triste. Ce que Mary demande, c’est l’aide du gouvernement et des ONG, pour que des traitements efficaces soient disponibles pour aider les enfants malades à Mvolo.
Fri, 03 May 2024 - 990 - La prévention des AVC au Sénégal
Au Sénégal, une association de soutien aux patients et aux familles de victimes d’AVC vient de terminer une campagne d’un mois de sensibilisation et de prévention contre les accidents vasculaires cérébraux, première cause des décès du service neurologique de l’hôpital Fann de Dakar. Reportage
Sous deux tentes à l’entrée de l’hôpital Fann, des patients attendent leur tour pour être examinés par des infirmiers… Adama Cissé, habillée d’une blouse blanche, est en train de passer un tensiomètre autour du bras d’une femme âgée.
L’hypertension et le diabète sont deux des principaux facteurs de risque d’un AVC – accident vasculaire cérébral — très courant au Sénégal.
Amadou Diallo, ouvrier de 63 ans, a préféré se faire dépister pour pouvoir agir en cas de mauvais résultat : « La glycémie, c'est pas mal, ce n'est pas élevé».
L’association de soutien aux patients et familles de victimes d’AVC organise ces dépistages pour expliquer les démarches afin d’être pris en charge rapidement dès les premiers signes d’AVC. Car les produits ou le matériel pour prendre en charge les patients qui arrivent dans un état critique sont souvent indisponibles ou trop chers, regrette le neurologue Mbagnick Bakhoum.
L’association organise des activités pour sensibiliser au sujet des facteurs de risque… comme la nourriture, explique Bamba Cissé, le secrétaire général de l'association. Celle-ci montre aussi aux familles comment prendre en charge une victime d’AVC qui revient à la maison avec des séquelles.
Thu, 02 May 2024 - 989 - Madagascar: lutter contre la transmission des stéréotypes de genre dans les métiers
Déconstruire les stéréotypes de genre rattachés aux métiers, c’est l’un des défis que s’est lancée une association malgache animée par des étudiants et de jeunes professionnels. La dizaine de jeunes intervient dans des écoles primaires, essentiellement en milieu rural, pour proposer une autre vision du monde du travail et de nouveaux horizons.
Wed, 01 May 2024 - 988 - Kawaï Nanami, la tiktokeuse qui veut réconcilier les jeunes Ivoiriens avec leur culture ancestrale
Une jeunesse déracinée, qui ne connait ni son histoire ni sa culture d’origine ? À travers ses vidéos sur Tik-Tok et Instagram, Ruth-Esther Yapobi dite « Kawaï » tente de réconcilier les jeunes avec la culture ancestrale des 69 ethnies du pays.
De notre correspondant à Abidjan
Ruth-Esther Yapobi porte une robe en pagne tissée et des parures de cauris. « J’ai 20 ans et je me suis lancée dans la création de contenus en août 2023, et en mars 2024, j’ai commencé la série “Échos d’Ivoire” sur Tik-Tok et Instagram », explique-t-elle.
Échos d’Ivoire évoque tout à la fois les rites et coutumes des ethnies ou encore les contes et légendes du pays. « On nous a racontés Cendrillon, La Belle et la Bête ou encore Mowgli, mais personne n’a parlé de Kouakou Ananse et pleins d’autres divinités que moi-même je ne connais pas. Et au fur et à mesure de mes recherches, je me dis : “Ah c’est une histoire captivante à raconter à mes petits frères, à mes amis”. »
Ses vidéos sont portées par des montages dynamiques enrichis par des cartes, des photographies. Diplômée d’un BTS en logistique, Kawaï a récemment ressenti le besoin de se plonger dans la culture de la Côte d’Ivoire et d’en faire profiter ses abonnés. « Ça n’a pas été fait à l’école et si ça n’a pas été fait à l’école, par qui ça va être fait ? Par nous ! Parce que nous sommes cette génération qui a soif d’apprendre, cette génération qui a envie de se découvrir, là maintenant, c’est le moment avec les médias sociaux, de montrer aux jeunes leurs vraies valeurs, africaines. »
Se sentir ivoirien
Pour cela, elle se rend régulièrement à la bibliothèque nationale et compile dans ses posts ce qu’elle a appris dans les livres. Kawaï se déplace aussi dans les grands événements culturels. Un micro à la main, la créatrice de contenus se balade dans les allées du MASA, le Marché des arts du spectacle, et enchaîne les interviews avec les artistes ou les micros-trottoirs.
Elle arrête les jeunes festivaliers pour leur demander un mot dans leur langue d’origine. Bien souvent, elle reçoit en guise de réponse un sourire gêné et un grand silence. Une façon de faire vivre le débat sur le lent effritement des spécificités culturelles du pays. Étudiante, Miriam Samasi salue la démarche. « C’est quelque chose que je me reproche, le fait d’être assez éloignée de ma culture, je n’arrive pas à parler les langues de mes trois ethnies (malinké, agni, bété). Toute ma vie, j'ai parlé le français. Je parle plusieurs langues comme le japonais, le coréen ou bien l’anglais, mais je ne connais pas ma langue maternelle, explique la jeune femme. Actuellement, je travaille sur moi-même pour me rapprocher de ma culture et me sentir ivoirienne. »
À ce jour, Kawaï finance son travail elle-même, à terme elle souhaiterait vivre de cette activité et faire d’Échos d’Ivoireune référence en matière de plateforme éducative sur la culture ivoirienne.
Tue, 30 Apr 2024 - 987 - RDC: une exposition qui interroge sur les conditions d’exploitation des minerais
En République démocratique du Congo, le musée de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa accueille depuis le 18 avril une exposition collective de trois artistes : Kolwezi, un jour un rêve. Une plongée dans la riche ville minière de la province du Lualaba où les artistes questionnent et veulent interpeller sur l’exploitation artisanale des mines dans le pays.
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Mon, 29 Apr 2024 - 986 - Sénégal: la restauration des actualités sénégalaises, «l’archéologie audiovisuelle de l’Afrique indépendante»
Alors que sur le continent africain, les archives audiovisuelles des années 1960 sont rares, au Sénégal, depuis quelques mois, quatre films qui datent de 1966 sont de nouveau disponibles pour le public sénégalais. Après un travail de restauration de plus de deux ans, ces quatre films ont été projetés dans un cinéma de Dakar.
De notre correspondante à Dakar,
À l’écran défilent en noir et blanc des immeubles flambants neufs, une cathédrale fraîchement restaurée, le port, quelques passants, une ville belle et moderne. C’est Dakar en 1966, la capitale ne compte alors que 100 000 habitants et est sur le point d’accueillir le premier festival mondial des arts nègres, organisés par Léopold Sedar Senghor. Pour Moustapha Samb, directeur d’exploitation du Pathé, c’est un retour en enfance : « En tant que Sénégalais, j’étais très fier de revoir Dakar à, de ressentir toute l’énergie de la créative à l’époque. Pour moi, c'est le commencement et comme on dit en wolof pour aller de l’avant, il faut savoir d’où l’on vient. »
Car les images qui sont projetées ce jour-là sont celles des actualités sénégalaises. Petits films de 8 à 20 minutes qui, dans les années 1960, étaient diffusés dans les cinémas de Dakar, avant le film. Sorte de tour d’actualité nationale et mondiale, à une époque où la télévision est quasi inexistante. Réalisé par de jeunes cinéastes africains comme Ababacar Samb, Momar Thiam ou Paulin Soumanou Vieyra, entre autres. Pour Marco Lena, historien et co-initiateur de ce projet de restauration, ces images ont donc valeur de patrimoine : « Parce qu’en fait, on se rend compte que ça marque les images sur l’Afrique, tournées par les Africains pour les Africains, il y a toujours un point de vue externe. Ces images représentent l’archéologie audiovisuelle de l’Afrique indépendante. »
Des milliers d'heures de travail
Archéologie, car ces images, il a fallu les faire renaître. Découvertes en 2019, abandonnées dans une pièce du ministère de la Culture à Dakar, Cecilia Cincerelli, de la cinémathèque de Bologne a passé de long mois à restaurer ces films. « Cela représente des milliers d’heures de travail. Si on le fait manuellement, vous devez imaginer que pour chaque image vous pouvez rester une journée. Alors, imaginez sur un film. »
Le résultat est époustouflant, à part quelques taches blanches tout y est et ne demande plus qu’à être vu par le plus grand nombre. Pour Moustapha Samb, président de l’association culturelle Mamiwata : « Pour ces jeunes aujourd’hui, on voit que l’audiovisuel, version numérique est en plein essor, mais je pense que ces jeunes ont besoin de voir ce qui se faisait avant pour aller de l’avant. »
Les quatre films de 1966 : - Le Sénégal et le Festival mondial des arts nègres, Le 3e Festival des arts, Sénégal an XVI et Voyage aux Antilles du Président Senghor -doivent être programmés dans différents festivals et les cinémas du Sénégal, avant que d’autres de ces films qui vont jusqu’à 1980 puissent être restaurés.
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Sun, 28 Apr 2024 - 985 - Centrafrique: Idylle Mamba célèbre 20 ans de carrière par un «retour aux sources» à Bangui
En Centrafrique, la chanteuse Ydille Mamba a bouclé vendredi 26 avril une série de deux concerts inédits à Bangui. Ces deux concerts organisés à l'Alliance française visent non seulement à couronner ses 20 ans de carrière, mais aussi à valoriser les anciennes chansons et les styles de musiques centrafricains encore méconnus à l'échelle mondiale.
Devant le podium éclairé par des jeux de lumière dignes des grands soirs, les fans agitent les mains, leurs téléphones allumés et des mouchoirs. La salle de l'Alliance française de Bangui, en République centrafricaine, est remplie de mélomanes venus savourer cet instant historique. Vêtue d’une robe rouge, celle qui se fait appeler « guerrière rouge » estime qu’il est important de « revenir aux sources, revenir au pays, revenir voir la famille. Ça fait déjà 20 ans que je suis dans ce métier de chanteuse, mais c'est la première fois d'être chez moi, faire un concert inédit comme j'ai toujours rêvé de le faire. C'est un grand plaisir pour moi. »
Révélée en 2004 comme lauréate de la chanson francophone organisée en Centrafrique, Ydille Mamba a été finaliste du prix Découvertes RFI en 2014. En 20 ans de carrière, elle a côtoyé les plus grands artistes mondiaux. Mais selon Alex Ballu, promoteur musical à Bangui, il était temps qu’elle revienne à la source. «C'est une artiste qui fait beaucoup d'efforts pour la culture centrafricaine en général et la musique en particulier. Après avoir rencontré des artistes de renoms comme Youssou N'Dour, Yelema, Lokua Kanza et sa participation aux différents festivals en Europe et en Afrique, c'est important pour elle d'organiser ce concert dans son pays », estime-t-il.
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« Je suis content d'être là pour soutenir mon artiste. C'est une initiative très encourageante de la part de cet artiste parce qu'elle vit en Europe. Elle a décidé de revenir nous offrir ce beau spectacle et je suis très content », raconte avec excitation Rostand, l'un de ses nombreux fans.
Autre particularité de son spectacle, Ydille Mamba a invité sur scène les musiciens centrafricains qui ont marqué les années 70, 80 et 90. Pour la chanteuse, il s'agissait de rendre hommage à « des anciennes gloires, ceux qui ont marqué la musique centrafricaine, ceux qui ont marqué mon enfance. J'ai voulu rendre hommage à ces icônes de la musique centrafricaine. Partagée cette scène avec eux, c'est juste magnifique. J'ai encore cette chance d'avoir quelques-uns vivants, donc il faut en profiter. Il faut qu'on les honore. À travers ces séries de concerts, j'ai voulu leur rendre hommage. »
Une soirée riche en couleurs. Le public est reparti satisfait, heureux d’avoir pu oublier, le temps d’un concert, les crises qui ont secoué le pays ces vingt dernières années.
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Sat, 27 Apr 2024 - 984 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: l’État de droit et la Constitution, fiertés du pays [3/3]
Le 27 avril 1994, tous les Sud-Africains étaient appelés à participer aux premières élections libres. Nelson Mandela allait être élu, mettant fin au régime d’apartheid. Une nouvelle Constitution serait ensuite écrite, protectrice de tous les Sud-Africains et présentée comme la plus progressiste du continent africain. La loi fondamentale est protégée par la Cour constitutionnelle, un monument important au centre de Johannesburg et dans le cœur de ses habitants.
De notre correspondant à Johannesburg,
C’est journée porte ouverte à la Cour constitutionnelle. Un groupe scolaire venu de Soweto, encadré par le Bukho Bami Youth Centre, prend place sur les bancs de la Cour. Les adolescents s’amusent à imiter les juges. Leur professeur appelle au calme et interroge ses élèves. L’un d’eux, Kamogelo Selemela, connaît très bien le rôle de la Cour constitutionnelle, même le nom de son président. « Si le gouvernement veut ajouter une loi à notre Constitution, il doit passer par les juges, comme Raymond Zondo. Et ils ne doivent pas seulement écouter le gouvernement, mais ils doivent aussi regarder les intérêts des citoyens Sud-Africains. »
Ses camarades l’applaudissent en claquant des doigts. Son professeur, Daluxolo Magamdela, y voit un rapport particulier des Sud-Africains avec la politique. « Pour eux comme pour les Sud-Africains, la politique joue un rôle très important dans leur vie, donc même de manière inconsciente, ils savent qui dit ça et qui fait quoi. »
Un lieu symbolique
La Cour constitutionnelle a été construite sur le site d’une ancienne prison où ont été brièvement incarcérés Mahatma Gandhi et Nelson Mandela. « Du pire peut naître le meilleur », souligne Lorraine Mhlari, guide touristique. « La Cour a été construite ici pour la rendre accessible et ouverte à tous. C’est un lieu de transparence pour montrer qu’il n’y a rien à cacher dans notre Constitution. »
La Cour constitutionnelle a beaucoup fait parler d’elle quand elle a condamné l’ancien président Jacob Zuma à 15 mois de prison pour outrage à la justice en juin 2021. Ce jugement était un signe d’indépendance, rappelle Lesego More, de la fondation Democracy Works. « Notre Cour constitutionnelle peut être saisie pour des affaires qui contestent les décisions de l’exécutif, du président et de son gouvernement. Et elle peut juger en défaveur du président. C’est la preuve d’une Constitution qui promeut l’État de droit, les droits de l’homme, qui tient les gens responsables de leurs actions. Et qui nous garantit des élections crédibles, c’est très important, donc c’est un document dont on est très fiers. »
Les prochaines élections auront lieu le 29 mai et la Cour constitutionnelle a déjà été saisie pour statuer sur la validité de la candidature de Jacob Zuma.
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Fri, 26 Apr 2024 - 983 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: quels résultats pour la politique de logements sociaux? [2/3]
Elles sont surnommées les « maisons RDP », du nom du programme phare de l’ANC lors des élections de 1994, le « Programme de reconstruction et de développement » : un plan visant à offrir des logements salubres aux populations maintenues dans la pauvreté sous l’apartheid, et à favoriser l’accès à la propriété. Il s’agit d’un des programmes de l’ANC les plus visibles, avec ces maisons bien reconnaissables, qui ont bourgeonné à l’extérieur des villes. Trente ans plus tard, cette politique de logement social quasi unique au monde a permis d’offrir un toit à des millions de Sud-Africains, mais elle a aussi connu des obstacles.
De notre correspondante à Johannesburg,
Selon les chiffres officiels, il existe désormais près de 3 millions de ces maisons RDP. Mais leur qualité ou leur taille ont pu décevoir alors que le gouvernement s’est vite fait dépasser par la demande. Sello, au chômage, a hérité du vieux logement social de sa mère décédée, une habitation qui n’a jamais été terminée.
Vous voyez, c'est à moitié fini, avec la chambre. Les briques s’arrêtent là, ils ont juste construit une chambre et des toilettes. Si on a l’argent, on peut finir, mais à l’époque ma mère n’avait pas de travail. Donc, on a complété avec de la tôle et du carton ici, pour protéger de la pluie et du vent. Quand il pleut, l’eau rentre quand même, c’est tout mouillé par là.
Une liste d'attente de plus d'un million de personnes
Si un foyer gagne moins de 170 euros par mois, il peut, en théorie, devenir propriétaire d’une de ces maisons RDP, de façon gratuite, et aura le droit de la revendre au bout de huit ans. Mais par exemple, dans la région autour de Johannesburg, il existe selon les autorités une liste d’attente de plus d’un million de personnes.
Lassé de patienter, Morgan, la cinquantaine, a fini par construire illégalement une maison en tôle sur un terrain vide.
J’avais bien déposé un dossier, il y a au moins 15 ans, et j’attends toujours, je ne sais pas ce qui se passe. Alors, je me suis construit cet abri, donc ça va. Mais je ne comprends pas pourquoi ils ne respectent pas leurs promesses. Il vaut mieux ne rien promettre du tout, plutôt que de faire des promesses en l’air. Maintenant, on demande des terres, et on construira nos propres logements, je pense que ce sera mieux.
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Une politique ambitieuse malgré les couacs
À d’autres endroits, ce sont des projets de maisons RDP en cours de construction qui ont été occupés de force. Le programme a donc connu des ratés, mais cela reste une politique généreuse et ambitieuse pour Johan Fourie, professeur d’économie à l’université de Stellenbosch.
On peut saluer le gouvernement pour avoir voulu aider le plus de gens possible, avec des contraintes budgétaires et des limites aux capacités à construire rapidement. Il y a, certes, des critiques autour de la façon dont cela a été fait : souvent, ces maisons RDP sont en périphérie des villes, et les gens doivent ensuite dépenser beaucoup en transports, pour aller travailler ou faire les courses. Ça les a placés dans une sorte de piège spatial. Aujourd’hui, on peut se dire que le gouvernement aurait dû faire ceci ou cela, mais je ne suis pas sûr qu’à l’époque, cela aurait été possible ou envisageable.
Des limites dont le président Cyril Ramaphosa a en tout cas bien conscience, puisqu’il a récemment promis vouloir s’assurer que les logements sociaux soient situés plus près des emplois et des services.
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Thu, 25 Apr 2024 - 982 - Trente ans de démocratie en Afrique du Sud: les échecs de la réforme agraire [1/3]
Il y a bientôt trente ans, le 27 avril 1994, les Sud-Africains participaient aux premières élections libres de leur histoire. Le scrutin allait signer la fin du régime d'apartheid et la victoire de Nelson Mandela et de son parti, l'ANC. Le régime d'apartheid et les gouvernements précédents avaient limité drastiquement l'accès à la terre pour les populations noires. Dès son élection, l'ANC a voulu réparer cette injustice en achetant des milliers d'hectares et en les redistribuant aux communautés spoliées. Trente ans plus tard, l'un de ses programmes n'a pas atteint ses objectifs.
De notre correspondant à Pretoria,
Portia Mdhlovu est invitée à monter sur scène pour partager son expérience. En 2010, l’État a racheté et redonné les terres que sa communauté réclamait. « Sous l’apartheid, ils ont exproprié les gens des fermes, car ils avaient conscience du potentiel économique de leurs terres. Nos grands-parents ont été déplacés dans les zones rurales où le sol n’était pas cultivable », relate Portia Mdhlovu.
Une fois la terre restituée, un conseil d’administration veille à l’exploitation de la terre au bénéfice de tous. Ici des terres agricoles, là des projets immobiliers qui génèrent des profits redistribués sous forme de revenus ou de bourses scolaires. C’est ce qui motive le collectif. « Tout le monde veut que ça marche. Ils partagent les mêmes objectifs, ils travaillent ensemble et ils impliquent toute la communauté », souligne Portia Mdhlovu.
Des problèmes rencontrés par les associations communales
Mais cet état d’esprit manque dans la majorité des associations de propriété communales, les structures qui reçoivent les terres. Seuls 7% d’entre elles fonctionnent correctement. Ces associations regroupent des centaines, parfois des milliers d’individus qui peuvent entrer en conflit, regrette le journaliste agricole Tiisetso Manoko, du magazine Food For Mzansi.
« Les principaux problèmes traversés par les associations communales, ce sont : une mauvaise gestion financière, une mauvaise gestion des ressources et des conflits d’intérêts. De nombreuses figures du monde agricole et même le gouvernement se demandent si on a vraiment besoin de ces associations », explique Tiisetso Manoko.
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Favoriser la propriété individuelle ?
Le parti d’opposition, l’Alliance démocratique, appelle à les supprimer pour favoriser la propriété individuelle. Il faut surtout ajuster le dispositif, défend Kgampi Bapela, spécialiste en développement agricole pour une filière du gouvernement, Industrial Development Corporation (IDC).
« Au lieu de donner les terres à tout le monde, il faudrait identifier des jeunes fermiers au sein de ces communautés prêts à exploiter la terre immédiatement », pense Kgampi Bapela. « C’est une chose de redistribuer la terre, mais s’il manque la technique, si les communautés ne sont pas préparées... Il faut une approche intégrée. »
Alors que ce programme fonctionne mal, le parti radical de l’EFF appelle à une réforme polémique : la nationalisation de toutes les terres.
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Wed, 24 Apr 2024 - 981 - Sénégal: à Dakar, le fléau des déchets plastiques perdure
Au Sénégal, les dégâts de la consommation débridée de plastiques jetables sont omniprésents, que ce soit dans les zones rurales comme dans les villes, et bien sûr à Dakar.
De notre correspondante à Dakar,
Un groupe d’employés municipaux et de citoyens volontaires balaye les rues de la commune de Fann-Point E-Amitié et entasse les déchets dans des brouettes. Au milieu des feuilles mortes, d’énormes quantités de plastiques viennent s’accumuler dans la collecte.
« C'est dégueulasse, ce n’est pas hygiénique. Ce sont des bouteilles d'huile qui viennent certainement des mécaniciens, on ne sait jamais... Ce sont aussi des sachets en plastique d’eau », souffle une employée, exaspérée.
Impossible d’éviter ces sachets, pour boire de l’eau ou pour faire ses achats ; ils sont ancrés dans les habitudes sénégalaises, ce que déplore Amadou Mbengue, responsable communal de la Sonaged, qui collecte les déchets. «Même en boutique pour acheter pour 25 francs de sucre, c’est [distribué] dans un sachet plastique. On est en train de surproduire des déchets plastique », s'alarme Amadou Mbengue.
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Pourtant, le pays a bien adopté en 2020 une loi interdisant tous les plastiques à usage unique, gobelets, couverts, sacs, mais sans suite. « La sanction manque dans ce pays. La sanction pécuniaire», martèle-t-il.
Problème environnemental et problème sanitaire
À Dakar, il y a aussi le phénomène des charretiers qui ramassent les ordures en dehors du circuit officiel, et les balancent dans la nature. Ces plastiques rejetés dans les rues et les océans posent un problème environnemental, mais aussi un problème sanitaire, comme l’explique le professeur Adams Tidjani, spécialiste des microplastiques, qui dirige aujourd’hui l’institut des métiers de l’environnement et de la métrologie.
« Quand il se dégrade, la chaîne du polymère, du plastique donc, devient des microplastiques. Et donc ce microplastique, à ce moment, peut être ingéré par les animaux, les animaux errants, comme dans la mer par les poissons», indique-t-il. «Donc, depuis quelque temps, on s'est rendu compte que dans nos assiettes, on retrouvait du microplastique. On ne sait pas quelles seront les conséquences de ce microplastique pour notre santé. »
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Le recyclage du plastique est encore balbutiant au Sénégal, seules quelques initiatives privées se penchent sur la question. Pourtant, c’est une piste à exploiter pour le professeur Tidjani. « Je suis convaincu qu’on peut faire beaucoup de choses. Mais ce ne serait possible que lorsque vous avez un "back-up", un laboratoire de recherche, parce qu'il faut faire des tests », explique-t-il. Et d'ajouter : « Par exemple : les clôtures de village ne sont pas bonnes, on peut en construire avec des plastiques, des bouées dans les mers. »
Deux cent cinquante mille tonnes de plastique sont jetées chaque année, à peine 30 000 sont recyclées selon le ministère de l’Urbanisme.
Tue, 23 Apr 2024 - 980 - Des Malgaches en route pour la Coupe du monde de parkour en France
Sport encore méconnu à Madagascar, le parkour est une discipline rattachée à la gymnastique qui consiste pour le « traceur » – nom donné à l’athlète – à franchir avec rapidité et technicité une série d’obstacles naturels ou urbains tout en réalisant des figures. Les quatre meilleurs traceurs malgaches s’envoleront bientôt pour la Coupe du monde qui aura lieu en France, à Montpellier, du 10 au 12 mai prochain, à condition d'avoir les fonds nécessaires pour payer leur voyage.
De notre correspondante à Antananarivo,
Les yeux rivés sur ses athlètes, Faliniana Antonio Dahefa, l’entraîneur, surveille le placement de tous leurs membres. Une main qui dérape, un pied qui accroche, et la course de vitesse – speed-run dans le jargon – peut rapidement se finir par une chute douloureuse sur l’un des obstacles en granit.
« Il y a beaucoup de préjugés encore sur ce sport, parce que c’est considéré comme dangereux et très urbain. Et du coup, nous, notre objectif, c’est de casser un petit peu ces préjugés. Parce que c’est un sport qui est vraiment accessible à tout le monde, filles comme garçons et qui peut s’apprendre à tout âge. On est conscients que c’est notre rôle de donner de la valeur à ce sport. Et c’est encore tout un défi. »
Ambiance bienveillante
Humbles, solaires, décontractés aussi. Les quatre Traceurs Gasy, du nom de leur équipe (trois garçons, une fille) qui s’apprêtent à concourir à la Coupe du monde de parkour, s’entraînent cinq fois par semaine, au côté des débutants, dans une ambiance bienveillante.
Ce jour-là, l’entraînement a lieu dans l’un des jardins de la ville, mis à disposition par la mairie. Les traceurs et traceuses utilisent le mobilier urbain pour répéter leurs figures. «Comment tu as trouvé le webster à la fin [salto avec élan sur un seul pied, NDLR] ? Je n’étais pas trop bas ? », demande l’athlète. « Le webster, ça a été», lui répond l’entraîneur.
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Salto avant, arrière, aerial twist 720, Toky Ranaivomanana, lunettes rondes vissées sur le nez, enchaîne les acrobaties au-dessus des pavés avec une facilité déconcertante. Le jeune homme de 21 ans a beau être champion de Madagascar en freestyle, les retours du coach sont essentiels à sa préparation. Celui qui est capable de sauter pieds joints, une hauteur d'1m60 sans élan, s’apprête à participer à sa seconde Coupe du monde. Il représentera la Grande Île dans les deux disciplines du concours : speed-run, et freestyle, sa favorite.
Faire briller l’Afrique
« Est-ce que c’est possible pour toi de faire un saut de chat à la place du saut tout simplement ?», demande le coach à Toky après sa démonstration. « Après le lasy [passage d’un obstacle les jambes d’abord, avec appui de la main sur l’obstacle, NDLR] tu veux dire ? - Oui, après le lasy, tu fais un costal[salto sur le côté, NDLR] pour atterrir sur l’autre obstacle. - Oui, je pense que je peux le faire... »
« Le jour J, c'est-à-dire pendant la compétition, j’espère bien faire tout ce qui est double vrille ou double costal, parce que ça peut me permettre d’obtenir de bonnes notes », souligne Toky Ranaivomanana qui poursuit : « Surtout, il faut que j’enchaîne très bien mes mouvements parce que ça compte aussi. Tout cet enchaînement, je l’ai, je le déciderai une fois sur place, à Montpellier, parce qu’on ne peut pas prévoir à l’avance les obstacles qui seront installés. »
Madagascar est l’un des rares pays du continent à présenter des athlètes. Avec sa participation, l’équipe malgache espère bien montrer son talent et faire « briller l’Afrique », dit-elle. Une participation encore conditionnée à la récolte de fonds : une cagnotte en ligne vient d’être lancée pour permettre aux Traceurs Gasy de vivre leur aventure.
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Mon, 22 Apr 2024 - 979 - Tunisie: «Lost in Tunis», un projet photo sous le regard d'un jeune passionné
Dans la vie, Mourad Ben Cheikh Ahmed travaille dans la finance. Sur ses pauses déjeuner et son temps libre, il explore la ville de Tunis qu’il mitraille de son appareil photo pour le plus grand bonheur des près de 100 000 internautes qui suivent ses aventures sur Facebook. La capitale tunisienne – dont la médina est classée patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco – regorge de pépites architecturales délaissées qu’il tente de retenir en photos.
Sun, 21 Apr 2024 - 978 - À Abidjan, le monde entier vient programmer les arts du spectacle africain
Le Marché des arts du spectacle africain d'Abidjan (MASA) est un marché professionnel couru dont le point d’orgue cette année a été les rencontres «B to B», en tête-à-tête entre artistes, musiciens, comédiens, conteurs ou danseurs et des professionnels, propriétaires de salle ou programmateurs de festival. Point d’orgue, car ce jeudi matin, jour des rendez-vous pro, la salle des rendez-vous n’a pas désempli… Résultat, 300 à 350 rendez-vous professionnels en une matinée.
Cette année, à Abidjan en Côte d'Ivoire, de mémoire de MASA, on avait jamais vu autant de monde. Une vraie ruche avec des rendez-vous toutes les douze minutes en tête-à-tête dans la salle Christian Lattier. « Cette fois-ci, les chiffres ont été triplés ! s'exclame Ousmane Boundanoé, co-organisateur de ces rencontres professionnelles. Nous sommes passés d'une trentaine à près de 115 programmateurs ou d'acheteurs de spectacles qui viennent de tous les continents : de la Corée, du Japon, de la Chine, de presque-toute l'Europe, des États-Unis, du Canada, des pays d'Afrique notamment anglophone, Kenya, Afrique du Sud... », énumère-t-il avec fierté.
Un succès qui est aussi lié au système informatique mis en place : « Les inscriptions sont faites depuis près d'un mois à travers une plateforme qui a très bien fonctionné. En fonction de la discipline, ils prenaient des rendez-vous et les rendez-vous ont généré des agendas. Nous, nous étions chargés de faire en sorte qu'ils puissent se voir physiquement et qu'ils puissent échanger sur les propositions qu'ils ont eues et aussi sur les intérêts des autres », détaille Ousmane Boundanoé.
À écouter aussiAu MASA d'Abidjan, artistes et spectateurs font leur marché
Et c’est ainsi qu’un Ouagalais, Boniface Kagam-Bega, directeur du festival « Rendez-vous chez nous » a rencontré pour la première fois une troupe de danseur bobolais à Abidjan : « J'avais entendu parler du spectacle, mais je ne l'avais pas vu. Ils viennent de Bobo-Dioulasso. Au-delà du handicap, c'est un spectacle avec des sourds-muets que j'aimerais vraiment programmer en novembre au Burkina Faso. Moi, je suis à Ouagadougou. Le chorégraphe, je l'ai raté à Lyon il y a quelques mois. La dernière fois, je lui disais : "Bon, c'est Abidjan qui va nous permettre de nous rencontrer et que Bobo-Dioulasso vienne jouer à Ouagadougou», raconte-t-il, amusé.
L’un des problèmes majeurs de ces négociations de contrats, c'est le coût du transport pour aller jouer à l’étranger. Comme l'explique Manandilu Zanatzua, du groupe de musiciens malgaches Masabao : « Concernant le déplacement, les programmeurs disent toujours "Madagascar, c'est un peu loin". Donc, on a des problèmes de transports comme cela. »
Pour aider les artistes de la sélection MASA, les organisateurs ont décidé de mettre en place un Fonds d’aide à la mobilité qui permettra de participer au coût du transport. C’est ainsi que les Ivoiriens du groupe Zolo de Koriani, près d’Odienne, partiront en mai prochain à Caracas pour montrer aux Vénézuéliens leur technique de danse patrimoniale.
■ Le Circus Baobab triomphe avec son spectacle Yongoyély
C’était l’une des spectacles les plus attendus au Masa d’Abidjan jeudi 18 avril. La troupe guinéenne de Cirque « Circus Baobab », l’une des compagnies pionnières et majeures du continent, a présenté son tout nouveau spectacle « Yongoyéli ». Une performance d’acrobates féminines pleine d’espoir et de joie autour d’un sujet grave : l’excision.
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Sat, 20 Apr 2024 - 977 - Tchad: ces réfugiés soudanais qui tentent de rejoindre l’Europe [5/5]
Alors que la réponse humanitaire manque de financement pour assurer la relocalisation et l’aide de base aux réfugiés qui ont fui les combats, les massacres et désormais la faim qui sévit au Soudan, ces derniers sont de plus en plus nombreux à poursuivre leur route, vers le nord du Tchad ou même vers l’Europe.
De notre envoyé spécial à Farchana,
À Farchana, au Tchad, dans le premier camp de réfugiés soudanais, on rencontre les anciens, ceux qui ont fui la guerre des années 2000 au Darfour et n’ont pas pu rentrer chez eux. Avec l’arrivée de près de 600 000 nouveaux Soudanais cette année, les humanitaires ont dû réduire l’aide jusqu’ici distribuée, poussant les plus jeunes à prendre la route, indique Mahamat Aladine : « Les jeunes quittent le camp pour chercher de l’or à Kouri Bougoudi dans le nord du Tchad. Ils y travaillent parfois plusieurs années dans des conditions extrêmement difficiles. Ils descendent dans des trous à plus de 100m de profondeur et, parfois, ont dû faire des mois sans rien trouver. La vie y est très chère et il n’y a presque pas d’eau... »
Ceux qui survivent aux éboulements et parviennent à se faire un petit pécule poursuivent leur route. Mahamat Khamis Ismail est professeur. Il a vu partir nombre de ses élèves. « On a perdu tellement de jeunes, c’est dramatique... Plus de 100 personnes de la communauté sont mortes dans la mer Méditerranée. Même mon petit frère est parti. On s’est cotisé pour lui payer le voyage vers Kouri Bougoudi, il a trouvé un peu d’or et il est parti en Libye, mais là-bas, il s’est fait arrêter par la police avant de pouvoir traverser vers l’Europe. On a donné tout notre argent pour le faire libérer, mais depuis on a plus de nouvelles. Pour les jeunes, au Soudan, c'est la mort, au Tchad, c'est la misère, alors qu’est-ce qu’il leur reste ? Ils préfèrent mourir au cours du chemin que de ne pas tenter », se lamente-t-il.
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Ces mouvements devraient s’accentuer, notamment vu les conditions d’accueil au Tchad et surtout vu les profils des nouveaux réfugiés soudanais venus des grandes villes du Darfour comme El Geneina.
«Les personnes qui sont des étudiants, des médecins, des avocats, des enseignants et qui sont restées dans des sites de réfugiés fait qu'il y a un désespoir qui cause un déplacement vers l'Europe, explique Jerome Merlin, représentant adjoint au Tchad du HCR, l'Agence des Nations unies pour les Réfugiés. On va dire que le Tchad est un peu une digue dans cette région. Mais si cette digue lâche, bien sûr qu'il pourrait y avoir des mouvements d'ampleur dans la sous-région et au-delà de la sous-région, notamment vers l'Europe. »
« L’Europe est composée de grands pays bien plus riches que le Tchad, elle devrait prendre sa part… » estime, quant à lui, Mahamat Aladine. Selon le HCR, 6 000 réfugiés soudanais sont déjà arrivés en Italie depuis le début du conflit, soit près de six fois plus que l’année précédente.
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Fri, 19 Apr 2024 - 976 - Tchad: l'hygiène, le combat quotidien des réfugiés soudanais à Adré [4/5]
À la frontière tchado-soudanaise, les humanitaires tentent de bâtir au plus vite des camps pour accueillir les réfugiés, sans parvenir à tenir le rythme face à des arrivées qui sont constantes. La ville frontalière d’Adré se retrouve ainsi débordée, et l’assainissement du site – qui abrite encore 150 000 personnes selon les autorités – représente un véritable défi, alors que plus de 1 600 cas d’hépatite E ont été déclarés.
De notre envoyé spécial,
Ce soir, dans la petite ville d'Adré, au Tchad, les équipes de Médecins sans frontières (MSF) dispensent une formation aux femmes enceintes, la population la plus vulnérable à l'hépatite E. Une maladie que l'on combat par l'hygiène, nous explique Aristide Kelly, responsable médical, qui énumère les solutions dispensées : « Il faut se laver les mains avant de manger, il faut se laver les mains lorsqu'on est passé par les latrines, il faut bien laver les légumes et les fruits, c'est la contamination de l'eau et des aliments...» Selon lui, « un seul cas peut, via ses excréments, contaminer un point d'eau si, justement, les mesures ne sont pas prises. Il faut assainir ce milieu-là. »
La gestion des latrines, c'est le domaine de Léopold Rojon qui nous amène à l'extrémité du camp pour nous présenter deux grands trous dans le sol. « C'est la base de la fosse d'une latrine que l'on vient consolider avec des sacs de sable pour ensuite la vidanger. On coule une dalle en béton et on bâche tout ça, on construit une porte et on a notre latrine qui est là. On évite la contamination par les eaux de ruissellement, on assainit le camp... C'est un des moyens de prévenir les maladies », explique-t-il méthodiquement.
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Le site spontané de réfugiés d'Adré dispose actuellement d'une latrine pour 677 personnes, la norme minimale étant d'une pour 80 personnes... Tandis que le jour décline, une petite foule se forme autour du point d'eau géré par MSF qui, chaque jour, distribue près d'un million de litres. Michel Daamon Daïkreo s'occupe de l'assainissement du camp et de son approvisionnement en eau potable, ce qui, de son propre aveu, « n'est pas une mince affaire...»
Il utilise une solution chlorée pour désinfecter son bidon avant de le remplir au robinet alimenté par une immense poche d'eau de 15 000 litres. Celle-ci suffit aux besoins du camp uniquement durant deux heures trente, affirme-t-il. « Il faut cinq fois cette grande poche d'eau par jour. » Ici, on distribue « entre huit et dix litres d'eau par jour et par personne. Sachant qu'il faut vingt litres» en situation normale, explique-t-il. Ainsi, les habitants du camp ne reçoivent que la moitié de leurs besoins en eau, « à la fois pour boire, pour faire la vaisselle, pour se laver, etc. C'est insuffisant. » Dès lors, maintenir un niveau d'hygiène suffisant pour se préserver des maladies représente un défi quotidien pour les familles.
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Thu, 18 Apr 2024 - 975 - Tchad: la difficile intégration des nouveaux réfugiés soudanais [3/5]
Si l’immense majorité des Tchadiens accueillent à bras ouverts ces réfugiés soudanais, la pression exercée sur les maigres ressources de la région provoquent quelques tensions, notamment avec les « anciens » réfugiés soudanais, qui étaient déjà plus de 400 000 installés dans la région depuis le début du conflit au Darfour dans les années 2000.
De notre envoyé spécial à Farchana,
Du haut du rocher qui surplombe la plaine, on distingue le premier camp des années 2000 avec ses airs de petit village, les nouvelles maisonnettes en paille construites en 2023 et les toutes dernières extensions faites de bâches et de taules où s’est installée la famille d’Hatim Abdallah Al Fader.
« Bon, ce n’est pas si mal... Après tout, il faut comprendre que c’est un abri d’urgence alors quand il fait chaud dehors il fait chaud dedans et pareil quand il fait froid», relativise Hatim Abdallah Al Fader. «Il n’y a qu’une seule fenêtre donc l’air ne peut pas vraiment circuler. Mais ce n’est pas grave parce que c’est temporaire. J’espère que je ne vais pas rester ici trop longtemps, car mes enfants ont besoin de faire des études, c’est ça ma priorité», explique-t-il.
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« J’ai tout fait moi-même »
En deux semaines, cet ancien consultant a déjà construit sa clôture et un auvent. Comme lui, près de 12 000 réfugiés ont été relocalisés sur ce site aride et balayé par les vents.
Harmra Adam Mahamat et ses six enfants vivent ici depuis près d’un an. Depuis que des hommes en armes ont dévasté son village, elle n’envisage plus de rentrer. D’épais murs en briques protègent sa maison de la canicule. « Ah non, ce n’était pas comme ça du tout comme ça quand je suis arrivée ! La bâche, les voleurs peuvent la couper pour rentrer dans la maison, et la paille, elle risque de prendre feu », s’exclame-t-elle. « Oui j’ai tout fait moi-même, ça m’a pris quatre mois, car pour trouver de l’eau pour faire les briques, c’est tout un problème dans cette région. Maintenant je suis en train de construire des toilettes, cela va tout changer », espère Harmra Adam Mahamat.
À écouter aussiUn an après le début du conflit, les réfugiés soudanais fuient désormais la faim [2/5]
Des distributions pour les nouveaux réfugiés au détriment des plus anciens
Faute de financements, le Programme alimentaire mondial a dû couper les distributions prévues pour les « anciens » au profit des nouveaux réfugiés, plus démunis encore. Mahamt Khamis Ismail, les cheveux blancs, le regard doux, fut parmi les premiers arrivés sur le site. « Certains anciens ne comprennent pas cette différence de traitement, ils disent que nous sommes tous des réfugiés et que donc nous devons tous être traités de la même manière et recevoir la même chose. Cela a créé quelques problèmes, il y a eu des violences, quelques anciens ont attaqué les nouveaux pour piller les vivres, mais l’armée est intervenue et ils sont en train de régler ça. »
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« Pour ma part », conclut cet enseignant de 47 ans, « je pense qu’il faut donner aux nouveaux dont les blessures sont plus fraîches. Les nôtres sont plus anciennes même si tout aussi douloureuses. »
Wed, 17 Apr 2024 - 974 - Un an après le début du conflit, les réfugiés soudanais fuient désormais la faim [2/5]
Au Soudan, cela fait maintenant un an qu’Abdel Fattah al-Buran et Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », les deux généraux qui dirigeaient ce pays d’Afrique de l’Est, ont engagé toutes les forces dans une lutte à mort pour le pouvoir, plongeant une nation entière dans le chaos. Le conflit a fait des milliers de morts, essentiellement des civils, et plus de 8 millions de déplacés, provoquant l’une des pires crises humanitaires au monde selon les Nations unies. L’insécurité alimentaire, qui touche 18 millions de personnes, a atteint le niveau 4, le niveau de faim le plus grave jamais enregistré dans le pays, et celui qui précède l’état de famine. Au Tchad voisin, les réfugiés soudanais continuent d’arriver, mais après les combats, ils fuient désormais la faim.
Tue, 16 Apr 2024 - 973 - Les survivants de la société civile soudanaise collectent les preuves du nettoyage ethnique en cours [1/5]
Il y a un an jour pour jour, Abdel Fattah al-Buran et Mohamed Hamdan Daglo, dit « Hemedti », les deux généraux qui dirigeaient ce pays d’Afrique de l’Est, ont engagé toutes les forces dans une lutte à mort pour le pouvoir, plongeant une nation entière dans le chaos. Un an plus tard, toutes les tentatives de médiation ont échoué. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils, et plus de 8 millions de déplacés, provoquant l’une des pires crises humanitaire au monde selon les Nations unies. Dans la région du Darfour, au sud-ouest du pays, se déroule selon les experts un véritable « nettoyage ethnique », que les victimes qualifient même de « génocide ». L’accès à la zone est impossible aux journalistes et aux enquêteurs, mais les survivants de la société civile soudanaise tentent, au péril de leur vie, de collecter des preuves dans les camps de réfugiés du Tchad.
Mon, 15 Apr 2024 - 972 - Nigeria: paroles d'anciennes filles de Chibok, 10 ans après leur enlèvement
Dans la nuit du 14 au 15 avril 2014, 276 lycéennes âgées entre 15 à 18 ans, pour la plupart chrétiennes, étaient enlevées dans leur internat public de Chibok par le groupe armé Boko Haram. Alors qu'elles faisaient la une de l'actualité dans le monde entier il y a encore sept ans, les filles de Chibok sont retombées dans l'oubli depuis, avec la banalisation des enlèvements de masse au nord-est et surtout dans le nord-ouest du Nigeria. Témoignages d'Amina Nkeki et Jummai Metuh, qui ont vécu ce spectaculaire kidnapping d'avril 2014, puis plusieurs années de séquestrations.
De notre envoyé spécial à Yola,
Dans son logement une pièce de Yola, Amina Nkeki apprécie la liberté d'élever sa fille Patience, née en captivité d'un père membre de Boko Haram. Bénéficiant d'une aide fédérale, Amina a trouvé son équilibre en reprenant ses études. Mais les enlèvements en 2024 dans des écoles du nord-ouest du Nigeria replongent Amina dans un cauchemar sans nom.
«Les enlèvements et les séquestrations se poursuivent dans ce pays. N'y a-t-il pas de dirigeants dans ce pays ? Ils ne prennent aucune mesure pour lutter contre l'insécurité. Je ne cesse de me demander quand tout cela va s'arrêter. »
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« J'ai pardonné aux membres de Boko Haram »
Pour Jummai Mutah, chaque enlèvement de masse est une douloureuse épreuve. Maman d'une petite Zoey, elle est soulagée de vivre en sécurité à Yola, loin de Chibok, toujours sous la menace de Boko Haram. Pourtant, Jummai confesse ne plus en vouloir aux responsables de sa séquestration :
«J'ai déjà pardonné aux membres de Boko Haram. Mais Dieu dit de pardonner et d'oublier. Certes, j'ai pardonné, mais quant à oublier... Je demande encore à Dieu pour qu'il me fasse oublier tout le passé. Car je sais que même si je dis que je pardonne, je ne peux pas oublier. »
La quête de paix sans passer par la Justice
Jummai se rmémore encore la forêt de Sambisa et la dramatique malnutrition durant sa captivité. Aujourd'hui remise physiquement, Jummai se sait fragile mentalement. Pour être en paix, elle n'envisage pas de recourir à la justice pour réparer ses années de jeunesse perdues :
« Nous ne sommes pas les seules à avoir connu ce genre de situation au Nigeria. Je sais que la justice fait son travail. Mais même si j'essaie, je ne pourrais pas gagner un procès. Alors, que puis-je faire ? »
Et comme Amina, l'école est la rare institution nigériane à laquelle Jummai croit encore. Dans deux ans, elle compte bien inscrire sa petite Zoey en maternelle.
Sun, 14 Apr 2024 - 971 - Ghana: BuzStopBoyz, une initiative pour débarrasser Accra de ses déchets
Accra, capitale du Ghana, ses cinq millions d’habitants et ses milliers de tonnes de déchets produites quotidiennement... En manque d’infrastructures et de logistique, la ville voit ses rues polluées de plastiques et déchets ménagers. Pour aider à rendre Accra plus belle, un collectif s’est créé : les BuzStopBoyz. Une association d’une centaine de bénévoles, en soutien d’un système qui nécessite une meilleure régulation.
Sat, 13 Apr 2024 - 970 - Éthiopie: Fetiya Ousman, une ranger au service des éléphants et de la population
Nous nous rendons dans l’est de l’Éthiopie, au sud d’Harar, au sanctuaire de Babille qui compte près de 300 éléphants. En 50 ans, la population des éléphants y a diminué de moitié. Mais elle remonte depuis cinq ans, grâce à une vraie politique de protection. La première femme ranger du parc, Fetiya Ousman, a été récompensée en 2023 par le prix international du ranger. La pression démographique y accentue les tensions entre les communautés et les animaux autour des ressources naturelles de plus en plus rares. Des menaces multiples que Fetiya doit gérer au quotidien.
De notre correspondante à Addis Abeba,
Sous un immense acacia, Fetiya Ousman observe les traces laissées par les éléphants. « Quand le soleil devient très chaud, les éléphants restent sous l’arbre pour avoir de l’ombre après avoir mangé et marché», indique-t-elle. «Ils peuvent faire beaucoup de chemin, plusieurs kilomètres. Ils peuvent aller très loin pour trouver les grands arbres. C’est pour cette raison qu’ils sont partis.»
Ce jour-là, nous ne parviendrons pas à rencontrer les animaux stars du parc de 6 892 hectares. Car les hommes s’y installent de plus en plus. Ils coupent les arbres pour en faire du charbon, et construire des abris.
« Les habitants du parc ne contrôlent pas les naissances, donc ils ont beaucoup d’enfants. Ils ont alors besoin de plus de terres. Ils viennent s’installer près de la rivière qu’il y a dans le parc », explique Fetiya Ousman, et ce, malgré le risque.
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Travail de prévention
Depuis septembre, 13 personnes sont mortes, tuées par des éléphants. Ce qui amène parfois les familles à se venger et les tuer. Si la plupart des habitants ont appris à vivre avec les mammifères géants, Fetiya continue son travail de prévention.
« Nous prenons soin de nos animaux, de leur écosystème. Je ne leur donne pas seulement des informations, je leur rappelle les règles, la loi. Je leur dis que c’est illégal d’être ici. Ce n’est pas simple pour moi de leur dire directement, donc c’est bien que le gouvernement nous aide à le faire, car eux représentent la loi », soutient la ranger.
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En quête d'équilibre
Le gouvernement régional a récemment donné raison aux rangers en sauvant 200 hectares de terres que des investisseurs voulaient accaparer. Un soutien de taille pour Fetiya, qui tente de trouver un équilibre avec les différents acteurs, comme Ahmed Hassan, chef d’un village installé illégalement.
« Elle travaille vraiment bien, elle a de bonnes idées. Elle équilibre tout. Elle s’inquiète de tout, des ressources, des animaux, des personnes », affirme Ahmed Hassan. Fetiya dirige une équipe de 61 rangers. Ses collègues aussi l’apprécient : « Elle agit comme un homme, elle passe beaucoup de temps avec nous. C'est notre modèle et aussi notre cheffe, mais on ne le ressent pas. »
Une figure inspirante, mais en proie aux sacrifices
Être une femme ranger représente beaucoup de sacrifices. « Mon mari m’a demandé de quitter mon travail. Il m'a dit : ''Tu es la femme de quelqu’un, tu ne peux pas aller te promener avec d’autres rangers dans les montagnes.'' Mais j’ai décidé ce ne pas arrêter. »
Son mari l'a quittée et laissée seule avec son fils. Malgré la pression sociale, Fetiya Ousman inspire d’autres femmes qui postulent pour devenir ranger. Cinq font partie de l’équipe aujourd’hui. Ambitieuse, Fetiya a repris ses études à distance pour prétendre au poste de directrice du parc.
Fri, 12 Apr 2024 - 969 - Benjy Axel, l'artiste engagé contre les maux de la Centrafrique
En Centrafrique, Benjy Axel, de son vrai nom Benjamin Axel Josias, est un artiste engagé qui fait de la musique pour conscientiser ses compatriotes dans un pays qui a connu de multiples crises. Ce jeune de 27 ans révolutionne la musique centrafricaine avec sa voix, son énergie et ses textes qui parlent des maux qui minent le développement de la Centrafrique.
De notre correspondant à Bangui,
Entouré des membres de son équipe constituée de chanteurs et danseurs, Benjy Axel nous donne rendez-vous à sa répétition. Dans cette grande salle, c’est une musique engagée qui raisonne en écho.
Benjy Axel a commencé la musique en 2018 dans le groupe Bantou Squad avant de se lancer dans une carrière solo en 2021. Il s’est imposé avec plusieurs titres, dont « Mâ Béa », qui cartonne en ce moment. « Je suis un artiste qui conscientise. La musique, c'est un canal que j’utilise pour parler à mes frères centrafricains. Le titre "Mâ Béa"est un titre purement conscient qui interpelle les centrafricains à prendre conscience. Chacun doit s’investir à fond pour le développement de notre beau pays, la RCA », explique le chanteur.
Un artiste engagé
Ce style lui a valu le prix de meilleure révélation en 2023 aux Tongolo Awards, qui récompense les talents centrafricains. Dans un pays en crise comme la République centrafricaine, Cyrus, l’un de ses plus grands fans, pense que la RCA a besoin de ce genre d’artiste.
« C’est un artiste très talentueux. Benjy Axel parle de ce qui ne va pas dans le pays et en même temps, il donne des solutions de manière comique pour apaiser les tensions. Il va aller très loin dans sa carrière, à condition qu’il se fasse entourer par un bon manager et une bonne équipe de communication », se réjouit Cyrus.
Lancement
Et cette équipe est déjà en place avec des projets concrets pour la société centrafricaine. « Benjy Axel a commencé avec un projet pour défendre les causes des enfants de la rue. Il travaille aussi sur un projet qui lutte pour l’égalité de genres en Centrafrique. Il est actuellement en studio pour sortir une chanson qui va sensibiliser les gens sur les discours de haines et les méfaits de la désinformation qui tuent actuellement la société centrafricaine », précise Marius Gamando, l’un des managers du chanteur.
Pour conquérir le monde, Benjy Axel s’invite au festival international Afro Beat au Burkina Faso. « Avec mon équipe, on a établi beaucoup de plans pour cette année. Ça commence à porter ses fruits avec première invitation au festival international de musiques urbaines à Ouagadougou du 18 au 21 avril 2024. Et après, nous allons organiser un grand concert au pays », annonce l'artiste.
Âgé de 27 ans, il se dit inspiré par des artistes tels qu'Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly ou encore Lokua Kanza, qui, comme lui, ont porté des messages engagés pour l’émancipation du continent africain.
À lire aussiTout ce que l'art crée comme convergences entre l'Afrique et ses diasporas
Thu, 11 Apr 2024 - 968 - Retour des réfugiés en Centrafrique [3/3]: la difficile réintégration dans les villages
En Centrafrique, les crises militaro-politiques de 2013-2017 ont provoqué le départ de plus de 600 000 personnes vers les pays voisins. Ces dernières années, alors que la situation sécuritaire s'améliore progressivement, plus de 35 000 réfugiés ont décidé de se réinstaller dans leurs localités. Ils bénéficient de projets socioprofessionnels de réintégration, mais cette aide est mal vue par la population restée sur place, qui la perçoit comme une injustice. Pour apaiser cette réintégration et faire en sorte que la cohabitation reste pacifique dans les grandes villes et villages, les autorités locales et le HCR mettent en place des actions.
De notre envoyé spécial à Béloko,
Jeudi 14 mars, il est 12 heures à Béloko, ville frontière avec le Cameroun. Une foule d’hommes, de femmes et d’enfants chantent en signe de bienvenue. Les larmes de joie coulent sur les visages quand le convoi à bord duquel se trouve plusieurs centaines de réfugiés centrafricains traverse la frontière.
Gabriel, un habitant de Béloko, n’a pas hésité à venir accueillir ses compatriotes. « Je suis ému de les voir retourner au pays après des années. En ce moment, la RCA a besoin de ses fils et filles. Ensemble, nous allons serrer les coudes pour développer notre cher et beau pays », témoigne-t-il.
Les émotions se succèdent. Dans le bus, Mariama, 23 ans, agite les drapeaux centrafricains et camerounais. Après cinq ans au Cameroun, elle est enthousiasmée de revenir sur la terre de ses ancêtres. « Dans le camp de réfugiés, nous avions de la nourriture, de l'eau potable et des soins de santé. Nos enfants fréquentaient de bonnes écoles. Même si nous étions bien traités, j'ai senti qu'il y avait quelque chose qui manquait. C'est cette forte envie de revenir au pays où on se sent mieux que chez soi », se réjouit-elle.
Retour au pays
Non loin de cette immense foule qui savoure cet instant historique, certains habitants ne voient pas d'un bon œil ce rapatriement. Devant sa boutique de commerce général, Rodrigue partage le riz et du café avec ses camarades. « C'est une bonne initiative parce que ce sont des compatriotes qui reviennent au pays. Mais je ne peux pas cacher mon inquiétude, explique-t-il.La vie est dure et nous avons tous besoin d’aide et de travail. Je constate que les activités socioprofessionnelles de réintégration ne concernent que les rapatriés. Nous aussi, nous avons besoin d'aide pour relancer notre vie. »
Opérateur économique avant la crise, Amadou est heureux de revenir au pays dans l'espoir de reprendre ses activités, mais après dix ans, il a aussi peur de l'inconnu. « Tout ce que je veux, c'est une cohabitation pacifique avec mes frères qui sont restés au pays. Je demande aux autorités de trouver une solution favorable et durable pour tout le monde. La nation a besoin de tout le monde. »
Des dispositions sécuritaires sont prises par les forces de l'ordre pour une réintégration apaisée dans toute la Nana-Mambéré. Les autorités locales et le HCR ont également mis en place des programmes de sensibilisation dans les quartiers, villes et villages pour décrisper les tensions et faciliter une cohabitation pacifique.
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Wed, 10 Apr 2024
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