Nach Genre filtern
Chaque semaine, les reporters du service politique de RFI proposent une chronique de la vie politique détachée de l’actualité immédiate. Une chronique de reportage ou bien de décryptage, issue de leurs propres observations sur le terrain des leaders et de l’activité des partis qu’ils couvrent. La politique vue sous un angle original, pour éclairer parfois les coulisses, dresser des portraits ou bien approfondir un point d’actualité traité de manière plus factuelle à l’antenne.
- 137 - RN: la popularité de Jordan Bardella est-elle une menace pour Marine Le Pen?
A moins d’un mois des Européennes, la liste de Jordan Bardella caracole toujours en tête des intentions de vote, autour de 30 %, loin devant les autres listes. La popularité du jeune patron du Rassemblement national aussi est au plus haut. Jordan Bardella est notamment à la deuxième place dans le classement des personnalités politiques du baromètre Elabe pour « Les Echos », paru il y a 10 jours. Alors, Marine Le Pen devrait-elle s’inquiéter de la popularité de son poulain?
Elle le répète à longueur d’interview. La patronne des députés du RN a un objectif : entrer à l'Elysée. Triple candidate à la présidentielle, elle se voit déjà rempiler et se considère comme la candidate naturelle de son camp pour 2027. Mais que se passera-t-il si Jordan Bardellaest mieux placé qu'elle dans les sondages, quelques mois avant le scrutin?
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Pour l'instant, ce n'est pas le cas. « Mais on se prépare à une inversion des courbes », avoue un proche de Marine Le Pen. Autrement dit que l'élève finisse par dépasser les intentions de votes de son maître pour la présidentielle. Mais le scénario ne changerait pas pour autant : Marine Le Pen à l'Elysée, Jordan Bardella à Matignon. « Jordan peut très bien être mieux placé que Marine dans les sondages mais tant qu'il n'est pas candidat, ça ne change rien », évacue un député mariniste.
Et sur ce point, tout le monde est d'accord au RN : le jeune Bardella ne grillera pas la priorité de celle qui l'a placé au sommet. À plus forte raison dans un parti qui a connu plusieurs trahisons notoires dans le passé. Et puis, personne ne suivrait le patron du parti, à en croire un membre de l'exécutif du RN. « Jordan Bardella n'a pas d'entourage, pas de cadres prêts à le suivre dans une aventure aussi risquée, selon un habitué des réunions stratégiques. Et puis ce n'est pas son moment. L'intérêt de Jordan, c'est le temps long ! »
« Il faut qu'elle continue à exister dans les médias et sur le terrain »
Néanmoins, l’entourage de la leader (pour le moment) incontestée du parti se méfie. « Il faut continuer à exister dans les médias, sur le terrain aussi », lui auraient récemment conseillé au moins deux de ses proches, selon nos informations. Faut-il y voir un lien ? Marine Le Pen, très discrète ces derniers mois, était partout la semaine dernière. Sur BFMTV lundi matin, dans sa circonscription le 8 mai, dans l'Aube le lendemain. Elle a même fait une apparition surprise à un meeting de Jordan Bardella, en Moselle, mardi soir. Mais son bras droit à l’Assemblée, le secrétaire général du groupe RN, Renaud Labaye, tempère : « Cette implication accrue de Marine dans la campagne est stratégique, elle est là pour appeler à la mobilisation. Cette accélération était prévue de longue date. »
À l’heure actuelle, la candidature de Marine Le Pen en 2027 n’est donc pas remise en cause dans le parti à la flamme. Sauf si elle se retrouvait empêchée. L’ex-députée européenne sera jugée à l'automne dans l'affaire des emplois présumés fictifs à Strasbourg. Et elle risque notamment une peine d'inéligibilité : être interdite de se présenter à une élection. Auquel cas, tout deviendra possible pour Jordan Bardella.
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Sun, 12 May 2024 - 136 - Jeux olympiques: Emmanuel Macron joue gros
Les Jeux olympiques, c’est le temps fort de l’année 2024 pour la France et pour Emmanuel Macron. Le président va se rendre à Marseille, le 8 mai, pour accueillir la flamme. C'est le début du marathon olympique d'Emmanuel Macron.
Un marathon au cours duquel aura lieu une baignade car c'est la promesse emblématique d'Emmanuel Macron, il doit se baigner dans la Seine. La Seine où doivent se dérouler la cérémonie d'ouverture mais aussi des épreuves olympiques, la Seine jusqu'ici bien polluée et qui doit devenir « baignable » d'ici à l'été. Le président de la République veut s'en porter garant et a donc annoncé qu'il y ferait un petit plongeon avant l'ouverture des Jeux. Quand exactement ? À l'Élysée, on ne communique pas encore sur cette date stratégique.
Pour les Jeux olympiques, Emmanuel Macron donne donc de sa personne car il veut en faire un moment exceptionnel. L'ambition c'est que Paris accueille en 2024 « les plus beaux Jeux jamais organisés ». Une ambition élevée mais « atteignable », juge-t-on dans les coulisses du pouvoir.
Faire passer des messages positifs
Emmanuel Macron mise beaucoup sur les JO. C’est pour cela que le président suit toutes les étapes préparatoires de très près. Il est en relation constante avec le comité d'organisation, il donne son avis, rend des arbitrages. C'est le gardien des ambitions. Les Jeux olympiques, Emmanuel Macron ne veut pas les rater car c'est l'occasion pour lui de faire passer des messages positifs dans une période qui ne l'est pas, de rendre fiers les Français, de leur donner à voir une France qui peut gagner, une France dynamique, sportive.
C'est aussi le moment idéal pour promouvoir l'image de la France dans le monde car tous les regards vont être tournés vers Paris. Emmanuel Macron va d'ailleurs en profiter en organisant un sommet international avec plus d'une centaine d'États représentés, le 25 juillet juste avant l'ouverture des Jeux. Il saisira aussi l'opportunité du passage de personnalités politiques ou économiques dans la capitale à cette période pour organiser des rencontres.
Quel est l'enjeu politique de ces Jeux pour le président ?
C'est une étape cruciale. Et même si dans l'entourage du chef de l'État, on ne veut pas en faire le point de « bascule » du quinquennat, c'est un événement qui va avoir un impact sur la fin du mandat et l'héritage d'Emmanuel Macron, son implication le prouve, de ce point de vue c'est un moment politique. Si les Jeux sont une réussite, le président aura gagné une bouffée d'air. S'ils sont une source de déception ou pire, si ça se passe mal pour une raison ou une autre, après des élections européennes qui peuvent tourner à la sanction, Emmanuel Macron en sortira démonétisé et aura du mal à conserver une autorité politique. Ce sont donc des Jeux à gros enjeu.
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Sun, 05 May 2024 - 135 - Européennes: Gaza, un thème persistant de campagne qui agite la gauche
Alors que les questions d’agriculture, du pouvoir d’achat ou de la guerre en Ukraine s’annonçaient comme les thèmes majeurs de la campagne des Européennes, c’est un autre sujet, Gaza, qui depuis plusieurs semaines occupe les discussions. La France insoumise, pourtant distancée dans les intentions de vote, a réussi à imposer cette thématique, aidée par des polémiques à répétition, y compris dans son propre camp.
Conférences de Jean-Luc Mélenchon dans des universités annulées, manifestations hostiles en marge des réunions publiques Insoumises, plaintes à répétition et dernièrement convocations pour apologie du terrorisme : c’est une tempête nommée Gaza à laquelle fait face La France insoumise dans cette campagne des Européennes. Mais c’est volontairement que LFI s’y est jetée. Au creux de la vague pour son positionnement jugé a minima insensible lors des attaques du Hamas le 7 octobre dernier, posture qui a définitivement enterré l’alliance des gauches, Les insoumis ont décidé d’en faire au contraire une force. Avec un premier pari stratégique lors du dévoilement de leur liste le 6 mars dernier : la présence en 7ème position de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, voix influente sur le conflit au Proche-Orient.
Rima Hassan, nouvelle égérie insoumise
« Un coup », comme l’on dit, qui a instantanément changé la campagne : les insoumis ont rapidement constaté la popularité de Rima Hassan, notamment dans les électorats que les stratèges de LFI cherchent à mobiliser pour le scrutin : habitants des quartiers populaires, jeunes, et plus largement électeurs sensibles à la cause palestinienne. Le patron du mouvement Manuel Bompard avait d’ailleurs fait ses calculs : « nous sommes la liste qui pâtit le plus de l’abstention, tout point de participation supplémentaire joue en notre faveur. » Rima Hassan devient alors la nouvelle égérie insoumise, mise en avant par Jean-Luc Mélenchon lui-même et faisant de l’ombre à la tête de liste, Manon Aubry.
Un virage stratégique qui fait grincer des dents en interne comme en externe, car le pari est considéré comme risqué. Rien ne dit en effet que l’électorat visé sera au rendez-vous. La direction insoumise le sait et l’assume. « C'est peut-être un moment de bascule », estime ainsi le député LFI Paul Vannier, « nous visons toujours la deuxième place aux Européennes et l'on trouve qu'il y a davantage d'enthousiasme militant ces dernières semaines. »
LFI tente de piéger ses ex-alliés
Mais LFI savoure aussi le piège tendu aux ex-alliés de la Nupes. Face à la pression exercée contre les insoumis, socialistes, écologistes et communistes ont été contraints d’afficher leur solidarité. Tout en pestant en privé contre« une fuite en avant doublée d’une victimisation », qui permet, selon un député PS, « de détourner l’attention des difficultés de la campagne des insoumis ». La liste de Manon Aubry est en effet nettement distancée par celle de Raphaël Glucksmann dans les intentions de vote. Mais LFI voit déjà plus loin et espère consolider son socle électoral en vue de 2027.« Ces Européennes », a d’ailleurs martelé Jean-Luc Mélenchon,« c’est le premier tour de la présidentielle. »
Une contre-offensive venue du camp présidentiel ?
Le mécontentement s'est fait entendre de manière plus forte en fin de semaine avec cette déclaration de la tête de liste communiste aux Européennes, Léon Deffontaines : « La France insoumise est en train de souiller et piétiner le combat palestinien à des fins électorales. Je ne leur pardonnerai jamais. » Une accusation qui a fait bondir dans les rangs insoumis, dont Paul Vannier : « ceux qui parlent d'électoralisme sont des racistes, car pour eux pro-palestiniens = quartiers populaires = musulmans = antisémites, or nous, nous savons faire la part des choses et nous parlons à tout le camp humaniste. »
Reste que la situation au Proche-Orient pourrait prendre encore de l'ampleur dans le débat électoral des prochaines semaines : le camp présidentiel envisage en effet de placer en position éligible sur la liste des figures de la défense d'Israël, dont Shannon Seban, la présidente du parti Renaissance en Seine-Saint-Denis, terre électorale de La France insoumise.
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Sun, 28 Apr 2024 - 134 - Les 100 jours de Gabriel Attal, un Premier ministre populaire malgré un bilan en demi-teinte
Le Premier ministre vient de fêter ses 100 jours rue de Varenne. Il imprime sa marque et reste populaire dans les sondages, malgré un bilan à la peine. Le locataire de Matignon est souvent comparé à Emmanuel Macron, pour sa jeunesse et son ascension rapide en politique. En 100 jours, a-t-il pris de l'épaisseur ?
Dans les sondages, il reste à un niveau de popularité aux alentours de 40 %. Et, selon plusieurs politologues, c'est un chiffre très correct pour un Premier ministre en milieu de mandat présidentiel. Car tous les spécialistes le disent, le Premier ministre est excellent en matière de communication. Mais pour l'instant, les Français ne sentent pas encore très précisément cette politique Attal. Sur les dossiers éducatifs, il est approuvé par une majorité de Français, mais sur les autres dossiers ce n'est pas le cas. Le bilan concret de son action à Matignon reste mal jugé par 69 % des Français, tout particulièrement sur le pouvoir d'achat (78 %), les comptes publics (73 %) et l'immigration (75 %).
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Un Premier ministre qui peine à dynamiser la majorité
S'il était encensé les tout premiers jours après sa prise de poste, ce n'est plus le cas. Une ministre me confiait qu'«il n’est pas au niveau d’Édouard Philippe, de Bruno Le Maire ou de Gérald Darmanin. On ne le perçoit pas de la même manière. » Il devait permettre de barrer le passage à Jordan Bardella pour les Européennes mais le candidat du Rassemblement national n’a jamais été aussi haut dans les sondages, loin, très loin, devant Valérie Hayer, la candidate Renaissance. D'ailleurs les proches de la candidate se plaignent de l'absence du Premier ministre dans cette campagne.
Mais les 100 prochains jours risquent d'être encore plus difficiles
Le plus grand défi pour le Premier ministre qui va y risquer son poste ce sera le budget 2025. Avec des comptes publics dans le rouge et des économies de 20 milliards d'euros à trouver, l’automne budgétaire s’annonce compliqué. Et les difficultés pourraient arriver avant l’été si les oppositions décidaient de sanctionner l’absence de projet de loi de finance rectificative. Cela pourrait passer par le dépôt d’une motion de censure, arme que LFI et Les Républicains menacent une nouvelle fois d’actionner. Et même s’il sauve son poste, Gabriel Attal restera confronté aux divisions de sa majorité, que les questions budgétaires ont remis en lumière. La réforme de l’assurance-chômage brusque la gauche de son camp quand la taxation des superprofits est rejetée par son aile droite.
Cent jours, c'est un indicateur symbolique car le véritable test sera les élections européennes. Et si les résultats sont mauvais, le chef de la majorité devra en partie assumer la défaite de son camp plus ou moins retentissante selon l'écart avec l'extrême-droite.
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Sun, 21 Apr 2024 - 133 - Européennes: Macron, un atout pour la majorité ou pas?
Les candidats pour les élections européennes sont en campagne, les principales têtes de liste ont d'ailleurs participé à un débat RFI-France 24 à Bruxelles le 10 avril. Pour le moment, les sondages donnent toujours une large avance au Rassemblement national face à la majorité présidentielle, environ dix points d'écart. Emmanuel Macron compte s'engager dans la campagne, peut-il sauver la majorité ?
C'est toute la question. L'Europe, c'est l'ADN politique d'Emmanuel Macron, sa conviction profonde. Dès sa première élection, il en avait fait un étendard, une promesse, un programme, décliné dans un discours prononcé à la Sorbonne en septembre 2017. Un discours qui commençait par ces mots : « Je suis venu vous parler d'Europe ». Alors avant l'élection du 9 juin, le président entend revenir parler d'Europe aux Français et aux Européens. Ce nouveau discours, que certains appellent Sorbonne 2, il en est question depuis longtemps, le chef de l'État attend le bon moment pour le prononcer et pour un sénateur centriste, il va marquer une étape dans une campagne où jusqu'à présent les joutes entre les candidats portent surtout sur des questions nationales : « À un moment, il faut parler d'Europe », déclare-t-il. Et qui mieux placé qu'Emmanuel Macron lui-même pour le faire puisque selon un ministre : « Le seul qui porte un discours sur l'Europe, c'est lui ».
« Il faut mobiliser notre socle »
Mais est-ce que l'implication d'Emmanuel Macron dans la campagne, c'est forcément un coup gagnant ? Il y a deux visions des choses. D'abord la vision optimiste, l'entrée en lice du président, c'est un coup de pouce pour la tête de liste Valérie Hayer en mal de notoriété. À entendre une ministre, « si on mobilise l'électorat d'Emmanuel Macron en 2022, on gagne, ça pèse plutôt pour que le président s'engage, c'est très identitaire et attendu par notre électorat ». Dans une élection comme les européennes, où l'abstention est forte, la cible identifiée c'est en effet le noyau dur, « il faut mobiliser notre socle, parler à nos propres électeurs », explique encore un autre membre du gouvernement. Mais il ajoute aussi qu'il y a « un risque » : qu'Emmanuel Macron « mobilise les autres contre nous ».
Macron : « celui qui inspire et un répulsif »
Le président pourrait-il avoir un effet repoussoir ? Certains le craignent. « On est dans un macronisme moins triomphant qu'en 2019 », date des dernières élections européennes, estime un proche d'Édouard Philippe qui poursuit en s'interrogeant : « Si Macron agace beaucoup les gens, ils vont peut-être lui envoyer un message ». Une députée Renaissance est encore plus sévère, pour elle, le président « sous-estime le rejet dont il fait l'objet ». Et l'opposition, RN en tête, veut faire de ces européennes un test national contre le chef de l'État. Un parlementaire de la majorité résume la situation : Emmanuel Macron est à la fois « celui qui inspire et un répulsif ». Ça sera donc à quitte ou double.
Sun, 14 Apr 2024 - 132 - Déficit: la majorité se divise, le gouvernement menacé
Bien supérieur aux prévisions gouvernementales (4,9%), le déficit de la France - 5,5% du PIB en 2023 - peut avoir des conséquences potentiellement explosives.
Le gouvernement français ne peut faire autrement que de le dire, il cherche dix milliards d'euros d’économie pour cette année, vingt milliards pour l’an prochain. Avec ce dérapage budgétaire, les conséquences financières peuvent s’avérer terribles. Le 26 avril prochain, deux agences de notations, Fitch et Moody’s vont se pencher sur la note de l'exorbitante dette française, de plus de 3 000 milliards d'euros. C’est dire si la pression est forte et à cela s’ajoute un contexte politique délicat.
Convaincre sa propre majorité
Ça commence déjà en interne. Le 2 avril, le Premier ministre a dû, comme la semaine précédente, arriver de bonne heure à l’Assemblée nationale. Gabriel Attal a été contraint de s’inviter à la traditionnelle réunion de groupes des députés Renaissance, contraint de rassurer ses troupes, divisées sur la méthode à adopter pour trouver de l’argent.
Les élus les plus à gauche s'interrogent sur la ligne Attal. Quand ce dernier refuse des hausses d’impôts, plusieurs députés macronistes appellent à instaurer une taxe sur les superprofits. Dans leurs rangs, on retrouve notamment Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.
Autre divergence notable : la réforme de l’assurance chômage, annoncée par Gabriel Attal sur TF1, fin mars. Si le Premier ministre se défend d’une mesure de finance et plaide pour un hasard du calendrier, certains dans l’aile gauche craignent que cela ne soit pas perçu autrement « que comme des économies sur le dos des chômeurs ».
Pour rassurer, le chef du gouvernement s'est dit prêt à adoucir sa réforme - potentiellement réduire la durée d’indemnisation à 14 ou 15 mois contre les 12 initialement envisagés. Il a également annoncé la création d’une « task force », un groupe de députés chargés de réfléchir à ce qu'il appelle la « taxation des rentes ». Il faut comprendre : les revenus indus à la faveur de la crise ukrainienne notamment des énergéticiens.
Méfiants, plusieurs députés ont boycotté la réunion de ce mardi. L’un deux, contacté par RFI, s’agace notamment de « l’excès de communication » de Gabriel Attal. Il se demande aussi si c'est bien lui qui décide de la politique économique, s'étonnant de la confiance accordée au ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui porte, selon lui, « une grande part de responsabilité » dans l'état des finances publiques.
Le patron de Bercy, qui vise une candidature en 2027 et bien que recadré plusieurs fois fin mars par le président, se permet effectivement quelques libertés. La dernière en date, une tribune publiée le 2 avril dans les Échos dans laquelle il refuse catégoriquement toute hausse d'impôts et nuance les effets d'une taxe sur les rentes. Ambiance.
La droite prête à renverser le gouvernement
L’autre menace, prise très au sérieux par l’exécutif, c’est la motion de censure envisagée par Les Républicains (LR), parti historiquement attaché à la rigueur budgétaire. Le président des LR évoque ouvertement cette possibilité, reste à connaitre le calcul des troupes d’Eric Ciotti.
Est-ce pour forcer l'exécutif à inclure dans un projet de loi de finance rectificatif, les mesures d'économies défendues chaque année par les Républicains lors de l'examen du Budget ? LR envisage-t-il sincèrement de renvoyer le gouvernement pour imposer un premier ministre de sa famille ? Sans écarter le risque d'une dissolution.
Et puis quel tempo, quand déposer cette motion ? Maintenant ? Au risque d'être taxer d'opportuniste à l'approche des européennes. Après les élections ? Avant ou après les Jeux olympiques ? L'incertitude est savamment entretenue et on s’inquiète en haut lieux.
Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a tenté de réunir plusieurs cadres LR la semaine dernière pour commencer à négocier. Ils l'ont poliment éconduit. Les prochaines semaines s'annoncent pleines de turbulences.
Sun, 07 Apr 2024 - 131 - Européennes: qui est Malika Sorel, la numéro deux sur la liste RN, qui se rêvait ministre de Macron?
Malika Sorel est la toute nouvelle prise de guerre du Rassemblement national pour les élections européennes, numéro deux sur la liste de Jordan Bardella. Sa candidature à peine annoncée, elle a déjà fait couler beaucoup d'encre. Qui est cette femme de droite, qui n'a visiblement pas peur des contradictions ?
Sa fiche Wikipédia la présente comme une essayiste. Malika Sorel a en effet écrit plusieurs essais sur l'immigration et ce qu'elle appelle la « décomposition de la France » mais on la connait surtout pour avoir vécu dans l'ombre de plusieurs personnalités politiques de droite, ces vingt dernières années. Ses premiers pas dans le grand bain de la politique, elle les fait aux côtés de Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, pendant les émeutes de 2005. Quatre ans plus tard, en 2009, cette femme d'origine algérienne est nommée par Nicolas Sarkozy au Haut conseil à l'intégration. Une instance qui n'existe plus aujourd'hui.
On la reverra ensuite en 2017, en pleine affaire Fillon. Elle fait partie de ceux qui soutiennent jusqu'au bout l'ancien Premier ministre, candidat à la présidentielle. On aperçoit d'ailleurs son visage sur la photo du célèbre discours du Trocadéro, au moment où François Fillon est en pleine tourmente.
Plusieurs SMS adressés au président pour lui proposer ses services
Depuis, Malika Sorel a entretenu des liens avec Emmanuel Macron. On ne sait pas depuis quand, mais elle lui écrivait personnellement, il y a encore quelques mois, selon le Canard Enchaîné. Jordan Bardella n'était donc pas un choix si « évident » qu'elle le prétend dans les médias. Dans son édition du mercredi 27 mars, l'hebdomadaire satirique publie même des SMS que Malika Sorel aurait envoyés sur le portable du président de la République en janvier dernier.
Messages dans lesquels l'essayiste fait clairement acte de candidature pour un ministère, celui de l'Éducation. Et elle insiste. Plusieurs messages sont envoyés au chef de l'État, selon le Canard Enchaîné, qui affirme que le président ne lui a jamais répondu.
La nouvelle recrue du RN confirme
Mardi soir, Malika Sorel confirme à demi-mot ces informations, en marge des états généraux de l'immigration organisés par le RN. Quelques minutes après avoir tapé sur Emmanuel Macron, la candidate assume devant les journalistes : « J'ai eu des échanges avec le président pour lui dire que je voulais servir la France ». Jamais cependant elle ne prononce le mot de « candidature ». Mais elle laisse entendre que c'est dans le domaine de l'Éducation qu'elle aurait proposé ses services, avant d'ajouter qu'Emmanuel Macron, qui ne mène pas, selon elle, la bonne politique, aurait récupéré une partie de ses éléments de langage pour ses vœux aux Français, le 31 décembre dernier.
Des propos impossibles à vérifier. Malika Sorel conclut en proposant au président de débattre publiquement et en citant le dernier SMS qu'elle lui aurait envoyé : « Je lui ai dit que De Gaulle avait à ses côtés Couve de Murville et André Malraux et que lui n'avait que Stéphane Séjourné (qu'elle appelle Sébastien au passage) et Rachida Dati ». Les intéressés apprécieront.
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Sat, 30 Mar 2024 - 130 - Que cache l'offensive médiatique de Bruno Le Maire?
Cette semaine, Bruno Le Maire a entrepris une offensive médiatique et publié un livre aux allures de programme. Si « la voie française » est un acte de foi envers la France et non un programme présidentiel, assure le ministre de l'Économie, ses interviews dans les médias ont plutôt l'air d'un programme politique. Quel est l'objectif de Bruno Le Maire ?
Officiellement, l'objectif, c'est la campagne pour les Européennes. D'ailleurs, Bruno Le Maire a participé au meeting de la tête de liste de la majorité, Valérie Hayer, ce vendredi à Bayonne. Mais son livre lui permet de sortir de ses sujets de ministre de l'Économie en décryptant « la nation française ». En tout cas, il ne cache plus du tout ses ambitions pour 2027. « Je ne me pose aucune question sur ma vocation...Je poursuivrai le combat politique » écrit-il. Il y a donc un changement de stratégie. En août dernier il avait fait une rentrée très discrète pendant que Gérald Darmanin organisait un grand raout politique. Depuis, le ministre de l'Intérieur a échoué sur la loi immigration et Bruno Le Maire a lancé son offensive. Il multiplie les propositions clivantes, n'hésitant pas à « casser la vaisselle » comme il le dit lui-même et à marcher sur les plates-bandes de ses collègues ministres.
Tente-t-il de s'imposer comme l'héritier naturel d'Emmanuel Macron ?
Libéral et étatiste, Bruno Le Maire affirme vouloir continuer à porter la flamme macroniste du « dépassement », bien mal en point dans l'opinion. Macronisme que l'on voit pencher à droite surtout depuis la loi immigration. Venu de la droite lui-même, Bruno Le Maire dénonce le retour de l'ancien clivage droite gauche, y compris dans la majorité. En tentant d'imposer la logique du en même temps dans le débat politique, Bruno Le Maire démarre avec ce livre une longue route vers 2027.
Bruno Le Maire et ses propositions irritent même au sein de la majorité ?
Pour une députée macroniste de la première heure, « Bercy doit arrêter avec le dogme fiscal érigé comme intouchable », alors que « le macronisme originel exige de la souplesse ». Pour elle, il y a mieux à faire que le rabot sur les finances publiques prôné par Bruno Le Maire.
Pour plusieurs députés Renaissance de l'aile gauche aussi, il faut réajuster les niches fiscales dont bénéficient les entreprises, mais aussi « prévoir un impôt provisoire des plus riches et une initiative européenne pour éviter le dumping ».
Même point de vue du côté du Modem où un député explique qu'il faut profiter de la campagne des européennes pour réfléchir au niveau de l'Union européenne à un impôt. Et tous s'accordent à dire qu'il est un peu tôt pour que Bruno Le Maire se lance dans une campagne médiatique en vue de 2027.
Sat, 23 Mar 2024 - 129 - La campagne ukrainienne d'Emmanuel Macron
Depuis quelques semaines, Emmanuel Macron a entrepris de remettre la question de la guerre en Ukraine au cœur de l'actualité. Il a d'ailleurs accordé une interview aux deux grandes chaines de télévision nationales pour en parler aux Français. Quel est l'objectif du président de la République ?
Officiellement, il veut « éveiller » l'opinion, c'est le terme qu'emploient ses proches pour expliquer la démarche d'Emmanuel Macron. Le choix de venir parler de la guerre en Ukraine à la télévision à une heure de grande écoute, c'est le bout de la chaine, la pédagogie « les yeux dans les yeux » avec les Français. Elle arrive après un certain nombre d'initiatives et de déclarations avec un point d'orgue quand le président a évoqué, fin février lors d'une conférence de presse à Paris, l'hypothèse d'envoyer des « troupes au sol » en Ukraine. Une ligne rouge qui n'avait jamais été franchie jusqu'ici. Ce qui a provoqué la stupeur d'un certain nombre de partenaires européens et d'opposants français.
La langue d'Emmanuel Macron a-t-elle fourchée ?
C'est ce que l'on peut se demander, mais les conseillers du président décrivent au contraire un chef de l'État qui fait des propositions « ultra-cohérentes avec sa pensée ». Et sa pensée, c'est qu'il faut prendre en compte le « durcissement hallucinant » d'une Russie expansionniste qui mène des attaques militaires, mais aussi dans le cyberespace, qui multiplie les intimidations et élimine ses opposants comme Alexeï Navalny, bref, qui menace l'Europe.
À qui s'adresse d'abord le message envoyé par Emmanuel Macron ?
Il s’adresse à la Russie, enfin, c'est ce qu'explique l'entourage d'Emmanuel Macron. Il s'agit de dire que la victoire de Moscou n'est pas une option. Emmanuel Macron veut désormais incarner la fermeté face à Vladimir Poutine. Et en même temps, à trois mois des européennes, montrer aux Français que la guerre en Ukraine les concerne pour installer le match électoral national en poussant ses adversaires à se positionner sur le soutien à Kiev, en essayant de mettre en difficulté le Rassemblement national accusé d'être pro-Russe et dont la tête de liste Jordan Bardella caracole pour le moment en tête des sondages, mais aussi la France insoumise.
Est-ce qu'Emmanuel Macron « instrumentalise » la guerre en Ukraine ?
C'est ce que certains opposants répètent, c'est ce que le président dément. Ce qui est sûr, c'est qu'Emmanuel Macron maitrise la posture de chef de guerre. Il l'a expérimentée en 2022 quand l'attaque de Moscou contre Kiev est venue perturber la présidentielle française. Deux ans après, le chef de l'État insiste sur l'enjeu crucial de cette guerre qui continue dans les élections européennes. Emmanuel Macron fait une campagne ukrainienne.
Sat, 16 Mar 2024 - 128 - L’Ukraine, pomme de discorde à gauche
La guerre en Ukraine avait profondément divisé la gauche et les écologistes à l’occasion de l’élection présidentielle 2022, elle pourrait bien être de nouveau la pomme de discorde aux élections européennes. Alors qu’un débat sur le sujet doit se tenir la semaine prochaine à l’Assemblée nationale, socialistes, écologistes, communistes et insoumis sont à couteaux tirés sur ce dossier.
« Va-t-en-guerre » d’un côté, « pacifisme de la honte » de l’autre, voilà des jours que les positions se crispent en effet dans l’ex-Nupes à propos de l’Ukraine. À l’origine de cette flambée de tensions, plusieurs déclarations : celle de la tête de liste socialiste Place publique, Raphaël Glucksmann, demandant la mise en place « d’une économie de guerre » en Europe pour aider les Ukrainiens, ou celle de Jean-Luc Mélenchon priorisant la paix avant tout et s’interrogeant sur la réalité de la menace russe.
Ce fossé, il n’est pas nouveau, il avait même donné lieu à un pugilat durant la présidentielle, mais la perspective des élections européennes l’a fait réapparaître. Car au-delà de la divergence de fond, réelle, la stratégie politique n’est jamais bien loin. Pour le patron des socialistes, Olivier Faure, cette élection est avant tout un scrutin de conviction, il n’y aura pas de vote utile poussant les électeurs à mettre leurs réticences de côté comme pour la présidentielle. Côté PS, l’analyse est donc que le positionnement jugé ambigu de La France insoumise (LFI) vis-à-vis du conflit va lui faire perdre des voix et qu’il faut donc faire entendre sa différence.
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Les insoumis font confiance à leurs électeurs
Le député Hadrien Clouet analyse les choses différemment : il rappelle que les intentions de vote en faveur de la socialiste Anne Hidalgo à la présidentielle ont commencé à chuter après qu’elle s’en soit pris violemment à Jean-Luc Mélenchon sur la question de l’Ukraine.
Il prédit le même destin à Raphaël Glucksmann si la campagne se focalise sur ce sujet : « il est trop atlantiste, trop pro Américain pour les Français. » « Les grands discours pacifistes, c'est bien » réplique-t-on dans le camp du candidat soutenu par le PS, « mais insoumis et communistes ne comprennent pas que Poutine et Zelensky ne veulent pas négocier. »
Une division qui inquiète les écologistes
Si deux camps semblent se faire face, insoumis et communistes d'un côté, socialistes et écologistes de l'autre, ces derniers craignent que la division entraîne un affaiblissement général de l'ex-Nupes. « Taper sur les voisins de gauche, ça ne marche jamais », avertit ainsi Julien Bayou. Le député écologiste veut lui croire à des terrains d’entente.
Il a ainsi proposé la saisie des avoirs russes en Europe pour financer l’aide à l’Ukraine. Plutôt consensuel sur le papier. Mais si sa proposition de résolution a recueilli le soutien de 140 députés en dehors de la gauche, aucun insoumis ne l’a pour l’instant signée.
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Sat, 09 Mar 2024 - 127 - Européennes: Emmanuel Macron à fond contre le Rassemblement national
La campagne a bel et bien démarré pour les élections européennes du mois de juin. Emmanuel Macron a enfin désigné la tête de liste de la majorité, la députée européenne Valérie Hayer, et il a lancé l’offensive contre le Rassemblement national (RN). Le président est entré dans le match en tapant à bras raccourcis sur le parti de Marine Le Pen.
Visiblement, Emmanuel Macron joue la « rediabolisation ». Ces derniers jours, il a enchaîné les attaques. Dans une interview au quotidien communistel'Humanitéavant la cérémonie de panthéonisation de Missak Manouchian, il a déclaré que le RN ne s'inscrivait pas dans « l'arc républicain ». Au salon de l'Agriculture, il l'a accusé d'être indirectement responsable des manifestations violentes contre lui et s'en est pris au « projet de décroissance et de bêtise » du parti de Jordan Bardella. Un haro sur le RN poursuivi peu après par son Premier ministre, Gabriel Attal a embrayé au Salon de l'agriculture en comparant les responsables du RN à des « passagers clandestins de la crise agricole » et à l'Assemblée en accusant les membres du parti d'être « les troupes de Poutine ».
La stratégie du face-à-face
La stratégie d'Emmanuel Macron pour les européennes, c'est donc le face-à-face. Hors du duel, pas d'avenir électoral semble penser le président à un peu plus de trois mois du scrutin européen et alors que Jordan Bardella creuse son avance dans les sondages. Emmanuel Macron, en désignant le RN comme seul et unique adversaire, présente son camp comme le seul et unique rempart contre lui.
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Mais cette stratégie ne convainc pas tout le monde dans sa famille politique. Une macroniste historique estime qu'entrer dans ce « match exclusif », c'est prendre une « très grande responsabilité... pour se présenter comme la seule digue, il faut qu'elle soit très forte ».
Quels arguments contre le RN ?
Et la question subsidiaire est de savoir quels arguments on utilise contre le RN. La ligne est floue pour ne pas dire en « zigzag ». Emmanuel Macron envoie des signaux contradictoires. Il avait recadré Élisabeth Borne quand elle avait qualifié le RN « d'héritier de Pétain » jugeant que les « arguments moraux, ça ne marchait plus » et puis récemment il a finalement choisi d'évoquer lui aussi le rapport à l'histoire du parti issu du Front national en estimant que ses représentants seraient « inspirés » de ne pas assister à la panthéonisation du résistant Missak Manouchian.
Taper sur les incohérences et les failles du programme ou dénoncer l'héritage du passé, banaliser ou diaboliser. Un député Renaissance en est convaincu : « Il faut être offensif, mener la bataille politique et idéologique » en vue des européennes, mais aussi de la présidentielle car prévient une ministre : « Le risque Le Pen est très concret, ce n'est pas un risque sondagier. »
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Sat, 02 Mar 2024 - 126 - Européennes: les droites radicales engagées dans la bataille des groupes
Au printemps prochain, les Européens seront amenés à renouveler leur parlement à Strasbourg. En France, l'élection aura lieu le 9 juin. Un scrutin de liste, à un seul tour. Mais derrière chaque campagne nationale, en coulisses, les négociations ont commencé pour recomposer les groupes politiques que vont rejoindre les députés européens, une fois élus ou réélus. Et la bataille est particulièrement rude à l'extrême droite.
Les groupes politiques, comment ça marche à Strasbourg ?
C'est un peu comme les groupes politiques à l'Assemblée nationale ou au sénat. Mais à Strasbourg, les règles sont un peu plus complexes. Pour constituer un groupe au Parlement européen, au moins 23 députés doivent s'allier, ce qui est assez facile. Là où ça se complique, c'est que ces eurodéputés doivent représenter un quart des États membres soit sept pays différents pour pouvoir créer un groupe. Alors bien sûr, si certains députés ne parviennent pas à constituer un groupe, ils peuvent toujours siéger seuls, parmi ce qu'on appelle les « non-inscrits » mais ils pèseront beaucoup moins.
Pourquoi le Rassemblement national est-il dans une position délicate ?
Les députés du RN font aujourd'hui partie du groupe Identité et Démocratie représenté dans seulement huit pays de l'Union, avec des alliés qui pourraient passer sous la barre des 5 % en juin prochain et donc tout simplement disparaître du Parlement. En cas de mauvais résultats pour les forces d'extrême-droite chez nos voisins, Jordan Bardella pourrait de fait se retrouver avec moins de six alliés et donc sans groupe à Strasbourg. Raison pour laquelle Marine Le Pen était au Portugal fin novembre, pour convaincre Chega !, le parti d'ultra-droite local, très en forme dans les sondages, de rejoindre le groupe du RN en juin prochain. C'est pour cela que le parti à la flamme ne veut pas couper les ponts avec ses alliés allemands de l'AfD, malgré la présence de néo-nazis dans ses rangs. Et c'est pour cela enfin que les élus du Rassemblement national ont plutôt mal vécu début février le ralliement du seul élu Reconquête (Nicolas Bay) à un autre groupe, le groupe ECR.
ECR, un autre groupe d'extrême droite ?
ECR, c'est l'autre groupe, beaucoup plus puissant, des droites radicales à Strasbourg. ECR comme Conservateurs et réformistes européens. C'est dans ce groupe que siègent les eurodéputés italiens du parti de Giorgia Meloni et que siègeront ceux du Hongrois Victor Orban, à partir de juin. ECR pourrait devenir le troisième groupe du Parlement, à l'issue du scrutin. Pas étonnant donc que le Rassemblement national voit ce ralliement avec une certaine jalousie. Car faire partie du groupe ECR, c'est plus de visibilité, plus de poids pour les députés européens d'Eric Zemmour qui pourraient faire leur entrée dans l'hémicycle. Quand Marine Le Pen et Jordan Bardella, eux, vont devoir batailler pour sauver un groupe avec des alliés parfois très embarrassants. La bataille ne fait que commencer.
Sat, 24 Feb 2024 - 125 - Quand Bayrou met les pieds dans le plat
François Bayrou a pimenté la deuxième vague de nominations du gouvernement Attal. La rumeur le donnait entrant dans l'équipe ministérielle, il a choisi d'y couper court de manière tonitruante en dénonçant un « désaccord profond » avec la méthode de l’exécutif. François Bayrou a mis les pieds dans le plat.
François Bayrou a fait du François Bayrou, tout juste relaxé dans le procès des assistants parlementaires du Modem qui le plombait depuis sept ans, il est « remonté sur son cheval » à la béarnaise, sa fierté en bandoulière, avec une sortie explosive mais un peu calculée tout de même. Plutôt que d'attendre l'annonce du casting d'un gouvernement où il ne figurerait pas, il a claqué la porte au nez de Gabriel Attal publiquement et préventivement en déclarant qu'il avait refusé le ministère des Armées. Lui qui s'imaginait de retour à l'Éducation pour laquelle selon son entourage, il a une vision claire : « On ne peut faire évoluer les choses qu'avec les professeurs, pas sans eux ». Mais la méthode Bayrou n'était visiblement pas la méthode Attal. Un ministre raconte qu'ils « se le sont dit ».
Une rumeur entretenue
La rumeur avait pourtant été savamment entretenue dans les derniers jours avant le remaniement. Dans le parti de François Bayrou, on s'interroge d'ailleurs sur la diffusion de cette rumeur. On met même en doute la réelle volonté de l'exécutif de le faire entrer au gouvernement. « Ce qui se joue, c'est un combat d'influence entre les différentes lignes qui essaient de parler à l'oreille du président », affirme un cadre du Modem. La ligne Bayrou, c'est à l'entendre la ligne démocrate qui veut « embarquer le peuple ». Et c'est ça qui aurait poussé le maire Pau à mettre en garde contre « le gouffre qui s'est creusé entre la province et Paris ». Une déconnexion du pouvoir qui fait le lit du Rassemblement national.
« Le procès en parisianisme et technocratisme »
Une critique qui a surpris dans la majorité, et même au Modem. Une ministre Renaissance ne s'est d’ailleurs pas privée de pointer l'émoi des troupes centristes prises de court pour minimiser l'impact des attaques de François Bayrou sur le gouvernement : « Il a provoqué un petit séisme dans sa famille politique », dit-elle, « il y a une déconnexion avec sa base »...
Les proches du Palois racontent une autre histoire. « Ce qu'il dit n'est pas infondé... Le procès en parisianisme et technocratisme ne vient pas de François Bayrou mais des Français… Ce n'est pas parce qu'on dit les choses qu'on doit quitter la majorité ». La quitter non, mais la secouer, en mettant les pieds dans le plat, François Bayrou a voulu tirer la sonnette d'alarme dans la perspective de la présidentielle. Sa crainte : que le « bloc central » victorieux grâce à Macron en 2017, cède l'Élysée aux extrêmes en 2027.
Sat, 17 Feb 2024 - 124 - Élections européennes: l'heure du succès pour Raphaël Glucksmann?
Il était l'une des curiosités politiques des Européennes en 2019. Quatre ans plus tard, Raphaël Glucksmann va de nouveau mener la liste commune entre le Parti socialiste et son mouvement, Place Publique. Quatre années durant lesquelles le député européen a pris de l'épaisseur politique, au point que ses partisans l'imaginent bien créer la surprise le 9 juin. Du côté des socialistes notamment, on estime que les étoiles sont en train de s'aligner.
Treize, 14, 15% et pourquoi pas plus : le potentiel électoral de Raphaël Glucksmann fait briller les yeux au Parti socialiste (PS). « Il fait l'unanimité dans nos rangs, et Dieu sait que ce n'est pas facile », sourit le patron du PS, Olivier Faure. « Il peut rassembler chez nous mais aussi prendre des voix aux écologistes et à la liste macroniste », prédit une conseillère du premier secrétaire socialiste.
Alors que la guerre en Ukraine fait toujours rage, le positionnement du député européen, qui avait très tôt averti sur le danger russe, pourrait en effet séduire largement. Et sa modération politique également. « Il y a 5 ans, on le présentait quasiment comme un gauchiste, aujourd'hui on voudrait en faire un social libéral », s'amuse Olivier Faure, pour qui l'empressement de ses adversaires à critiquer la tête de liste PS est la preuve de son potentiel succès.
Des critiques nourries venues de la gauche
C'est en raison d'une forte méfiance face à celui qui a commencé par flirter avec la droite sarkozyste avant d'être attiré par les sirènes du macronisme pour ensuite s'allier aux socialistes. « C'est vraiment un représentant de la gauche d'avant, libre-échangiste, entouré de barons socialistes », persifle un député LFI. « Il va avoir du mal à incarner la rupture », renchérit un élu écologiste. Sa future concurrente aux Européennes, Manon Aubry, regrette quant à elle le fait qu' « il ait toujours été totalement opposé à la Nupes ».
Côté communiste, on le trouve surtout très léger sur les sujets autres que ses spécialistes : « Sur l'agriculture, sur l'énergie, il n'a rien à dire », juge un haut dirigeant communiste.
Un déferlement de critiques qui pourrait en effet traduire une réelle crainte. Ce qui a le don de faire rire Jean-Luc Mélenchon : « Laissez-lui jusqu'à mars ou avril et vous verrez », ironise le leader insoumis, qui n'a pas oublié qu'en 2019, la candidature Glucksmann était montée très haut, pour finalement ne récolter que 6,2% des voix.
Sat, 10 Feb 2024 - 123 - Gabriel Attal, le virage à droite?
Trois semaines après sa nomination, le plus jeune Premier ministre de la Vᵉ République, Gabriel Attal, a prononcé sa déclaration de politique générale cette semaine devant les parlementaires. Il y a déroulé son programme pour les prochains mois. Un exercice compliqué, alors même que le président a posé un cadre de droite à Gabriel Attal. Le Premier ministre a multiplié les mots chers aux Républicains pendant sa prise de parole. La « macronie » penche donc plutôt à droite avec ce nouveau gouvernement.
Réforme de l'assurance chômage, du RSA, baisses d’impôts, « simplification des normes »… La droite en rêvait, Gabriel Attal le promet. Des mesures qui ont fait bondir sur le côté gauche de l'hémicycle. Gabriel Attal a repris à son compte des propositions défendues de longue date par Les Républicains. La gauche a tout de suite dépeint le Premier ministre en « Margaret Thatcher version 2024 ».
Une convergence possible avec la droite ?
Pour faire passer ses textes de lois, la majorité n'a pas d'autre choix que de se tourner vers Les Républicains.
Et justement, ces députés de droite ne sont pas dupes, même s'ils sont touchés par ces appels du pied. Le député LR Antoine Vermorel Marques a écrit juste après le discours de Gabriel Attal sur le réseau social X : « Les mots sont enfin de droite. Les actes le seront-ils ? Offrons à ce discours le bénéfice du doute». Mais les élus de droite sont quand même gênés aux entournures.
Pour une députée de la majorité, « les LR ne savent plus où ils habitent. Ils sont déstabilisés ». Selon elle encore, la majorité est en train de « finir d'attraper les électeurs de droite, encore plus avec ce remaniement. Les plus radicalisés ? Ils iront à l'extrême droite ».
Et l'aile gauche de la majorité ?
Par petites touches, Gabriel Attal a quand même pris soin lors de son discours d’intercaler quelques accords de gauche pour faire vivre le « en même temps » et calmer cette aile gauche en colère depuis le vote de la loi immigration, mais ragaillardie par la décision du Conseil constitutionnel, qui a rétabli l'équilibre sur le texte.
Et à l'issue du discours de politique générale, un député Modem confie : « oui, ça penche à droite, mais une partie des demandes est satisfaite ».
Si les députés de l’aile gauche s’étaient réunis en fin d’année, puis lors de la rentrée parlementaire, afin d’évoquer des solutions pour se faire entendre, les réunions sont, depuis, au point mort.
La faute aussi à une seconde vague du remaniement qui ne vient toujours pas, et dont certains parlementaires issus de l’aile gauche espèrent encore profiter.
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Sat, 03 Feb 2024 - 122 - France: pourquoi le Rassemblement national surfe-t-il sur la colère des agriculteurs?
La France a connu une semaine de tensions sociales avec la mobilisation des agriculteurs. Hier vendredi, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé une série de mesures pour calmer la colère du monde agricole. Est-ce que cela suffira ? Réponse dans les prochains jours. En attendant, le Rassemblement national espère bien capitaliser sur ce mouvement de grogne.
Depuis une semaine, les élus du RN font tout pour montrer qu’ils défendent les agriculteurs. Jordan Bardella en tête, le patron du parti et tête de liste pour les Européennes - le scrutin aura lieu dans six mois-. Dès samedi dernier, alors que Gabriel Attal anime une sorte de grand débat sur l’agriculture dans le Rhône, le patron du RN est lui aussi devant les caméras mais bottes au pied, dans une exploitation de Gironde.
Il occupe le terrain, comme le feront toute la semaine quasiment tous les députés du RN dans leurs circonscriptions respectives. Quelques élus du parti à la flamme ont même momentanément retourné leur photo de profil sur les réseaux sociaux cette semaine. Comme les agriculteurs ont retourné les pancartes à l’entrée de dizaines de communes. En signe de contestation.
L’exécutif dénonce une « récupération politique »
Le gouvernement n’a pas manqué de commenter cette omniprésence du RN sur le terrain. Avec cette petite phrase qui n’est pas passée inaperçue. «Vous êtes le parti qui butine de colère en colère ». Propos signés Gabriel Attal, le Premier ministre qui a vertement renvoyé dans ses cordes un député du Rassemblement national mardi lors de la séance des questions au gouvernement. « Le RN souffle sur les braises,renchérit un cadre de la majorité. Comme pour les gilets jaunes, ils attisent la colère et n'appelleront pas au calme quand ce sera nécessaire. » Ce que nous confirme d'ailleurs l'entourage de Marine Le Pen : « Ne comptez pas sur moi pour aller dire aux agriculteurs que c'est pas bien et qu’ils doivent rentrer chez eux », fait savoir la patronne des députés du parti d'extrême-droite.
Le soutien du RN n’est pas pour autant nouveau. Et les dirigeants du parti ont raison quand ils disent que leur soutien aux exploitants n'est pas nouveau. Dès l'été dernier, les députés du parti demandaient au gouvernement de revenir sur la nouvelle taxation du gazole pour les agriculteurs. Une des principales revendications des syndicats agricoles dans ce mouvement. L'assouplissement des normes, c'est aussi une demande récurrente du RN.
Aller chercher des voix… en attendant la « convergence des luttes »
Historiquement, les agriculteurs votent assez peu RN. Mais plutôt pour la droite traditionnelle. L'objectif est donc d'aller chercher des voix, et pas seulement celles du monde agricole : un cadre de la campagne de Jordan Bardella fait remarquer qu'une très large majorité de Français soutiennent le mouvement des agriculteurs. Et puis, le Rassemblement national parie sur une « convergence des luttes ». Concept que Jordan Bardella emprunte sciemment à la gauche.
Un mouvement qui ferait tache d'huile, ce serait une aubaine pour le RN. À six mois des Européennes.
Sat, 27 Jan 2024 - 121 - Attal-Bardella: le match des héritiers
Ils sont tous les deux jeunes et ambitieux, ils incarnent l'avenir de leurs partis : Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre désigné par Emmanuel Macron et Jordan Bardella, le président du Rassemblement National adoubé par Marine Le Pen. Le duel Attal-Bardella va commencer avec la campagne pour les élections européennes.
Leur match promet des étincelles et des punchlines, car Gabriel Attal et Jordan Bardella sont tous les deux des orateurs, ils font partie de ces politiques qui ne se démontent pas, qui parlent bien, qui parlent clair, de bons clients pour les médias. Et la nomination de Gabriel Attal à Matignon a tout de suite été analysée dans la perspective des élections européennes du mois de juin. Pour une conseillère ministérielle, le nouveau Premier ministre est un choix « malin qui ravit les Français » et s'inscrit en effet « dans la stratégie du match contre Bardella », la tête de liste du RN, qui caracole en tête des sondages. Gabriel Attal, c'est un peu comme la promesse de la potion magique pour stopper la progression du RN.
Une bonne nouvelle pour le RN
Mais ça ne fait pas peur au RN. Au contraire, ils sont enchantés. « C'est une bonne nouvelle… Ça légitime le fait que l'on peut avoir des responsabilités entre 25 et 35 ans », estime-t-on dans l'entourage de Jordan Bardella. C'est l'effet boomerang de la volonté de rajeunissement affichée par le président de la République avec le choix de son nouveau Premier ministre de 34 ans. Plus possible de dire que Jordan Bardella est trop jeune pour être crédible. Et pour bien faire passer le message, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont accordé une interview commune au Journal du Dimanchejuste après le remaniement dans laquelle ils se sont présentés comme un ticket pour 2027. D'ailleurs un élu de la majorité ne s'y trompe pas, pour lui « c'est la réponse de la bergère au berger ».
La relève ?
C'est aussi la relève qui se joue. Gabriel Attal et Jordan Bardella semblent tous les deux sur orbite pour incarner l'après-Macron et l'après Le Pen. Des héritiers en quelque sorte, même si dans l'entourage de Marine Le Pen, on n'aime pas beaucoup ce terme — qui « minimise » dit-on – ce qu'est Jordan Bardella par lui-même. Emmanuel Macron – lui – a fait des compliments très appuyés à Gabriel Attal avant même de le nommer Premier ministre et il n'est pas coutumier du fait. Le président a salué son « énergie », son « courage », s'est réjoui d'avoir à ses côtés quelqu'un qui « partageait ses combats depuis l'origine », bref d'avoir fait émerger un « talent ». Un talent qui lui ressemble, capable de reprendre le flambeau dans le combat contre l'héritier de Marine Le Pen.
Sat, 20 Jan 2024 - 120 - L'ex-Nupes tatônne sur les élections européennes
Alors que l'attention politique se porte essentiellement sur le nouveau Premier ministre Gabriel Attal et son gouvernement, le Parti communiste a discrètement lancé sa campagne pour les élections européennes cette semaine. Avec une tête de liste également très jeune : Léon Deffontaines, 27 ans. Un quasi-inconnu qui sera cornaqué par le patron du PCF, Fabien Roussel, qui a décidé d'être également sur la liste. Ces Européennes sont un gros enjeu pour les partis de l'ex-Nupes mais du flou persiste.
Si Léon Deffontaines va mener les communistes et Marie Toussaint les écologistes, les deux poids lourds de l'ex-union de la gauche hésitent encore. Le Parti socialiste (PS) semble bien parti pour reconduire Raphaël Glucksmann, qui avait déjà mené la bataille en 2019. Sauf que des voix s'élèvent contre ce scénario : la maire de Paris Anne Hidalgo estime que « le choix de la tête de liste ne doit pas être fermée » et plaide pour une alliance derrière les écologistes. Et si la direction du PS repousse fermement cette idée, elle hésitait encore voilà quelques semaines à reconduire un leader qui n'a pas sa carte au parti.
Mais la plus grosse interrogation se situe du côté des Insoumis. Là aussi, la tête de liste de 2019, Manon Aubry, semble tenir la corde. Elle en est en tout cas persuadée. Sauf que la direction du mouvement n'en a pas l'air si sûre : l'espoir d'une liste d'union continue d'être martelé et des hauts cadres de LFI promettent des surprises, comme une possible implication de Jean-Luc Mélenchon.
Test après l'explosion de la Nupes
Ce rendez-vous électoral est un test pour les partis de l'ex-Nupes. Ou plutôt un test entre les gauches car comme le reconnait un cadre socialiste, « il y a bien peu de chances que l'on se mêle à la bataille pour les premières places ». « Ça va nous permettre de nous compter », renchérit-on côté écologiste.
D'où la nécessité d'éviter de passer complètement à côté du scrutin : c'est ce qui explique la présence de Fabien Roussel mais aussi du président du groupe communiste à l'Assemblée, André Chassaigne, sur la liste communiste. « L'objectif, c'est de passer le cap des 5% », explique Léon Deffontaines. Les Insoumis aimeraient quant à eux titiller la première place des ex-Nupes pour asseoir leur domination alors que socialistes et écologistes rêvent de devenir les nouvelles forces d'équilibre à gauche.
Sauf que personne n'explique vraiment comment il compte y parvenir : « Glucksmann n'a pas de programme à part sur les dossiers internationaux », persifle-t-on côté communiste, dans les rangs socialistes, on se gausse de la « stratégie de la gentillesse » de Marie Toussaint. Et un cadre écologiste estime lui que « si Mélenchon se présente, c'est vraiment un aveu de faiblesse de LFI».
Sat, 13 Jan 2024 - 119 - Mais où va Emmanuel Macron?
L’année 2023 s'est terminée en chaos politique pour Emmanuel Macron avec les secousses provoquées jusque dans sa majorité par la loi immigration. Un an et demi après sa réélection, le chef de l'État a perdu de son aura, peut-être même de son autorité. Dans le camp présidentiel, le doute s'est installé.
« Il n'y a plus de récit depuis les législatives. » Ce constat dépité vient d'un député Renaissance que rien ne portait a priorià la critique, un marcheur de la première heure, qui a rejoint Emmanuel Macron par admiration, qui a endossé le « en même temps », cru à la promesse de renouvellement et participé à la construction du parti présidentiel. Et pourtant, le doute est là. Le doute sur la méthode quand il ajoute : « La machine marche quand la parole du président fonctionne. » Une manière de dire que depuis quelque temps, ça n'est plus le cas et que cela suscite des interrogations sur le cap du quinquennat. Lors de ses vœux aux Français, Emmanuel Macron ne les a pas levés en affirmant que son cap c'était le même depuis sept ans : « Libérer, protéger, unir. » Alors que ce qu'attend la majorité c'est d'avoir une perspective, des priorités, des réformes à mener jusqu'aux élections européennes et aux Jeux olympiques, bref une ambition et un agenda pour le premier semestre 2024, au moins.
Le grand flou
Emmanuel Macron a tout de même promis un « rendez-vous avec la Nation » en janvier. Mais pour le moment, ce rendez-vous, c'est surtout le grand flou. Cette initiative annoncée subrepticement en décembre par le président n'a à ce stade ni contour défini, ni contenu précis, tout juste sait-on que l'école en fera partie. Emmanuel Macron entretient le mystère et personne ne sait vraiment ce qu'il a en tête. Pas de quoi rassurer dans la majorité qui se raccroche aux effets d'un remaniement, susceptible de relancer la machine à gouverner ? C'est ce qu'espère un autre député Renaissance quand il déclare : « Un changement de gouvernement ne suffira pas pour trouver une dynamique mais ça fait partie de l'équation. » À défaut de cap, une nouvelle équipe...
Une odeur de fin de règne dans la macronie
Les langues se délient car tout le monde a déjà en tête que bientôt, c'est de la succession d'Emmanuel Macron dont il va être question. Un des proches du chef de l'État s'en énerve d'ailleurs : « Parler de 2027, c'est affaiblir le président. On pourrit la fin du quinquennat. » Alors si Emmanuel Macron veut faire de 2024 une année utile, il doit trouver le moyen de rappeler à ses troupes que c'est encore lui le chef.
Sat, 06 Jan 2024 - 118 - À six mois des Européennes, le Rassemblement national surfe sur les sondages
L’année 2023 se referme sur les très bons scores du Rassemblement national dans les sondages. À six mois des élections européennes, tout va bien pour le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella, qui a même profité de l'adoption chaotique de la Loi immigration le 19 décembre dernier.
C'est tout le paradoxe de la séquence qui vient de se refermer au Parlement. La droite a durci le texte. Emmanuel Macron l'a assumé. Le Rassemblement national l'a juste voté. Seulement voilà, pour 55 % des Français sondés par l'Institut Odoxa, c'est Marine Le Pen qui en est la grande gagnante. Et même la seule. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu'ils sont une majorité, 51 %, à penser que cette loi correspond davantage aux idées du RN qu'à celles d'Emmanuel Macron, 22 %. C'est à peine mieux pour les Républicains avec 25 %.
L'opinion des Français fait écho aux premiers mots de Marine Le Pen après l'adoption de la loi. La chef de file des députés Rassemblement national a revendiqué « une victoire idéologique ». Ce qui a fait grincer des dents la Première ministre Elisabeth Borne, dénonçant « une manœuvre grossière du RN », alors que le patron des Sénateurs LR, Bruno Retailleau, s'insurgeait : « Marine Le Pen nous vole notre victoire ! »
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Au-delà du coup politique réalisé, Marine Le Pen a surtout gagné des points auprès des Français. Ils sont 50 % à être satisfaits par la loi. Jusqu’à 72 % à approuver les huit principales dispositions du texte, qui vont toutes vers une plus grande fermeté.
De principal opposant d'Emmanuel Macron à parti de gouvernement
Cette séquence politique consacre en tout cas, voire accélère, le succès de la stratégie de « normalisation » du Rassemblement national. Traduction concrète dans le baromètre réalisé depuis près de quarante ans pour Le Monde et France Info sur l'image du parti d'extrême droite : elle n'a jamais été aussi bonne.
Dix-huit mois après l'arrivée à l'Assemblée de 88 députés, jugés majoritairement « comme les autres, présents et impliqués », 51 % des Français considèrent le RN comme la principale force d'opposition à Emmanuel Macron. Trente points devant la Nupes, qui n'est plus dans la course à gauche.
Pour la première fois, les Français sont plus nombreux, 45 %, à estimer que le RN n'est pas un danger pour la démocratie. Contre 41 % à penser l'inverse : soit 17 points de moins depuis 2018. Le Rassemblement national ne fait plus peur et il est jugé de plus en plus crédible. C'est une autre première : les Français sont plus nombreux à le voir comme un parti de gouvernement, 43 %, qu'un éternel opposant. Deux sur trois, y compris à gauche, envisagent désormais son accès au pouvoir.
Les élections européennes auront donc valeur de test en juin 2024. Et, là aussi, tous les voyants sont au vert pour la liste conduite par Jordan Bardella. Cinq ans après l'avoir emporté de très peu, environ 200 mille voix d'avance sur celle du camp présidentiel, la perspective d'un duel dans six mois ne cesse de s'éloigner.
Les sondages du mois de décembre sont unanimes. Cette fois, c’est une large victoire au Rassemblement national qui se profile. Il est crédité de 27 à 31 % des intentions de vote, soit près de 10 points d’avance sur la liste Renaissance, qui semble emportée par la vague.
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Sat, 30 Dec 2023 - 117 - Loi immigration: après le vote, un «champ de ruines» à l'Assemblée nationale
Une semaine politique très agitée s’achève en France. L’exécutif a été sérieusement secoué après le vote de la loi immigration qui, après plusieurs réécritures, penche largement à droite, voire à l’extrême droite. La majorité en est ressortie divisée. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a démissionné, sa collègue de l’Enseignement supérieur a tenté de faire de même mais sa démission a été refusée. Rarement l’ambiance aura été si tendue dans les couloirs du palais Bourbon.
On n’avait pas vu telle agitation depuis le vote de la réforme des retraites au début de l’année. Sauf que cette fois, c’est dans le camp présidentiel et pas chez les oppositions que le malaise est le plus palpable. Il y a ceux qui font mine de ne pas voir le problème malgré l’insistance des journalistes, ceux qui considèrent qu’il fallait un texte coûte que coûte. Et puis il y a ceux, sonnés, qui n’ont pas pu cacher leur désarroi. 59 députés de la majorité – soit un quart des macronistes - n’ont pas voté la loi. Le premier d’entre eux, c’est Sacha Houlié, le président de la commission des lois, qui assume un « désaccord de fond ».
Habituellement très avenant avec les journalistes, il est apparu sans dire un mot et la mine défaite au moment du vote mardi soir. Et on ne peut pas vraiment dire que les interventions dans les médias d’Emmanuel Macronet d’Elisabeth Borne ont arrangé les choses. « Il n’y a rien de pire que le déni», nous confie Gilles Legendre qui n’est pas n’importe qui. C’était le patron des députés macronistes, lors du précédent quinquennat.
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La majorité divisée, la gauche « dégoutée »
À gauche, c’est le mot « dégoût» qui revient le plus souvent quand on interroge les membres de la Nupes. On a même assisté tard mardi soir à un coup de sang du socialiste Jérôme Guedj contre la députée Renaissance Monique Iberra, juste après le vote : « Un jour, tu as été de gauche, lui a-t-il lancé. Et maintenant, tu votes avec le Rassemblement national… J’ai honte pour vous !»
Du côté de la droite et de l’extrême droite, on se frotte les mains. Marine Le Pen a même parlé de « victoire idéologique ». Mais n’allez surtout pas dire aux députés du Rassemblement national que leur vote pour le texte est un coup politique préparé à l’avance. Non. Ils auraient même été surpris à en croire un député RN au cœur des négociations : «Vous auriez dû voir nos têtes quand on s’est aperçu que les macronistes allaient voter nos mesures…»
Une rentrée difficile en perspective
«Si seulement la pause de fin d’année pouvait durer jusqu’en 2027… », glisse une députée qui n’a pas attendu la fin de la semaine pour rentrer dans sa circonscription. Et ce n’est pas la seule. Les couloirs du palais Bourbon sont bien déserts depuis le vote de la loi immigration. « Un champ de ruines », selon les dires d’un membre de la majorité. Sauf qu’il va falloir continuer avec potentiellement l’examen d’un texte sur l’AME, l’aide médicale d’État, en janvier. C’est une promesse faite à la droite par la Première ministre Elisabeth Borne. De quoi rouvrir des plaies à peine refermées.
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Sat, 23 Dec 2023 - 116 - Gérald Darmanin touché mais pas coulé?
Pour la première fois depuis plus de 20 ans, l'Assemblée nationale a voté une motion de rejet préalable sur le projet de loi immigration. Un texte que le ministre de l'Intérieur travaillait depuis un an. Il l'avait sauvé au Sénat et l'Assemblée l'a bloqué avant même d'en avoir discuté en séance publique. Un camouflet pour Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur a remis sa démission au président de la République qui l'a refusée mais le coup est dur pour le locataire de la Place Beauvau.
Il s'est fortement impliqué jusqu'à faire de ce texte, voulu par le candidat Macron, son propre objet. Il y a quelques semaines, il jurait qu'il assumerait une défaite. « Perdre sur ce texte, c'est toujours mieux qu'un 49-3 car au moins c'est la démocratie », confiait-il à des journalistes.
Mais perdre sur une motion de rejet c'est autre chose. « Le ministre de l'Intérieur est désavoué et doit en tirer les conséquences », nous a confié après le vote le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.
Dans son camp, on dédramatise et on assure que rien de grave ne s'est passé. « Je ne vois pas ça comme une gifle. Le texte va continuer son parcours en CMP et finira par aboutir », nous a dit un député de la majorité.
Du côté des centristes du Sénat, on estime que Gérald Darmanin « est au fond du sceau mais combattif » ajoutant que « pour le moment, il n'a pas perdu la partie mais il a pris un coup au moral ».
L'arrogance de Gérald Darmanin
Les députés LR lui reprochent son attitude. Beaucoup n'ont pas apprécié le comportement du ministre de l'Intérieur lors de l'examen du texte en commission des lois mais aussi lors de la niche parlementaire du groupe la semaine dernière. « L'élément déclencheur du vote de la motion de rejet pour les élus de droite a été l'arrogance de Gérald Darmanin », analyse le président des Républicains Eric Ciotti qui a demandé à négocier désormais directement avec Élisabeth Borne.
Même son de cloche du côté du RN où une députée explique que « même si ça a été très violent » pour le ministre, « aucune pitié pour lui étant donné sa condescendance ». Cet échec s'ajoute pour elle à son bilan.
Quel peut être l'avenir du ministre de l'Intérieur ?
Les élus de tous bords soulignent que Gérald Darmanin les « traite » comme on dit en politique. Plusieurs députés ont fait savoir que le locataire de Beauvau les avait appelés au lendemain du vote du texte en commission des lois pour les remercier. Un geste apprécié. La députée écologiste Sandrine Rousseau souligne que « le ministre de l'Intérieur a été très fort en Commission des lois et qu'il fait ce que la Première ministre ne fait pas ».
Mais pour une députée de la majorité, s'il espérait être un jour Premier ministre, « il a cramé sa cartouche ». Gérald Darmanin, dont le chef de l'État a refusé la démission, n'est pas à terre. Il est touché mais pas encore tout à fait coulé.
Sat, 16 Dec 2023 - 115 - Face à Olivier Véran, les élus RN aux abonnés absents
Depuis la mi-septembre, Olivier Véran multiplie les déplacements dans les villes qui ont un maire Rassemblement national (RN). Après Beaucaire, Perpignan, Hayange et Fréjus, c'est à Hénin-Beaumont, le fief de Marine Le Pen, que le porte-parole du gouvernement s'est invité il y a une semaine. Un déplacement - forcément - très politique.
« Où sont les élus du RN ? Il n'y a personne de la mairie ? ». À peine sorti de sa berline ministérielle, Olivier Véran pose la question à la cantonade à ceux qui sont là pour les accueillir, lui et le ministre de l’Industrie, Roland Lescure. Nous sommes devant le campus de formation de l’entreprise Euralogistic, où 3 000 jeunes apprennent chaque année les métiers de la logistique.
Une drôle d'endroit pour une rencontre, au bord de l'autoroute du Nord, et surtout très loin du centre-ville d'Hénin-Beaumont. Et si le ton du ministre est faussement ingénu quand il pose sa question, c'est parce qu'il connait déjà la réponse. La rencontre n’aura pas lieu : ni le maire d'Hénin-Beaumont depuis 2014, Steve Briois, ni la députée de la circonscription depuis 2017, Marine Le Pen, ne sont là.
Le fameux « accueil républicain » se réduit au préfet des Hauts-de-France et à quelques élus locaux : PS à gauche, Les Républicains à droite et Renaissance pour la majorité ; mais dans la ville qui est devenue le fief de sa présidente, pas trace d'un représentant du RN.
Faire craquer le vernis
Pourtant, se confronter aux élus du Rassemblement national, c'est ce que cherche Olivier Véran. Son objectif : « Faire craquer le vernis de la vitrine lepéniste » selon ses mots. Ce qu'il obtenait au début de ce « tour de France », quand les élus RN venaient se frotter à lui, sans savoir vraiment sur quel pied danser. Entre sourire contraint sur la photo et accueil glacial, le risque de dérapage et l'insulte, jamais loin.
Comme à Hayange, en Moselle, quand le député RN Laurent Jacobelli lance à son homologue de Renaissance Belkhir Belhaddad : « Joue pas ta racaille. »
« Un non-événement », selon le maire RN Steve Briois
Depuis, c'est beaucoup plus simple, les élus RN ne viennent plus ! Ils préfèrent réagir à distance. Comme le maire d'Hénin-Beaumont, Steve Briois, qui s'est fendu d'un communiqué à la fin de la visite pour la qualifier de « non-événement » et de « piteuse opération de communication politicienne ».
Car les deux ministres ne sont pas venus les mains vides. Ils ont annoncé le versement de 332 000 euros d'aides publiques à Euralogistic, dont « une partie n'aurait pas été possible sans l'Union européenne. Il faut le rappeler » martèle Olivier Véran.
Et ça, « le Rassemblement national ne veut pas qu'on le dise aux gens » veut croire le ministre, alors que le parti d'extrême droite caracole en tête des sondages pour les prochaines élections européennes.
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Sat, 09 Dec 2023 - 114 - Perte de sens, absentéisme: le moral des députés français en berne
Après de longues semaines d’examen et vingt 49.3 du gouvernement, la séquence budgétaire est terminée à l’Assemblée. Prochain rendez-vous important au Palais Bourbon, dans dix jours, avec l'examen du texte immigration en séance publique. Mais les députés ont le blues. Absentéisme, découragement, perte de sens : ceux qui font la loi seraient-ils au bord du burn-out ?
Un exemple, un seul : dimanche dernier. C'est l'examen de la 26ᵉ motion de censure qu'Elisabeth Borne doit affronter après un passage en force du gouvernement sur le vote du budget. L'hémicycle est désert. Même les bancs de la Nupes ne font pas le plein. C'est pourtant eux, les députés de gauche, qui ont déposé cette motion. Résultat, 89 voix seulement pour réclamer la censure du gouvernement sur les 151 députés que compte la Nupes. « Ils ne se déplacent même plus pour voter leurs propres motions de censure », s'étonne un membre du gouvernement. Dernier symptôme en date de l'essoufflement de la vie parlementaire.
« A quoi ça sert de venir en séance ? », se demande un député LR
Pour expliquer leur absentéisme, les députés eux-mêmes pointent du doigt cette succession de passages en force du gouvernement sur les textes budgétaires, les fameux 49.3. Il y en a eu une vingtaine depuis la rentrée. « À quoi ça sert de venir en séance, si tous les débats qu'on a sont balayés en quelques minutes par la Première ministre ? » Cette question, c'est un député LR qui se la pose tout en reconnaissant qu'il passe plus de temps dans sa circonscription qu'à l'Assemblée. Il n'est pas rare, nous l'avons souvent constaté, qu'il y ait moins d’une dizaine de députés sur les bancs des LR, sur 62 élus.
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Il y a souvent plus de monde chez les Macronistes. Pour une raison simple liée à la majorité relative : les députés Renaissance doivent tous être dans l'hémicycle pour faire voter leurs amendements. Chaque voix compte. Mais eux aussi sont fatigués. « Quand on en est à 70-72h par semaine de présence en séance, on en a marre », reconnait un cadre du parti Renaissance. Et pas sûr que l'examen du texte immigration remotive les troupes. Si le gouvernement recourt au 49.3, des semaines de débats passeront à la trappe.
Faut-il revoir les règles, voire la Constitution ?
Selon un député de la majorité, il faut revoir la procédure d'examen des textes budgétaires notamment, « de A à Z ». « On est arrivé au bout d'un cycle, ça ne fonctionne plus en temps de majorité relative », nous dit-il. Sans parler de l'explosion du nombre d'amendements depuis le début de la législature. « C'est bien simple, même les services de l'Assemblée, qui doivent enregistrer chaque amendement, n'y arrivent plus », selon ce même député. Un ministre suggère de convoquer le Congrès pour revoir la Constitution. Problème : 3/5 des voix des parlementaires seraient alors nécessaires pour changer les règles. Difficile, voire impossible avec une majorité relative. C'est le serpent qui se mord la queue.
Sat, 02 Dec 2023
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