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Afrique, mémoires d'un continent explore l’histoire à travers les siècles et jusqu’à aujourd’hui. Autour d’Elgas, historiens, universitaires et spécialistes expliquent et racontent, sans tabous et à rebours des clichés, comment le passé éclaire le présent. Journaliste et coordinatrice : Delphine Michaud. Réalisation : Taguy M’Fah Traoré. ***Diffusions vers toutes cibles les dimanches à 08h10 TU et 22h10 TU (Heure de Paris = TU + 1) depuis le 27/10/2024.
- 42 - Comprendre la crise anglophone au Cameroun
Depuis 2016, un conflit oppose le gouvernement aux groupes séparatistes des deux régions anglophones du Cameroun : le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Commencée par une grève d'avocats et d'enseignants de ces régions, la crise a peu à peu glissé vers une demande de sécession. Mais ce conflit n'est pas récent, car il trouve ses origines dans la colonisation et les mouvements de décolonisation qui s'en sont suivis. Comment comprendre la crise d'aujourd'hui sous le prisme du passé ?
Avec Simon Munzu, ancien diplomate et acteur de la société civile et Emmanuel Tchumtchoua, enseignant chercheur à l'Université de Yaoundé.
Fri, 25 Oct 2024 - 41 - Sahara occidental, histoire d’une terre de convoitises
Au cœur des convoitises géopolitiques sous-régionales, le Sahara occidental fait partie des conflits de basse intensité qui perdurent sur le continent depuis près de 50 ans. Ancien territoire sous domination espagnole, cette région désertique est au cœur d’un conflit entre plusieurs belligérants : le royaume du Maroc et le front Polisario (Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro), soutenu par l’Algérie et la Mauritanie.
Depuis la grande marche verte initiée par Hassan 2 en novembre 1975, le conflit a connu plusieurs temps forts, avec notamment la proclamation de la RASD (République arabe sahraouie démocratique).
De cette région méconnue de laquelle ne filtrent que très peu d’images, RFI raconte l’histoire d’un conflit, des revendications, des acteurs passés comme actuels, l’état d’une situation fluctuante ainsi que l’implication plus ou moins directe de puissances occidentales et d’institutions africaines.
Avec l’historien Emmanuel Alcaraz, spécialiste de l’histoire contemporaine de l’Afrique du Nord.
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Elgas : Je vous propose ici de faire le portrait de ce territoire, d'abord pour commencer de sa géographie, de son histoire coloniale. Qu'est-ce que le Sahara occidental ? Est-ce que d'ailleurs cette terminologie est juste?
Emmanuel Alcaraz : Moi, je dirais qu'on peut l'appeler le pays des Blancs. En fait, c'est un no man's land entre le Maroc et l'Adrar, qui est une région de la Mauritanie. Ça a toujours été dans l'histoire. Avant la colonisation espagnole, c'était un espace tampon qui était un refuge pour des tribus guerrières. La ville de Smara était un peu la capitale religieuse où il y avait un saint marabout qui s'appelait Ma el Aïnin, qui prêchait le djihad contre tous les impérialismes européens.
Fri, 18 Oct 2024 - 40 - Soudan du Sud, histoire d’un conflit sans fin malgré l’indépendance
Le 9 juillet 2011, des dizaines de milliers de Sud-Soudanais célèbrent l’indépendance de leur pays après la prestation de serment de Salva Kiir, le premier président de Soudan du Sud indépendant. Deux ans après ce vent d’espoir, le pays retombe dans une guerre civile meurtrière, qui génèrent quatre millions de déplacés et près de 400 000 morts. Mais avant d’en arriver là, le Soudan du Sud connait une succession de violences et de guerres civiles.
Quelle est l’histoire du conflit au Soudan du Sud et quelles en sont les causes historiques ? Pour quelles raisons l’indépendance n’a-t-elle pas ramené la paix dans le pays ?
Avec Emmanuelle Veuillet, chercheuse à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales) et Elena Vezzadini, chargée de recherche au CNRS (Centre national de recherche scientifique).
Fri, 11 Oct 2024 - 39 - Tigré, aux origines d’une guerre fratricide
Plus de 600 000 morts, des millions des déplacés et menacés de crise alimentaire, le conflit du Tigré, déclaré en novembre 2020, a déchiré l’Éthiopie et continue aujourd’hui encore à saper les fragiles équilibres d’un fédéralisme national remis en question chez ce géant de la corne du continent. Malgré le drame de cette guerre depuis 4 ans, le conflit est peu médiatisé, méconnu du grand public, qui peine à en saisir le sens, les motivations et les perspectives de résolution.
Plongée dans ce tragique huis-clos pour comprendre et remonter aux origines et à la source.
Avec la participation de Eloi Ficquet,anthropologue à l’EHESS (École des Hautes études en sciences sociales).
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Fri, 04 Oct 2024 - 38 - Cheveu crépu : identité culturelle, outil de domination et émancipation
Des tresses pour affirmer un statut social, son appartenance à un groupe ethnique. Des nattes pour dire ses émotions, pour communiquer. Les coiffures ancestrales parlaient, transmettaient des messages. Mais à partir du XVème siècle, quand les Africains ont été kidnappés et réduits en esclavage, puis avec la colonisation ils ont été contraints de rompre avec leurs traditions et leurs habitudes culturelles, notamment capillaires.
Afrique mémoires d’un continent s’intéresse cette semaine à la portée sociologique du cheveu afro, et le rapport au cheveu afro à travers les époques.
Avec la participation de :
- Juliette Sméralda,sociologue, autrice de « Peau noire cheveu crépu, l’histoire d’une aliénation » (éd. Jasor) et de « Cheveux d’appoint. Perruques, tissages, rajouts, de l’Égypte antique à nos jours » (éd. Assamala)
- Nsibentum,« cheveutologue ».
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Kpénahi Traoré: Qu'est-ce qui a mis fin aux pratiques séculaires que les Africains noirs avaient en rapport avec leurs cheveux ?
Juliette Sméralda : L'Africain avait ce qu'on appelle un temps culturel, consacrait à ses cheveux un temps culturel qui était très long. Ça veut dire que pour coiffer, démêler, recoiffer, sa coiffure pouvait demander jusqu'à plusieurs heures. Dans les lieux de déportation, l'Africain est considéré comme un meuble. Il est utilisé plus de 12 h, parfois 16 h en période de récolte par les esclavagistes qui n'ont aucun égard pour son hygiène corporelle. D'ailleurs, ils mettent beaucoup de temps avant de répondre à leur demande d'accessoires pour entretenir justement leurs cheveux, puisque le peigne afro n'a pas suivi la trajectoire des déportés. Pendant longtemps, le début de la colonisation et l'esclavagisme, les Africains auront le temps de se sentir sales, d'autant qu'on leur a montré que leur peau noire était pour les blancs symbole de saleté, etc. Donc petit à petit, le cheveu pousse et est en très mauvais état. On sait que ça va être un élément qui inscrira chez l'Africain un complexe, une perte de l'estime de soi. Parce que ils ont eu le temps de voir se dégrader leur corps, leur rapport à leur corps.
Fri, 27 Sep 2024 - 37 - Archives sonores des tirailleurs ou la difficile construction d’une mémoire collective
Dans le camp de Wünsdorf à 40 kilomètres de Berlin en Allemagne, nombreux furent les prisonniers africains pendant la Première Guerre mondiale. Ces soldats, venus de tous les coins du continent, ont servi de matière à expérimentations ethnologiques sans leur consentement.
La commission phonographique royale prussienne a profité de ces milliers de détenus pour mener des enregistrements sonores et constituer une bibliothèque linguistique et sonore du monde. On y entend des hommes prier, compter, chanter dans leurs langues. Afrique mémoires d’un continent vous raconte l’histoire de ces archives sonores.
Avec la participation de :
- Anna-Marie Diagne,linguiste à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) au Sénégal
- Martin Mourre,historien affilié à l’Institut des mondes africains (IMAF).
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Elgas : Qu'est-ce que vous avez vu en parcourant les archives ? Il y a combien de pièces ? Quelle est leur variété et leur diversité ? Est-ce que vous pouvez donner à voir à nos auditeurs ce que vous avez rencontré en parcourant ces archives sonores ?
Anna-Marie Diagne : Il s'agit d'un enregistrement audio et pour chaque enregistrement, à quelques exceptions près, il y a une fiche personnelle qui apporte des informations sur la personne enregistrée, les circonstances de l'enregistrement et son contenu. On trouve aussi dans ces fiches le type d'informations qui documentent un corpus linguistique tel que le nom, le prénom, le lieu et la date de naissance, et d'autres informations biographiques qui permettent de comprendre le parcours linguistique du locuteur, les différentes langues qu'il parle etc. Ces informations sont susceptibles d'intéresser, en plus des linguistes, des historiens, des anthropologues... Dans certains cas, ces informations pourraient même permettre de retrouver les familles de ces prisonniers. Ce n'est pas du tout exclu.
Fri, 20 Sep 2024 - 36 - Mali : le pays Dogon, histoire d’un patrimoine menacé
Perchées sur les hauts plateaux ou à flanc de falaises, leurs maisons en banco aux toits de chaume pointus forment une construction en cascade. Afrique, mémoires du continent plonge dans l’histoire de ces villages dogons devenus l’une des principales destinations touristiques du Mali jusqu’à la crise sécuritaire qui a débuté en 2012. Qui sont les Dogons ? Quel est leur mode de vie et quels étaient leurs rituels ancestraux ?
Avec la participation de :
Drissa Kanambaye, enseignant-chercheur à l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication de Bamako et membre de Ginna Dogon, association malienne pour la protection et la promotion de la culture Dogon Anne Doquet, anthropologue, chargée de recherche à l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et directrice adjointe de l’IMAF (Institut des mondes africains)Fri, 13 Sep 2024 - 35 - Sur les pas de l’écrivaine Maryse Condé en Afrique
Afrique, mémoires du continent rend hommage à une grande figure de l’histoire de la littérature. Lauréate du prix Nobel « alternatif » de littérature en 2018, la guadeloupéenne Maryse Condé aura sillonné l’Afrique pendant douze années, en quête d’identité, de sens, de refuge. Son parcours de femme libre, sa vie pleine de rebondissements, sa relation passionnelle et complexe avec l’Afrique, nous sont contés par la sociologue Fatou Sow.
Avec la participation de la sociologue sénégalaise Fatou Sow.
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Elgas : Chère Fatou Sow, est-ce qu'on peut dire que la connexion de Maryse Condé avec le continent africain se fait en partie à Paris par ses lectures et ses rencontres?
Fatou Sow: Cette connexion se fait absolument à Paris parce que tant qu'elle vit en Guadeloupe, au fond dans une société totalement colonisée mais appartenant à une famille que l'on disait bourgeoise, après tout son père était banquier et sa mère institutrice, elle était dans cette élite guadeloupéenne où le racisme existait mais était plus feutré à ce niveau là. Quand elle arrive à Paris, elle raconte elle-même que, au lycée, ils sont parfaitement racistes. Et elle se rend compte, comme beaucoup de mes amies antillaises avec qui j'ai discuté , que c'est surtout en arrivant en France qu'elles se rendent compte qu'elles sont françaises, mais pas françaises à part entière. Qu'elles sont noires avant tout. Et ce racisme là la jette littéralement dans les bras d'un autre monde qui est le monde africain.
À lire aussiMort de l'écrivaine Maryse Condé: récit d'une «vie sans fards» entre trois continents
Fri, 06 Sep 2024 - 34 - En 1324, le fastueux pèlerinage à La Mecque de Mansa Moussa
Nous sommes en 1324. L'empereur du Mali, Mansa Moussa, se rend en pèlerinage à La Mecque. Et il ne passe pas inaperçu, car il emmène avec lui, pas moins de deux tonnes d’or et plusieurs dizaines de milliers d’hommes parmi lesquels ses courtisans, des soldats et des esclaves. Pour quelles raisons ce périple fait-il date dans la grande histoire du monde ? Dans quelles conditions le cortège a-t-il effectué les 6 000 kilomètres qui séparent Tombouctou de la péninsule arabique ?
Pourquoi Mansa Moussa est-il devenu un phénomène international ?
Avec la participation de l’historien Hadrien Collet, attaché à l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, auteur de Le Sultanat du Mali. Histoire régressive d’un empire médiéval, XXIème-XIVème siècle (éd. CNRS).
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Kpénahi Traoré : Mansa Moussa, pour peut-être asseoir son pouvoir et aussi on l'imagine respecter ce rite, va effectuer un pèlerinage à La Mecque. Comment va-t-il décider d'accomplir ce voyage et avec qui se déplacera-t-il ?
Hadrien Collet : Pour son grand voyage qui dure de 1323 à 1325, pour un pèlerinage à La Mecque qui avait lieu cette année-là du 4 au 9 décembre 1324, on a un projet qui dépasse largement la simple obligation religieuse puisque Mansa Moussa va prendre la décision de se déplacer avec son empire. Ce n'est pas le premier Mansa, ni le premier roi sahélien à faire le pèlerinage, mais par contre c'est le premier qui va associer à son pèlerinage un projet politique assez clair, diplomatique et aussi commercial. C'est une caravane assez bien décrite dans les sources égyptiennes. On estime qu'elle transportait, selon les estimations, entre 10 000 et 20 000 âmes. Et il y a un consensus des historiens pour dire qu'il avait emporté au moins douze tonnes d'or avec lui. Donc douze tonnes d'or, ça veut dire aussi une partie de son armée avec lui pour protéger cette richesse, pour protéger aussi la famille royale. Une force servile aussi importante puisque les esclaves servaient à la fois évidemment pour servir les hommes libres pendant le voyage, mais ils pouvaient aussi être vendus et ainsi servir de monnaie d'échange sur la route. Et puis, évidemment, d'autres acteurs, d'autres groupes profitent de cette grande caravane pour faire le voyage avec eux. Donc un certain nombre de Berbères sahariens, aussi des Maghrébins qui sur la route rejoignent ce cortège. Ce qui explique qu'il a été aussi remarqué en arrivant au Caire. Et parce qu'un homme de condition libre qui a un peu d'argent à cette époque va faire le voyage avec au moins trois bêtes de somme. Donc, si la caravane réunit près de 20 000 personnes, on peut au moins imaginer le double en bêtes de somme, en dromadaires et en mules. Quelque chose de très impressionnant.
Fri, 30 Aug 2024 - 33 - Au Congo avec Hassim Tall Boukambou, chasseur d’archives
Afrique, mémoires d’un continent vous propose ce dimanche un voyage de l’autre côté de l’histoire et une mise en lumière de ceux qui nous permettent de la connaître et de la diffuser. Notre invité Hassim Tall Boukambou nous ouvre les tiroirs et armoires empoussiérées des archives de la République du Congo auxquelles il a dédié sa vie. Il nous raconte son travail, ses films, sa conception philosophique de l’importance de ces documents, témoins de l’histoire.
Avec le producteur, réalisateur et archiviste congolais Hassim Tall Boukambou.
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Elgas : Quand commence votre intérêt, voire votre passion pour les archives ? Pourriez-vous nous raconter tout simplement votre parcours ?
Hassim Tall Boukambou : Je dirais tout simplement que mon intérêt pour les archives, en fin de compte, il date de l'enfance. L'air de rien, on ne s'en rend même pas compte parfois. J'ai souvent pu consulter les albums de famille. Et mon père justement a produit des photos. Ça me fascinait de voir toutes ces photos en noir et blanc. Mes parents, qui ont fait leurs études de grossesses un peu partout, sont rentrés en Afrique pour construire cette Afrique post-indépendance. Et donc, chemin faisant, sans m'en rendre compte, j'ai développé un intérêt pour l'histoire, la géographie, ici au Congo-Brazzaville. On était dans un pays dit révolutionnaire avec un accent mis sur l'histoire africaine, la glorification des pères, des résistants à la colonisation à la façon coloniale européenne. Donc je grandis, moi, dans tout ce bouillonnement culturel. Et finalement, ma vocation pour les archives, pour travailler sur les archives, vient du fait que je me mets à produire des films documentaires.
Fri, 23 Aug 2024 - 32 - 15 août 1944 : en Provence, le débarquement des combattants africains
Le 15 août 1944, plus de 500 commandos attaquent l’ennemi allemand au Cap Nègre dans le sud-est de la France. C’est le début du débarquement de Provence auquel participent 350 000 soldats alliés. Parmi eux, des tirailleurs sénégalais, des goumiers, des tabors marocains et pieds-noirs algériens. En tout, plus de 120 000 combattants issus des colonies françaises de l’époque lancent l’assaut. C’est l’opération Dragoon, décisive dans le dénouement de la Seconde Guerre mondiale.
Comment ce débarquement a-t-il été décidé ? Qui sont les soldats qui y prennent part ? Pour quelles raisons ce débarquement est-il moins connu que celui de Normandie ?
Avec Julien Fargettas, docteur en Histoire et auteur entre autres de « La fin de la force noire : les soldats africains et la décolonisation française » (éd. Les Indes savantes) et de « Les tirailleurs sénégalais : les soldats noirs entre légendes et réalités 1939-1945 » (éd. Tallandier).
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Kpénahi Traoré : Qui sont les soldats qui participent au débarquement de Provence et d'où viennent-ils ?
Julien Fargettas : Les alliés débarquent en France occupée. Les jeunes Français ne sont pas disponibles pour être incorporés, tout du moins au moment du débarquement. Donc il faut faire appel à ce qu'on appelait à l'époque l'Empire, l'empire colonial français avec toutes ses particularités. Et on trouve dans ces troupes qui vont débarquer des Algériens, on va trouver des Tunisiens, des Marocains, mais aussi des soldats originaires de toute l'Afrique occidentale française, du Sénégal au Niger jusqu'à la Guinée, etc. Et puis également des soldats originaires de l'Afrique équatoriale française, Tchad, Congo, etc. C'est une vraie armée diversifiée qui va débarquer. Et puis il faut penser également à ces Français d'Afrique du Nord, ce qu'on a appelé par la suite les pieds-noirs qui vont aussi participer de manière très importante à ce débarquement.
K.T. : On parle le plus souvent de l'armée de l'Afrique, mais aussi des troupes coloniales qui ont participé à cette opération. Quelle est la différence? Est-ce qu'il s'agit des mêmes combattants?
J.F. : Une petite subtilité. Le mot armée d'Afrique peut être trompeur. En fait, quand on parle d'armée d'Afrique, c'est l'armée d'Afrique du Nord. Parce que vous le savez, c'est là qu'ont eu lieu les premières implantations françaises, notamment en Algérie. Et donc les troupes ont pris cette appellation d'armée d'Afrique où vous allez retrouver effectivement des tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, des zouaves, des spahis, des Européens d'origine française. Et puis en revanche, les troupes coloniales, là, ce sont celles d'Afrique occidentale et équatoriale. Il faut rajouter aussi les Malgaches. Vous pouvez aussi rajouter les troupes qui viennent du Pacifique ou d'Indochine.
Fri, 16 Aug 2024 - 31 - Yambo Ouologuem et Ahmadou Kourouma, les jumeaux de 1968
L’un est Malien, héritier de la grande civilisation Dogon, il s’appelle Yambo Ouologuem. L’autre est Ivoirien, héritier d’une prestigieuse chefferie, il s’appelle Ahmadou Kourouma. (Rediffusion)
Ils écrivent l’Histoire africaine en plein cœur de Paris. Les deux livres qui les lancent dans la notoriété, publiés tous les deux en 1968, ont respectivement pour titres : Le devoir de violence et Les soleils des indépendances. Deux portraits décapants de l’Afrique antecoloniale et post-indépendance qui ne connaîtront pas le même destin.
Avec la participation de l’écrivain Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 avec « La plus secrète mémoire des hommes » (éd. Philippe Rey et Jimsaan).
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Elgas: Yambo Oulologuem arrive à Paris en 1960. Tout un symbole d'ailleurs, cette année qui voit beaucoup de pays africains s'émanciper. Il poursuit sa formation au prestigieux lycée Henri IV où il se forge très rapidement une impressionnante culture littéraire, sur les bases déjà de son enfance, avec l'éducation du papa. Que sait-on de cette vie parisienne de Yambo Ouloguem qui commence à frapper aux portes de la gloire littéraire?
Mohamed Mbougar Sarr : Alors voilà, Ouologuem arrive en 40. En effet, il est tout jeune et très vite, je crois qu'il est séduit par Paris, par les lumières de Paris. C'est un jeune dandy. J'ai eu quelques témoignages d'anciens camarades de classe qui le décrivent déjà extrêmement cultivé, mais aussi assez arrogant, assez moqueur, assez ironique, assez mordant, mais assoiffé de culture, assoiffé de lecture. Il fréquente les bibliothèques, il fréquente la nuit parisienne. Il est comme ça, à l'affût de ce qui se passe. Et il commence à écrire très tôt, à l'âge de 23 ans. Dès 1963, il commence à envoyer des manuscrits au Seuil. C'est un jeune immigré qui arrive, qui veut découvrir, qui a déjà un fond de culture et qui veut l'enrichir, mais à tous les vents.
Fri, 09 Aug 2024 - 30 - Histoire du chemin de fer en Afrique subsaharienne
« Le chemin de fer Brazzaville-Océan est un effroyable consommateur de vies humaines », écrivait l'auteur français André Gide, en 1926, dans son ouvrage « Voyage au Congo ». Retour ce samedi sur la réalisation des premiers chemins de fer en Afrique subsaharienne, à l'époque coloniale. Dans quel contexte et à quelle fin ont-ils été construits ?
Avec la participation de :
- Roland Pourtier, géographe spécialiste de l'Afrique centrale, professeur honoraire à l'Université Paris Panthéon-Sorbonne
- Foussata Dagnogo, géographe et enseignante-chercheuse à l'Université ivoirienne Peleforo Gon Coulibaly de Korhogo.
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Kpénahi Traoré :À quelle date les premiers chemins de fer ont-ils commencé à apparaître sur le continent africain?
Roland Pourtier : Les chemins de fer sont étroitement imbriqués avec l'histoire de la colonisation, et donc le rythme de construction des voies ferrées peut se lire à la lumière de l'histoire coloniale. Tout commence au milieu du XIXè siècle, c'est en Europe la révolution industrielle et l'ère de la machine à vapeur. Et bien, ce chemin de fer du XIXè siècle va être transposé en Afrique. La première ligne sera construite en Égypte, entre Alexandrie et Le Caire, inaugurée en 1856. Par la suite, on aura aussi en Afrique du Nord, Alger-Blida en 1858. Il faudra attendre un petit moment pour que la vague de construction des chemins de fer arrive en Afrique subsaharienne. Et le grand moment de construction, c'est dans les années 1880. Les premières voies ferrées sont décidées en Afrique de l'Ouest, au Sénégal. La voie Dakar-Saint-Louis, c'est la première qui sera construite en 1883-1885 pour situer à peu près. Et là, on a vraiment le départ et ça correspond à une vision qui a déjà été exprimée par Faidherbe pour le Sénégal dès les années 1860, vision selon laquelle la colonisation ne sera possible que s'il y a des voies de pénétration dans l'intérieur du continent à partir des ports.
Fri, 02 Aug 2024 - 29 - Dans l'archipel du Cap-Vert, une démocratie bien ancrée
Décolonisation des colonies portugaises, naissance du PAIGC, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, retour sur la figure du militant panafricaniste Amilcar Cabral, relations avec le Portugal… Afrique, mémoires d’un continentretrace, ce dimanche, l’histoire de la démocratie du Cap-Vert, une histoire politique qui prend sa source dans la lutte pour l’indépendance et qui fait figure de modèle sur le continent africain.
Avec notre invité José Arlindo Barreto, recteur de l’Université du Cap-Vert
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Elgas:Pourriez-vous évoquer la naissance d'un parti, le PAIGC, le Parti africain de l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert ?
José Arlindo Barreto : Le Cap-Vert, par rapport à la question de la démocratie, est régulièrement cité comme un des pays exemples en la matière, grâce à la stabilité des gouvernements. Tous les dirigeants des gouvernements successifs qui ont pris le pouvoir au Cap-Vert depuis l'indépendance en 1975 jusqu'à aujourd'hui ont su regarder l'intérêt du pays avant celui des partis.
Thu, 25 Jul 2024 - 28 - Au Sénégal, le sacrifice des femmes de Nder
S’immoler par le feu pour résister et dire non à l’esclavage, c’est le choix fait le 7 mars 1820 par les femmes de Nder, capitale du royaume du Waalo au Sénégal. Afrique, mémoires d’un continent, retrace cette semaine le destin tragique de ces résistantes qui, face aux envahisseurs maures et leurs alliés les Toucouleur, ont opté pour une mort dans la dignité.
Avec la participation de Amadou Bakhaw Diaw, historien et autorité coutumière du Waalo au Sénégal.
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Kpénahi Traoré : Que reste-t-il du sacrifice des femmes de Nder aujourd'hui ?
Amadou Bakhaw Diaw : Les Français ont laissé un château, la «Folie du Baron Roger», à Richard-Toll (à 100 km de Saint-Louis). On aurait bien aimé qu'on puisse y rassembler l'ensemble des documents. Le Waalo est l'un des rares royaumes du Sénégal où il y a des archives coloniales de 1500 jusqu'à 1900. On a beaucoup écrit, les Français ont beaucoup écrit. On a besoin de rassembler l'ensemble de ces documents, les numériser. Parce que l'histoire de Nder, c'est aussi l'histoire du Radeau de la Méduse, c'est l'histoire du comptoir de Saint-Louis, c'est l'histoire de la colonisation agricole. C'est l'histoire de nos relations avec l'émirat du Trarza.
Fri, 19 Jul 2024 - 27 - L'art rupestre, témoin des grandes mutations du Sahara
Le Sahara. Près de 10 millions de km², bordé par une dizaine de pays, et aux températures inhospitalières. Zone tampon d’échanges, de commerces divers, de conflits politiques, le Sahara a connu plusieurs mues. Le travail des historiens et archéologues révèle entre autres l’existence passée de lacs paléolithiques, une faune et une flore prospères, véritable paradis des chasseurs-cueilleurs.
Et que dire des vestiges artistiques d’un Sahara jadis vert, et que l’on compte par milliers ? Enfin comment naissent, grandissent et meurent, s’ils meurent, les déserts ? Par quels processus climatiques et géologiques changent-ils de nature ?
Avec la participation de Michel Barbaza,professeur émérite en archéologie des universités de Toulouse, auteur de l’article « La préhistoire récente du Sahara ».
Fri, 12 Jul 2024 - 26 - En Namibie, le génocide méconnu des Nama et des Herero
Le 4 octobre 2011, un avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport de Windhoek en Namibie. Des centaines de personnes sont venues accueillir ce vol spécial. Il transporte 20 crânes, des restes de femmes et d’hommes massacrés par les troupes coloniales allemandes entre 1904 et 1908.
L’extermination par le « Deuxième Reich » de ces 60 000 Herero et 10 000 Nama est considérée par les historiens comme le premier génocide du XXème siècle. Afrique, mémoires d’un continent propose de revenir sur ce crime oublié de l’histoire coloniale africaine.
Merci à notre invité Joël Kotek, historien et professeur à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique.
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Kpénahi Traoré : Joël Kotek, expliquez-nous qui sont les Herero et les Nama ?
Joël Kotek : À l'époque, en 1904, ce sont les deux peuples majoritaires, les deux tribus majoritaires de ce qui est aujourd'hui la Namibie, dans le Sud-Ouest africain, qui était alors une colonie allemande. Ils représentaient à peu près 40% de la population totale. Tout l'enjeu de la colonisation allemande, c'était de convoiter des terres, de libérer de l'espace vital pour pouvoir y amener des colons allemands, comme l'avaient fait notamment les Britanniques dans leurs colonies, que ce soit en Afrique du Sud ou que ce soit en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Fri, 05 Jul 2024 - 25 - La vallée du Nil, aux origines de l’excision
Afrique, mémoires d’un continent revient ce dimanche sur l’histoire d’un sujet aussi délicat que douloureux, l’excision. Quand les femmes ont-elles été excisées pour la première fois et dans quelles régions du monde ? Comment expliquer la longévité de cette pratique ? Est-elle imposée ou recommandée par la religion, ou relève-t-elle de l’ordre de la tradition ?
Avec la participation de Sophie Bessis, historienne, journaliste et féministe, auteure entre autres de « Les Arabes, les femmes et la liberté » (éd. Albin Michel).
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Elgas : En l'état des connaissances, quand et où les femmes ont-elles été excisées pour la première fois ?
Sophie Bessis: En recoupant toutes les données historiques, archéologiques, anthropologiques, on a une idée relativement précise de l'apparition des mutilations génitales féminines. Les historiens et les paléo-historiens estiment que l'excision serait apparue à peu près entre le deuxième et le premier millénaire avant Jésus-Christ, à peu près. Et en fait, c'est une pratique extrêmement ancienne. Et ce qu'il faut tout de suite pointer sur cette ancienneté, c'est que cette pratique est antérieure à l'apparition des trois grands monothéismes révélés le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Fri, 28 Jun 2024 - 24 - Doukki Gel, un trésor architectural au Soudan
En 2018, une mission archéologique suisse-soudano-française met à jour sur le site de Doukki Gel, au Soudan, un ensemble de constructions datant de près de 4 000 ans et aux fondations arrondies ou ovales totalement inédites. Que représente cette découverte ? Que nous dit ce nouveau type d’architecture sur Doukki Gel et ses habitants ? Pour quelles raisons cette cité pourrait être la trace d’une des premières civilisations africaines ?
Que nous apprend le site de Doukki Gel sur l'histoirede la région ?
Avec la participation de Dominique Valbelle, professeur émérite d’égyptologie et de nubiologie, et l’archéologue et égyptologue Charles Bonnet, auteurs de Doukki Gel et les origines de l'histoire africaine (éd. Khéops)
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Kpénahi Traoré : Que représente selon vous la découverte de la ville de Kerma et de celle de Doukki Gel, situées à moins d'un kilomètre l'une de l'autre ?
Charles Bonnet: Nous avons travaillé pendant plusieurs années sur ces deux villes et nous avons eu la surprise de découvrir que l'une, qui était au bord du Nil, était allongée, avait une topographie tout à fait particulière, avec des grands monuments sur une route magnifique. Et une autre ville à moins d'un kilomètre, Doukki Gel, qui se trouve un peu à l'intérieur des terres, et qui nous présente une topographie bien différente puisqu'on découvre un centre urbain avec des monuments extraordinaires, immenses. Jusqu'à 70 mètres pour certains d'entre eux, certains palais. On a eu l'occasion pendant plusieurs années d'étudier cette ville et de reconnaître son plan, mais on sait aujourd'hui que ces vestiges s'enfonçaient à quatre ou cinq mètres de profondeur et qu'il faudra des années pour les étudier complètement.
Fri, 21 Jun 2024 - 23 - La Françafrique au Katanga, les coulisses d’une guerre méconnue
Le 30 juin 1960, après de hautes luttes menées notamment par Patrice Lumumba, Joseph Kasa-Vubu ou encore Moïse Tshombé, la République Démocratique du Congo, vaste territoire riche en matières premières et longtemps sous domination belge, accède à l’indépendance. C’est l’euphorie, mais une euphorie de courte durée. Très vite l’unité se fissure et le Katanga fait sécession sous la houlette de Moïse Tshombé.
Avec la participation de Maurin Picard, journaliste et auteur de « Katanga ! La guerre oubliée de la Françafrique contre l’ONU » (éd. Perrin).
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Elgas: Comment s'opère la rupture avec le Congo belge ? Quel est le contexte de cette décolonisation ?
Maurin Picard : Tout commence évidemment avec la déclaration officielle de l'indépendance de l'ex-Congo belge, le 30 juin 1960. Le départ des Belges est précipité. Il y a eu une insurrection, une mutinerie au sein de l'armée congolaise qui refuse de continuer à être commandée par des officiers supérieurs belges. Et très vite, la situation dégénère. Il y a des émeutes aux quatre coins du pays. Les Blancs sont obligés de plier bagage. C'est la fuite éperdue vers l'aéroport de Léopoldville pour rentrer en Belgique. Mais il y a une province où un calme relatif se maintient. C'est le Katanga. Parce que là, la présence coloniale belge est encore très forte via une entreprise qui s'appelle l'Union Minière du Haut Katanga. Les intérêts financiers sont énormes. Vous avez parlé évidemment des intérêts de la Belgique, mais en fait, c'est un conglomérat anglo-belge. Il y a beaucoup d'intérêts britanniques, anglo-saxons au Katanga. Il est hors de question de laisser la chienlit, pour parler comme De Gaulle, prendre le pouvoir au Katanga. Et donc cette oasis de stabilité va donner des idées aux dirigeants katangais et ils déclarent la sécession du Congo quelques jours plus tard, le 11 juillet, en appelant l'Occident à venir à son aide face au chaos du Congo.
Fri, 14 Jun 2024 - 22 - Société arabo-musulmane et esclavage
Afrique, mémoires d’un continent remonte à nouveau dans le temps, plus précisément à partir du VIIème siècle, et suit les caravanes traversant le Sahara avec des convois d’esclaves. Quand cette pratique a-t-elle véritablement débuté dans les pays d’Afrique du Nord ? Comment a-t-elle façonné les sociétés maghrébines ? Pour quelles raisons l’esclavage dans les sphères musulmanes est parfois mis en opposition avec la traite transatlantique ?
Avec la participation de M’hamed Oualdi, professeur d’histoire du Maghreb moderne et contemporain à Sciences Po Paris, auteur entre autres de « L’esclavage dans les mondes musulmans : des premières traites aux traumatismes » (éd. Amsterdam) et de Mohamed Yahya Ould Ciré, ancien Consul général de la Mauritanie en Guinée-Bissau, docteur en Sciences politiques à l’Université Paris II, auteur d’une thèse « L’abolition de l’esclavage en Mauritanie et les difficultés de son application ».
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Kpénahi Traoré : M'hamed Oualdi, de quoi parle-t-on quand on évoque l'esclavage dans le monde musulman ?
M'hamed Oualdi : Il y a plusieurs mondes musulmans. Donc il y a ce monde musulman où il y a eu une traite massive et violente, à partir de l'Afrique subsaharienne vers l'Afrique du Nord, vers le Proche-Orient. Il y a aussi une traite à partir de l'Afrique de l'Est, notamment des femmes et des hommes éthiopiens, aussi à destination de ce nord de l'Afrique. Mais il ne faut pas oublier que dans ces mondes musulmans, il y a aussi des gens qui sont asservis à partir du nord de l'Europe, ça il ne faut pas l'oublier. Et aussi à partir du Caucase. La logique de tout ça, c'est comme dans le monde chrétien ou dans le monde juif antique, ou dans les mondes antiques, c'est qu'une personne qui n'est pas musulmane et qui combat le monde musulman, qui est engagée dans un combat contre le monde musulman, peut être asservie. Si dans une guerre, on a des prisonniers de guerre, ceux-là sont captifs et peuvent être asservis. C'est la même chose pour les femmes et les enfants. Et du coup, on ne les tue pas, mais on les vend comme esclaves.
Fri, 07 Jun 2024 - 21 - Terre de rivalités, à quoi ressemblait la Nubie médiévale ?
Afrique, mémoires d’un continent poursuit son voyage dans le riche moyen-âge africain à la découverte de la Nubie, terre de conquêtes et de reconquêtes, de batailles d’influence entre civilisations et religions. Vaste espace s’étalant sur 1 400 kilomètres et longeant le Nil d’Assouan en Égypte à Khartoum au Soudan, la Nubie médiévale s’est retrouvée au cœur d’un enjeu de domination, entre royaumes christianisés et convoitises islamiques entre le VIème et le XIVème siècle.
Avec la participation de l’historien Robin Seignobos, maître de conférence en Histoire à l’Université Lumière-Lyon 2, auteur entre autres de l’article « La Nubie, des royaumes chrétiens à la domination islamique »
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Elgas : Qu'est-ce qui déclenche les incursions islamiques dans les royaumes chrétiens et comment opère-t-elles en territoire nubien ?
Robin Seignobos : Alors effectivement, dès le milieu du VIIè siècle, la Nubie n'échappe pas à la grande vague d'expansion arabo-musulmane. L'élan de conquête lancé depuis les années 630 va permettre à cet empire arabe de s'emparer de l'Orient en un peu plus d'une décennie, et de l'Égypte qui est conquise en 641-642. Et donc les incursions en Nubie étaient le prolongement naturel, une sorte de continuité de cet élan de conquête. Puisque l'Égypte était tombée si facilement, pourquoi ne pas pousser plus loin un appétit de conquête. mais un appétit de conquête qui se heurte assez rapidement à une forte résistance.
Fri, 31 May 2024 - 20 - L’odyssée de Bakari II, l’empereur mandingue explorateur
Qui est Bakari II, l’empereur de l’empire mandingue parti vers les Amériques en 1312 à la tête d’une flotte de 2 000 bateaux ? Pour quelles raisons avoir entrepris ce voyage ? Qu’est-il advenu de son expédition transatlantique ? Et s’il avait découvert l’Amérique, 180 ans avant Christophe Colomb, aurait-il pu changer l’histoire ?
Avec la participation de l’ethnologue Jean-Yves Loude, co-auteur de « Le Roi d’Afrique et la Reine mer » (Éd. Actes Sud) et de Mamadou Diabang, auteur d’une thèse intitulée « L’Épopée de Bakari II : Approche littéraire de la chronique historique du roi perdu de l’empire médiéval du Mali ».
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Kpénahi Traoré : On comprend que Bakari II n'avait pas ce qu'on pourrait appeler la fibre guerrière des rois des empereurs de l'empire mandingue. Il s'intéressait plutôt à l'exploration au-delà des mers, aller voir ce qui se passait de l'autre côté. Jean-Yves Loude, vous qui avez suivi les traces de Bakari II pour votre enquête, qu'est-ce que vous avez pu découvrir sur place ?
Jean-Yves Loude : Une des hypothèses avancée, c'est qu'il est vrai que Bakari II était soumis à l'obligation de faire mieux que les autres. C'est ce qu'on appelle le complexe d'Alexandre le Grand, celui d'aller toujours plus loin. Les ancêtres de Bakari II avaient déjà tout conquis. Il ne lui restait donc que la mer à conquérir, ce qui n'était pas une mince affaire parce que c'est un continental, il n'est pas censé s'intéresser aux choses de la mer. En plus, on sait que c'est là que se situe le siège du divin. Donc tout était fait pour ne pas s'aventurer dans un monde aussi complexe et aussi dangereux. Nous avons enquêté chez les Sérères, ceux qui détiennent les pouvoirs de l'ouverture des mers. Ils nous ont tous confirmé que si cette histoire est avérée, la réussite de l'expédition ne pouvait se faire que si Bakari II avait de bonnes pirogues, mais aussi à condition qu'il ait de bons devins et de bons prêtres ouvreurs des mers.
Fri, 24 May 2024 - 19 - Histoire et morale de la corruption en Afrique
Bouffer, graisser la patte, chercher un bras long, rendre service… Les termes pour désigner la corruption sont nombreux et existent dans toutes les langues et sur tous les continents. En Afrique, elle serait répandue, invincible, fondue dans les pratiques, les mœurs, les réflexes. Maladie désignée des dirigeants politiques et administrations, de l’économie formelle ou informelle, personne n’y échappe. Y aurait-il des différences avec le reste du monde ?
À quand remonte la corruption et à qui profite-t-elle ? Cause majeure de discrédit des États, ce phénomène universel semble prendre des tonalités bien africaines.
La corruption est-elle valorisée par la morphologie de certains réseaux et circuits familiaux ou communautaires ? Y a-t-il pression sociale et impunité ? Comment le don d’argent a-t-il supplanté la logique de cadeaux ? Et la honte dans tout ça ? Avec la corruption, les repères moraux évoluent. La honte ne désignerait plus le sentiment de tort, de ne pas honorer une vertu morale, mais plutôt le fait de ne pas satisfaire les siens, de les abandonner.
Avec la participation de l’anthropologue Jean-Pierre Olivier de Sardan, directeur de recherche émérite au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), directeur d’études à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales), chercheur au LASDEL (Laboratoire d’études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local) au Niger, auteur de L’enchevêtrement des crises au Sahel (Éd. Karthala).
Crime and corruption, de Lucky Dube
La corruption, de Valsero.
Fri, 17 May 2024
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