Le fils d’un samouraï devint le domestique d’un haut fonctionnaire. Il tomba bientôt amoureux de la femme de ce dernier et eut une liaison avec elle. Le fonctionnaire s’en aperçut, il y eut une dispute, et le fils du samouraï tua le fonctionnaire puis s’enfuit avec la femme. Ils devinrent des voleurs, mais le fils du samouraï fut bientôt pris de remords et leurs chemins se séparèrent. Le fils du samouraï voulut expier son passé : il y avait une route dangereuse qui traversait une montagne. Il s’attela à l’immense tâche de creuser un tunnel sous la montagne. Des années passèrent. Le fils du fonctionnaire, une fine lame ivre de vengeance, retrouva le fils du samouraï, bien décidé à lui faire payer son meurtre. L’autre lui dit : « Laisse-moi finir mon travail, je n’en ai plus que pour une année. Après, tu pourras me tuer. » Il continua donc son travail ; l’autre, oisif, se mit à l’aider pour accélérer l’ouvrage et pour s’occuper. Ce faisant, il apprit à mieux connaître le fils du samouraï, à voir ses qualités, son engagement, son courage. Ce dernier, quand le tunnel fut achevé, tendit son cou à l’autre : « Maintenant, tu peux me couper la tête. — Comment le ferais-je ? répondit le fils du fonctionnaire, des larmes dans les yeux. Je ne peux pas tuer mon professeur. »
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Cette histoire me ramène inévitablement à l’une de mes marottes — mais faisons-nous autre chose que répéter sans cette la même chose ? Nous regardons bien souvent les situations présentes avec les oripeaux du passé et nous faisons des gens que nous croisons des épouvantails. Ça n’est qu’en allant au contact que les habits dont nous avions paré l’autre tombent. Bientôt apparaît un être nouveau que nous n’avions jamais vu auparavant. Cependant, je ne suis pas sûr que le fils du fonctionnaire ait pardonné l’assassin de son père ni perdu tout désir de justice. L’histoire dit seulement qu’il ne peut plus la faire lui-même. On dit que l’amour est aveugle, mais il ne peut pas en être autrement de la vengeance : dès qu’on ouvre les yeux, elle devient impossible.
Deux rabbins débattent jusqu’à fort tard, dans la soirée, de l’existence de Dieu. Ils en viennent à conclure finalement que Dieu n’existe pas, puis ils vont se coucher. Au matin, l’un d’eux trouve l’autre dans le jardin en train de faire ses prières : « Que fais-tu ? lui demande-t-il. — Tu le vois bien, je fais mes prières du matin. — Mais ne sommes-nous pas arrivés à la conclusion que Dieu n’existe pas ? Pourquoi alors faire des prières ? — Qu’est-ce que Dieu vient faire là-dedans ? répond l’autre simplement.
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Prenons les choses par un bout inattendu de la lorgnette, du moins l’espéré-je. Un ouvrage récent vise à prouver, par la science, l’existence de Dieu : Dieu, la science, les preuves. Sans avoir lu le livre, il me vient deux objections. Une première objection, issue des travaux de Karl Popper, philosophe des sciences, qui énonce qu’une proposition scientifique, au contraire d’une proposition métaphysique, est quelque chose qu’on peut tenter de réfuter par l’expérience. Je peux, par exemple, tenter de réfuter la gravité, en lâchant dans le vide des objets. Or, soyons concis, il n’est pas possible de concevoir aucune expérience pour montrer que Dieu n’existe pas. La seconde objection, d’une nature différente, est que, si l’on parvenait à démontrer l’existence ou, pareillement, l’inexistence de Dieu, alors la foi n’existerait plus. Dans le second cas, parce qu’elle n’aurait plus d’objet et, dans le premier, parce qu’il n’y a de foi que face au doute. Ceci même si les platistes semblent nous montrer qu’une foi est possible face aux évidences. Ce qui fait la foi, c’est l’absence de Dieu. Ce que semble d’ailleurs dire ce pieu rabbin qui fait ses prières dans le jardin.
Carrière, J.-C. (2008). Le cercle des menteurs 2. Paris: Plon.
L’émir Timour, réputé pour sa sévérité, fait appeler Nasr Eddin dans la cour du palais. Celui-ci trouve le Tartare auprès d’un cheval piaffant d’impatience et que le palefrenier a bien du mal à maîtriser. « Tiens, commande-t-il à Nasr Eddin, porte ce pli de toute urgence dans la ville de Brousse ! » Nasr Eddin prend le pli et s’en va en courant. « Monte sur le cheval, imbécile ! le gourmande Timour. — Ne m’as-tu pas dit que c’était urgent ? répond Nasr Eddin. »
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Cette histoire me fait penser à des considérations très terre à terre ayant trait à mon activité, alors que je dirigeais une équipe de développeurs informatiques. Lors des missions, le premier réflexe est de compter le temps passé pour facturer le client, ainsi que le font la plupart des artisans. Ceci conduit néanmoins à un biais embarrassant : ceci m’amène à faire payer très peu cher les choses que je maîtrise et que je fais parfaitement et à faire payer beaucoup trop cher les choses que je ne maîtrise pas, que je réalise imparfaitement et pour lesquelles je dois passer du temps à apprendre et à améliorer ma pratique. Timour était un chef de guerre. Brousse, au nord-est de l’Anatolie, fut d’ailleurs l’une de ses conquêtes. Nous pouvons imaginer que des considérations militaires rendaient ce pli véritablement urgent. Nasr Eddin, au fond, fait du mieux qu’il peut. Sans doute ce « du mieux qu’on peut » va-t-il être insuffisant. Savons-nous, nous-mêmes, mesurer les enjeux à l’aune de ceux que nous servons plutôt qu’à nos seules compétences ?
Maunoury, J.-L. (2002). Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja. Paris: Phébus.
120 - 1H1Q #143 – Les paroles qui effrayaient la mort
Il existait, dit-on, quelque part en Asie centrale, un texte dont le contenu, proféré au bon moment, pouvait effrayer la mort et l’éloigner au moment critique. Ce texte n’a cessé de susciter la curiosité et les convoitises. Et peut-être que cette histoire nous parle aussi du fond de notre âme…
Une histoire racontée souvent par Karen Blixen, l’autrice de la Ferme africaine (et non de Out of Africa, comme il est dit dans l’histoire), qui met en scène Alexandre le Grand, en dialogue avec une femme capable de lire l’avenir. Son propre avenir, Alexandre n’en a cure, car il en fait son affaire. Mais connaître l’avenir des autres, voilà qui l’intéresse…
Un homme traverse le désert à bord d’un véhicule. Le véhicule tombe en panne. L’homme réalise soudain combien il a été inconséquent et combien il s’est mal préparé pour cette traversée. Il comprend que cette panne risque de lui coûter la vie. Mais, me direz-vous, en quoi est-il question d’un cheval noir ou d’un cheval blanc ? Écoutez l’histoire !
Ce bon moine a écouté assidûment les leçons de ses maîtres. Il sait qu’il est préférable d’apprendre à pêcher à une personne dans le besoin, plutôt que de lui donner à manger. Le destin va lui donner l’occasion de mettre ce principe en pratique…
Un gorille entre dans un bar, à la stupéfaction du serveur, seul dans la salle… Sa surprise ne s’arrête pas là : l’animal s’assoit sur un tabouret et… commande un whisky !…
Le jour de la Pentecôte, les chevaliers sont réunis avec le roi Arthur autour de la Table ronde. Un événement merveilleux va alors survenir et changer leur destin. Une présence qui va provoquer des serments, des voyages, une quête et la fin d’une époque…
Galaad est, nous le savons, le chevalier parfait qui va conduire la quête du Graal à son terme. Son arrivée dans la cour du roi Arthur et dans la communauté des chevaliers de la Table ronde est non moins parfaite. Il est beau, il est aimable, il est vaillant, il n’a aucun recoin sombre dans son histoire et il va prendre sa place autour de la Table, là où personne ne s’est jamais assis.
113 - 1H1Q #136 – Lancelot et la fille du roi Pellès
Lancelot est épris de la reine Guenièvre (qui le lui rend bien). La fille du roi Pellès est éprise de Lancelot. Elle sait cet amour impossible et va donc, avec l’aide de sa servante Brisane, utiliser la ruse pour mener le chevalier dans sa couche.
Lancelot continue son voyage et arrive dans un endroit fantastique : là sont deux tombes, l’une au milieu d’une prairie, l’autre dans une cavité profonde, couverte chacune d’une « lame » dont il est dit que celui qui la soulèverait accomplirait des prodiges…
La reine Guenièvre est enlevée par Méléagand. Lancelot se lance à la poursuite des ravisseurs. Deux fois, il les rattrape, les combat mais perd son cheval. À la fin, il est obligé de monter sur une charrette pour continuer la poursuite. Il n’est cependant pas de plus grande honte, à cette époque, que d’être transporté en charrette…
Par amour, Lancelot pleure toutes les larmes de son corps. Il se désespère de jamais obtenir les faveurs de celle qui a conquis son cœur au premier regard, la reine Guenièvre. Ses vœux vont être exaucés et la marque de cet accomplissement se verra sur un écu fendu offert par la Dame du Lac.
Les histoires de la Table ronde sont traversées par des “triangulations”… Lancelot tombe amoureux de Guenièvre, Galehaut tombe en admiration devant Lancelot… Des guerriers qui, soudain, agissent en dehors de toute logique guerrière…
Homme fait, Lancelot va émerger du lac où la Dame du Lac l’a emporté enfant. Il va être fait chevalier par le roi Arthur, alors qu’il ignore lui-même encore son nom. Par un enchaînement de circonstances, cet adoubement incomplet va l’amener à affronter l’épreuve de la “Douloureuse Garde” : prendre ce château enchanté, ce que nul avant lui n’a jamais réussi.
Tout commence par des histoires de guerres de territoires et de suzeraineté, des guerres qui tranchent dans le vif de la vie et répandent leurs malheurs, leurs mots, leurs séparations, leurs destins brisés. Parfois, il faut des miracles pour qu’un enfant soudain promis à l’esclavage retrouve un lumineux destin.
Arthur a été confié à un couple qui a déjà un garçon: Keu. Ils vont l’élever comme leur propre enfant. Au moment où le roi Utherpendragon meurt sans descendance, la question se pose de sa succession. Va apparaître, le jour de Noël, sur le perron de l’église, un étrange monument: un bloc de pierre surmonté d’une enclume et, dans cette enclume, une épée fichée jusqu’à la garde.
Voici l’histoire qui raconte comment le célèbre roi Arthur fut conçu, fruit d’un amour passion et d’une ruse pour abuser la mère d’Arthur, ceci grâce à la complicité de Merlin et à sa magie…
-L’établissement de la Table ronde, par Merlin, après la grande bataille de Pendragon et Uther contre les Saxons et l’érection de Stonehenge… Deux grands monuments de l’histoire de la Grande Bretagne.
Le roi Constant a trois fils : Moine, Pendragon et Uther. Il meurt en cédant son trône à l’aîné. Celui-ci, conseillé par le fourbe Vertigier, va mourir bientôt, victime d’un complot de ce dernier. Le nouveau roi Vertigier peine cependant à établir son royaume et fait parler ses astrologues…
Les diables s’entendent pour créer l’Antéchrist, afin de se venger de la victoire de Dieu sur leurs puissances malines. Ils vont prendre pour cible une jeune femme pure et pieuse et l’entourer de malheur pour tenter de la corrompre…
Il est le favori du roi et le roi le couvre de cadeaux. Ce qui rend jaloux tout l’entourage du souverain. Jaloux et suspicieux, car il a quelques manies étranges. Comme celle de s’enfermer chaque jour dans une pièce dont il a seul la clé…
Voilà l’histoire vraie d’une femme qui vivait seule dans un petit appartement dans lequel on a découvert, après son décès, de grandes quantités d’argent en liquide. Comment une telle femme, diseuse de bonne aventure, avait-elle pu amasser un tel magot ?
Il est brahmane, mais il n’a pas grand chose à lui. Un toit pour dormir, un lit et un pot de farine qu’il a suspendu à son plafond. Cela lui suffit pour rêver d’un avenir meilleur et de faire de ce pot de farine une myriade de richesses…
Il est un maître qui a la connaissance du nom secret. Un nom au pouvoir extraordinaire, capable notamment de ramener de la mort à la vie. Ses disciples sont tous désireux de connaître ce nom et accablent le maître de leurs requêtes. Mais lui, ne les estime pas prêts…
Une industrieuse fourmi allant son chemin croisa une libellule qui lui ravit le pollen qu’elle s’apprêtait à récolter pour sa communauté. Elle en conçut quelque ressentiment et attaqua la bête volante sur la vanité de son existence…
Il est le dieu de beauté, le dieu bon, adulé de tous, il est le dieu parfait, le dieu Balder. Pourtant, il craint pour sa vie. Des songes l’ont averti. Aussi les Ases, les dieux scandinaves de la cité d’Asgard, décident-ils de faire promettre à toutes les créatures de l’univers de ne pas attenter à la vie de Balder.
La Scandinavie s’est convertie au christianisme. Le roi Olaf est celui qui convertit les Vikings. Un soir de tempête et de neige, alors qu’il s’entretient avec ses fidèles dans la grande salle de sa sombre forteresse, un vieillard vient frapper à sa porte. Il sait jouer de la harpe et raconter des histoires…
Dans la cité d’Asgard, la cité des dieux scandinaves, vient au monde un louveteau : Fenrir. Il trouve un protecteur parmi les dieux, Tyr, qui le nourrit si bien que, bientôt, Fenrir devient immense. Alors les dieux eux-mêmes prennent peur devant cet être gigantesque et décident de l’entraver.
Au tout début du monde, un homme — le seul homme peut-être — était seul ou, du moins, se sentait seul. Il réalise un jour qu’il est malheureux et que quelque chose lui manque. Aussitôt, de la forêt, sort un être d’ombre qui vient le prendre par la main et l’emmène vers l’inconnu…
92 - 1H1Q #115 – Les trois maîtres et les muletiers
Ils sont trois cheikhs qui viennent de la Mecque, où ils ont fait pèlerinage, et vont à Bagdad. Ils se rendent chez un maître soufi réputé. Ils sont accompagnés par trois muletiers dont la compagnie, grossière et ignorante, leur est pesante.
Au matin, un homme plante un saule, le soir, une petite fille vient au monde. Dans ce conte roumain trouvé dans Gougaud, les hommes viennent et s’en vont, les femmes restent près de leur arbre. Jusqu’à un jour d’effroi…
Dans ce village règne la discorde, la zizanie. “Nous manquons de sagesse”, vient à dire l’un des anciens du village. De palabre en palabre, une issue semble pourtant se dessiner. Aller chercher la sagesse là où elle se trouve…
Ce couple de bédouins vit depuis toujours dans le désert, se contentant de peu, sobres comme leur chameau et campant chaque soir auprès d’une mare d’eau saumâtre. Un jour, cependant, ils découvrent une source nouvelle, d’où jaillit une eau qui leur semble tout droit sortie du paradis. Ils décident que cette bénédiction ne doit pas profiter uniquement à eux…
Il est un homme avisé. Il sait que la voie de la sagesse, c’est d’interroger des points de vue différents. Voire des points de vue les plus différents possible. Mais que se passe-t-il quand le résultat n’est pas celui escompté ?…
Un prince a tout ce qu’il lui faut. Le roi et la reine, ses parents, lui apportent tout ce qui lui est nécessaire, en plus d’une bonne éducation. Mais voilà qu’un beau jour, il se met à se prendre pour un dindon et à se mettre nu sous la table pour picorer les miettes…
Maria s’occupe d’une petite menuiserie, qu’elle a appelé “Le sept”, qui subvient à ses sobres besoins. Un jour, cependant, une rencontre inattendue va bouleverser sa vie…
Encore une histoire soufie : l’homme a un chien et un âne, dont il comprend le langage. L’un et l’autre se disputent sans cesse. Un beau jour, il intervient…
83 - 1H1Q #106 – L’homme qui se mettait facilement en colère
Autre histoire soufie, toujours tirée du recueil “Contes derviches” de Idries Shah: il se met facilement en colère et ça lui porte préjudice. Il consulte un derviche qui l’astreint à une discipline. Ce qui se révèle fructueux, jusqu’au jour où…
Première histoire soufie tirée du recueil “Contes derviches” de Idries Shah: il a capturé un oiseau qui lui réclame sa liberté contre 3 conseils… À moins que le conseil ne soit dans l’aventure elle-même.
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