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L'Afrique en conte

L'Afrique en conte

RFI

Une série podcast de contes africains collectés en Côte d'Ivoire et adaptés sur place sous forme de fictions sonores. Une production du collectif Making Waves avec Des Livres Pour Tous – Côte d'Ivoire, en partenariat avec RFI.

22 - L'être humain et le serpent boa
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  • 22 - L'être humain et le serpent boa

    Ce jour-là, Mot Binama l'Être Humain va rendre visite à ses parents de l'autre côté de la grande forêt. Arrivé au cœur de la forêt, il entend soudain des gémissements qui viennent de quelque part.

    « Euh !!! Qui va me tirer de ce mauvais pas ? »

    Intrigué, il se dirige vers la source des lamentations et là, il trouve Mvomo le Serpent Boa pris dans un piège que les petits de la forêt équatoriale du Cameroun appellent Egoudi : le tronc est sur le serpent boa, la tête d’un côté, la queue de l’autre.

    Mot Binama l’Être Humain prend pitié, il soulève le tronc et libère Mvomo le Serpent Boa. Une fois hors du piège, Mvomo le Serpent Boa dit à Mot Binama l'Être Humain :

    MVOMO LE SERPENT BOA : « Je ne te témoignerai jamais assez ma gratitude. Tu viens de me sauver la vie. Comme tu as commencé à me sauver la vie, sauve-moi la vie jusqu’au bout ! Ça fait trois jours que je suis coincé sous ce tronc, je n’ai rien mangé et je n’ai plus assez de force pour aller chercher un autre gibier. Le seul gibier à ma portée c’est toi, laisse-toi avaler ! »

    MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN lui répond : « Ah non hein ! Ah non, c’est hors de question hein ! Tu ne penses tout de même pas que je t’ai sauvé la vie pour que tu prennes la mienne ! »

    MVOMO LE SERPENT BOA lui répond : « Je te comprends. Mais comprends-moi aussi, j'ai faim, moi. À quoi cela t'aura servi de me sauver la vie, si c'est pour me laisser mourir de faim ? Laisse-toi avaler. Pourquoi la nourriture est-elle en train de discuter avec moi ? »

    MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN lui dit : « Non, non, non, c’est hors de question ! »

    Là-dessus arrive So l’Antilope.

    MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN voit l’antilope et l’appelle : « So l’Antilope, s’il te plaît, viens nous trancher ce contentieux. »

    SO L’ANTILOPE arrive et dit : « Qu’est-ce qui se passe ? »

    MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN lui dit : « Voilà, je viens de sauver Mvomo le Serpent Boa d’une mort certaine. Mais dès qu’il est sorti du piège, il commence à me dire… Wouahhh ! Ca fait trois jours qu’il n’a pas mangé et que moi je devrais lui servir de déjeuner, je ne suis pas d’accord du tout. S’il te plaît So l’Antilope, tranche nous ce contentieux. »

    So l’Antilope regarde Mot Binama l'Être Humain, un prédateur. So l’Antilope regarde Mvomo le Serpent Boa, un autre prédateur.

    SO L’ANTILOPE dit aux deux belligérants : « Je pense que cette situation mérite réflexion. Je vais me concerter avec moi-même, et je reviens vous trancher ce contentieux, ne bougez surtout pas ! »

    So l’Antilope s’en est allée et n’est plus jamais revenue.

    Pour ne pas vous fatiguer plus longtemps les oreilles, sachez que tous les animaux à tour de rôle ont été sollicités par les belligérants. Mais aucun d’entre eux n’a voulu trancher ce contentieux entre ces deux prédateurs.

    Entre temps la journée avance, le soleil lui-même commence à trouver le temps long. Il s’apprête à aller se coucher.

    Mvomo le Serpent Boa est de plus en plus énervé, ça tire vers le quatrième jour de diète.

    MOT BINAMA l'ÊTRE HUMAIN, de son côté, se dit : « Ah ! Je ne vais quand même pas finir mon existence dans le ventre d’un maudit serpent que j’ai sauvé ? »

    C’est juste à ce moment qu'arrive Kounou la Tortue.

    MOT BINAMA l'ÊTRE HUMAIN voit la tortue et l’appelle : « Ah Kounou la Tortue, viens s’il te plaît nous trancher ce contentieux ».

    KOUNOU LA TORTUE arrive et demande à Mot Binama l'Être Humain : « Qu’est-ce qui se passe ? »

    MOT BINAM L'ÊTRE HUMAIN lui dit : « Voilà ! Je viens de sauver Mvomo le Serpent Boa d’une mort certaine. Dès qu’il est sorti du piège, il commence à me dire… Wouahhh ! Ça fait trois jours qu’il n’a pas mangé et que moi je devrais lui servir de déjeuner. Je ne suis pas d’accord du tout et aucun animal dans cette forêt ne veut nous trancher ce contentieux. S’il te plaît, fais quelque chose ! »

    Kounou la Tortue regarde Mot Binama l'Être Humain et se dit que c’est un prédateur. Elle regarde aussi Mvomo le Serpent Boa, un autre prédateur, et elle dit : 

    KOUNOU LA TORTUE : « Je pense que cette situation mérite une profonde réflexion. Je vous suggère de faire une reconstitution. »

    C’est donc ce jour-là que Kounou la Tortue a inventé cette technique policière et judiciaire qu’on nomme ‘’reconstitution’’. Il s’agit simplement de remettre les choses en place comme elles s’y trouvaient avant que la situation ne devienne carabinée.

    MVOMO LE SERPENT BOA accepte de se remettre dans le piège, il dit : « Aucun souci, si ça peut me permettre de manger, je fais ce que tu me demandes ! »

    KOUNOU LA TORTUE s’adresse à Mot Binama l'Être Humain : « Accepterais-tu de soulever le tronc afin que Mvomo le Serpent Boa puisse s’y glisser pour la reconstitution des faits ? »

    MOT BINAMA L’ETRE HUMAIN lui répond : « Si ça peut me sauver la vie, il n’y a aucun souci ! »

    Alors Mot Binama l’être humain soulève le tronc.

    Mvomo le Serpent Boa se glisse sous le tronc.

    Et là, KOUNOU LA TORTUE dit à Mot Binama l'Être Humain : « Lâche le tronc !»

    Mot Binama l'Être Humain lâche le tronc. Le tronc tombe sur Mvomo le Serpent Boa, la tête d’un côté, la queue de l’autre.

    Alors, KOUNOU LA TORTUE s’adresse à Mot Binama l'Être Humain et lui dit : « Mon ami, comme tu es si généreux... Je suppose que tu vas encore le libérer. Mais, attends que je sois très très loin d’ici, avant de faire tes bêtises ».

    Nos ancêtres Béti ont tiré de ce conte un proverbe qui dit : Un bienfait n’est pas toujours payé en retour.

     

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

    Tue, 12 Jul 2022
  • 21 - Kimanglo l'épervier

    Rapace d’une rapidité et d’une précision de chasse hors pair, KIMANGLO l’Épervier se nourrit d’insectes, de souris et d’oiseaux.

    Un jour, Dieu lui fait la grâce d’avoir un petit. KIMANGLO l’Épervier le nomme BAKANTI, ce qui veut dire : « celui qui écoute les conseils qu’on lui donne ». KIMANGLO l’Épervier lui explique la chasse et les dangers qu’elle comporte. La maman Épervier encourage son fils à privilégier les poussins ou toute autre espèce comestible pouvant entrer dans ses serres. Cependant, elle lui conseille d’être prudent avec certaines espèces telles que la famille de BEKINMIN, la cane.

    Vigoureux, mais inexpérimenté, le jeune épervier BAKANTI interprète ce dernier conseil comme un défi à relever.

    Il est comme ces gens qui pensent qu’on leur dit « ne fais pas ceci » parce qu’on les sous-estime ? Vous voyez ?

    A son premier jour de chasse, malgré les mises en garde de sa mère, BAKANTI prend pour cible un caneton. Il fond sur lui, l’attrape entre ses serres et s’envole avec sa proie. Une fois rentré chez lui, il fait l’admiration de toute la famille, sauf de sa mère KIMANGLO. S’apercevant qu’elle est mécontente, BAKANTI s’approche d’elle, inquiet:

    BAKANTI :« Maman, que se passe-t-il ? On dirait que tu n’es pas heureuse de mon exploit ! »

    KIMANGLO L’EPERVIER : « Bakanti quand je te parle, tu n’écoutes pas. Je m’inquiète du risque que tu as pris. D’ailleurs dis-moi comment a réagi la mère de ta victime ? »

    BAKANTI :« Maman, elle a juste tourné la tête pour me regarder puis elle est partie avec ses autres enfant sans dire un mot. Je me suis dit qu’elle n’aimait celui-ci. »

    KIMANGLO L’EPERVIER :« Mon fils, une mère qui n’aime pas ses enfants, ça n’existe pas. Je suis sûr qu’elle est partie préparer sa vengeance. Écoute ta mère, fais très attention au choix de tes victimes. »

    Tout en écoutant d’une oreille les conseils de sa mère, BAKANTI rêve à l’admiration qu’il susciterait dans son clan s’il renouvelait son exploit.

    Vous voyez ces enfants qui font semblant d’écouter les conseils qu’on leur donne, mais qui n’en font qu’à leur tête ?

    De nouveau donc, BAKANTI prend pour cible un caneton. Mais cette fois, il tombe sur une cousine BEKINMIN qui ne se laisse pas faire. Si tu vas dans une communauté et que tu n’as pas vu le caractère des habitants le premier jour, tu le verras sans nul doute le deuxième. La cane poursuit BAKANTI jusqu’à lui arracher sa prise et le jeune épervier rentre chez lui bredouille et confus.

    Maman épervier se rend compte que son fils n’a pas suivi ses conseils. Elle le prend dans ses ailes et le console.

    KIMANGLO L’EPERVIER :« Mon fils, c’est par expérience que je te disais de te méfier de cette famille. Désormais, il faudra faire très attention au choix de tes cibles. »

    A sa troisième tentative, BAKANTI prend pour cible un poussin qu’il arrache à l’affection de sa mère. Affolée, celle-ci se met à hurler, proférant toutes sortes de malédictions à l’endroit du ravisseur. Mais le jeune épervier continue son vol et retrouve son clan, son butin entre ses serres.

    Une fois rentré chez lui, sa mère KIMANGLO lui demande :

    KIMANGLO L’EPERVIER :« Quelle a été la réaction de la mère poule ? »

    BAKANTI :« Elle a hurlé, m’a injurié, et m’a maudit. »

    KIMANGLO L’EPERVIER : « Bien, c’est bien, mon fils. Ceux qui maudissent et hurlent se vident de leur colère, tandis que ceux qui ne disent rien sont à craindre, leurs réactions sont imprévisibles. »

    Vous comprenez maintenant pourquoi dans nos villages, les éperviers préfèrent prendre les poussins plutôt que les canetons. 

     

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

    Tue, 12 Jul 2022
  • 20 - La mangouste et le crabe

    Avez-vous déjà entendu parler de l’histoire de la Mangouste et du Crabe ?

    La Mangouste et le Crabe sont deux grands amis qui vivaient en parfaite harmonie.

    Pour renforcer leur amitié, ils avaient décidé de signer un pacte selon lequel aucun des deux ne devait faire de mal à l’autre.

    Ainsi, la Mangouste qui est un animal très rusé, n’osait jamais tendre de piège à son ami le Crabe, et le Crabe non plus, avec ses pinces, n’avait jamais osé faire du mal à sa belle amie. Tel était le pacte qu’ils avaient scellé.

    Mais un samedi matin, alors que la Mangouste allait faire son sport matinal, elle eut la surprise d’entendre un groupe de personnes en train de parler du Crabe dont ils ne tarissaient pas d’éloges ! Ils parlaient à pêle-mêle de la splendide démarche du Crabe et de ses belles et puissantes pinces.

    La jalousie de la Mangouste monta en elle comme une vague. Elle décida alors de rompre le pacte de non-agression et élabora un plan.

    Une fois son plan mis en place, la Mangouste alla frapper à la porte de son ami le Crabe, l’invitant à manger un bon plat qu’elle avait pris le soin elle-même de cuisiner.

    La Mangouste : « Crabe, Crabe, mon ami ! »

    Le Crabe : « Bonjour ma chère Mangouste. Pourquoi es-tu si heureuse ? Tu as une surprise pour moi ? »

    La Mangouste : « C’est que je t’ai préparé un festin, une bonne soupe de pêcheur très épicée comme tu aimes. J’ai hâte que tu y goûtes. Allez viens, dépêche-toi… »

    Sans perdre un instant, le Crabe enfila son short et le voici parti avec la Mangouste.

    Une fois chez elle, celle-ci sortit une grosse marmite de nourriture et dit au Crabe :

    La Mangouste: « C’est jour de fête aujourd’hui. Allez vas-y, lave-toi les mains, et profite, mange mon ami. »

    Rusée, la Mangouste plonge en premier la patte dans la marmite bouillante, comme pour montrer l’exemple, et ressort avec de gros morceaux de poisson.

    Le Crabe suit son exemple et y plonge sa pince. Mais celle-ci devient immédiatement toute rouge.

    Sans dévier de son projet, la Mangouste prend une deuxième ration de poisson et incite le Crabe à l’imiter.

    La Mangouste: « allez, allez, vas-y, vas-y, c’est ton tour ! »

    Le Crabe naïf plongea sa seconde pince dans le liquide brûlant. Elle devient cramoisie, à l’égal de la première.

    C’est alors que la Mangouste, d’un mouvement violent, se jette sur la pince cuite du Crabe et la croque.

    Le Crabe comprend enfin qu’il est en danger, il cherche à s’enfuir, mais la Mangouste le rattrape, le jette entièrement dans la soupe et le dévore.

    Très heureuse du méchant tour qu’elle vient de jouer, la Mangouste sort de sa cabane et se frappe la poitrine, en disant :

    La Mangouste : « Où sont passées les belles pinces du crabe désormais ? Dans mon ventre, haha haha ! C’est moi la plus rusée de tous les animaux ! »

    C’est depuis ce jour que le crabe est d’une méfiance maladive. Lorsqu’il est hors de son trou, à peine sent-il la présence d’autrui qu’il court rapidement se cacher, il ne fait même plus confiance à sa propre ombre.

     

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

    Tue, 12 Jul 2022
  • 19 - La jalousie de la tortue

    Dans un village vivaient Ijapa la Tortue et Adjà le Chien. Ces deux amis étaient les seuls animaux qui cohabitaient avec les hommes, les femmes et les enfants.

    Un jour, alors qu’ils se baladaient, ils croisèrent Yawa, la femme la plus âgée du village. Elle portait sur son dos un fagot de bois très lourd et avait du mal à marcher. Adjà, le Chien, la salua :

    ADJA LE CHIEN : « Bonjour grand-mère ! »

    YAWA : « Bonjour mon enfant !» 

    Pris de pitié, Adjà le Chien proposa à son amie Ijapa la Tortue d’aider la vieille dame à porter son fagot jusqu’à chez elle. Ijapa lui répondit :

    IJAPA LA TORTUE : « Est-ce que tu m’as bien regardée ? Tu m’imagines, moi Ijapa, jolie comme je suis, en train de porter sur mon dos un gros fagot pour raccompagner une vieille femme aussi lente. Non, je ne peux pas perdre mon temps ! Je suis désolée. »

    Puis, elle donna dos au Chien.

    Choqué par la réaction de son amie, le chien répliqua :

    ADJA LE CHIEN : « Ijapa, tu t’entends parler ? » et chuchotant à l’oreille d’Ijapa: « Tu sais bien que la tradition nous demande d’être respectueux envers les personnes âgées. »

    Mais Ijapa la Tortue poursuivit sa route, laissant derrière elle Yawa, la vieille femme, et son ami Adjà le Chien, à qui elle lança en s’éloignant :

    IJAPA LA TORTUE : « Vas-y, je ne t’arrête pas, va l’aider Monsieur le porte bagage. Moi j’ai mieux à faire. »

    C’est ainsi qu’Adjà le Chien aida seul la vielle femme à porter son fagot.

    La vieille dame fut touchée du comportement du Chien :

    YAWA : « Merci beaucoup mon enfant.

    Après avoir déposé le fagot Adjà le Chien lui demanda :

    ADJA LE CHIEN : « Maman, est-ce que je peux faire autre chose pour vous ? »

    YAWA : « Mon enfant, tu as assez fait. Je voudrais te récompenser, viens avec moi. »

    Elle fit entrer Adjà le Chien chez elle.

    YAWA : « Voici trois tambours : un grand, un moyen et un petit. Choisis celui qui te plaît le plus et apporte-le-moi. »

    Adjà le Chien s’exécuta. Il opta pour le petit tambour qu’il remit à Yawa.

    Elle aima le fait qu’il ait choisi le plus petit tambour, puis l’encouragea à rester humble toute sa vie. Elle ajouta :

    YAWA : « À chaque fois, je dis bien à chaque fois que tu auras faim, bats simplement le tambour. Ce sera comme un signe que tu m’enverras et, automatiquement, la nourriture apparaîtra. »

    Adjà Le Chien s’inclina, la remercia plusieurs fois et rentra paisiblement chez lui.

    Un jour arriva, où la nourriture vint à manquer. Alors que les provisions des villageois s’étaient épuisées, Adjà le Chien, lui, ne manquait de rien. Il suivait scrupuleusement les indications de la vieille Yawa et mangeait chaque jour à sa faim.

    Ijapa la Tortue et Adjà le Chien ne se fréquentaient plus. Jusqu’au jour où la rumeur se répandit dans le village qu’Adjà le Chien avait reçu un cadeau de la part d’une vieille femme qui lui permettait de ne plus souffrir de la faim. Ijapa la Tortue décida d’aller vérifier l’information par elle-même.

    IJAPA LA TORTUE : « Bonjour mon très cher ami Adjà ! »

    ADJA LE CHIEN : « Bonjour Ijapa, que me vaut l’honneur de ta visite ? »

    IJAPA : « J’ai faim et j’ai entendu dire que tu avais de la nourriture. Au nom de notre amitié, Adjà, pourrais-tu m’en donner un peu ? »

    Adjà le Chien qui était bon, expliqua à la tortue comment il avait reçu ce présent.

    Il tapa plusieurs fois sur le tambour et de la nourriture apparut en abondance.

    Tout en mangeant, la tortue dit au chien : 

    IJAPA LA TORTUE : « Mais mon ami, pourquoi tu as choisi le plus petit tambour ? Il fallait prendre le plus grand pour que tous les villageois puissent en profiter ! »

    Mais en son for intérieur, Ijapa la Tortue tenait un autre discours :

    IJAPA LA TORTUE (pour elle-même) : « Prendre le plus petit tambour, kpô ! Moi Ijapa, j’aurais choisi le plus grand afin d’ouvrir un restaurant et de vendre cette nourriture à tous les villageois. »

    Ijapa la Tortue décida alors de se rendre chez la vieille dame pour lui voler le grand tambour.  Elle se croyait maline, oubliant que seule la vieille dame pouvait donner à chaque tambour son pouvoir magique. Une fois chez elle, Ijapa la Tortue ferma ses portes, ses fenêtres, aligna ses assiettes, et commença à battre le tambour.

    Malheureusement pour elle, ce tambour-ci renfermait un mauvais génie qui la frappa, la frappa, et la frappa encore. Elle appela à l’aide mais personne ne vint à son secours.

    Il ne lui resta plus qu’à s’enfuir, le dos meurtri par les coups qu’elle avait reçus.

    La légende raconte que les nombreuses blessures formèrent en guérissant la carapace que nous lui connaissons aujourd’hui. Les séquelles des fractures la condamnèrent pour toujours à se déplacer à l’allure d’une très vieille femme.

     

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

    Tue, 12 Jul 2022
  • 18 - ZNR, les trois voleurs

    Chez nous, il y a un adage qui dit que l’on récolte toujours ce qu’on a semé. 

    L’histoire que je vais vous raconter, est une histoire qui m’a été racontée par mon père, qui lui, l’a reçue de mon grand-père, qui à son tour l’a reçue du père, du père, du père, du père de son grand-père.

    Autrefois, dans un village, vivaient Zemsitaba, Noubila, Rahitaba, trois jeunes paresseux. Ils étaient toujours ensemble, vagabondant dans le village.

    Un jour, le plus âgé nommé Zemsitaba dit aux deux autres :

    ZEMSITABA : « Les amis, dans quelques années, nous allons vieillir, et nous devons planifier notre avenir en cherchant un travail qui nous permettra de gagner rapidement notre argent. »

    Chacun d’eux devait réfléchir pour trouver ce métier. Etant donné leur nature, ils choisirent le vol. Aussitôt dit, aussitôt fait, ils se lancèrent dans le vol du sorgho rouge et du mil qui servent à la production du tchapalo, une boisson enivrante à base de ces céréales.

    Zemsitaba leur conseilla tout d’abord de consulter le plus grand marabout de la région pour qu’il leur donne une potion magique. Cette potion devait les rendre invisibles à chaque fois qu’ils commettraient leur forfait. En l’appliquant ils entonnaient ce chant :

    ZNRsur la tête

    ZNRsur le ventre

    ZNRsur les pieds.

    Ainsi fut fait ! Ils détenaient leur potion magique et à chaque fois qu’ils aller voler, ils l’appliquaient sur leur corps en répétant leur formule magique.

    Le premier jour, ils se rendirent dans l’un des villages, à l’heure où les villageois étaient déjà dans leurs champs.

    Les trois amis se mirent à répéter leur formule.

    ZNRsur la tête

    ZNRsur le ventre

    ZNRsur les pieds.

    Ils réussirent leur premier coup en emportant une centaine de sacs bien pleins qu’ils vendirent en trois jours. Pendant deux bonnes années, les trois amis prospérèrent.

    Puis, un beau jour, ils décidèrent de viser plus haut en volant des bœufs. Ils se rendirent donc la nuit dans une ferme où il y avait plusieurs bœufs dans un enclos. Comme le dit l’adage, « mille jours pour le voleur mais un seul jour pour le propriétaire ».

    Nos trois voleurs très sûrs de leur coup, ne prirent même pas la peine de s’enduire de leur potion magique. Arrivés sur les lieux, Zemsitaba demanda à la plus jeune, c’est-à-dire à Rahitaba, de tâter les bœufs. Lorsque celle-ci passa sa main par le trou de la clôture, le propriétaire, grand marabout devant l’éternel, fit disparaître sa main. La malheureuse retira son bras, sans crier son étonnement puis le cacha sous son habit en disant à Zemsitaba et Noubila :

    RAHITABA : « Ah oui ! Le bœuf que j’ai touché est bien gras. Passez votre main par vous-mêmes et constatez. »

    Ce fut le tour de Noubila. Grande fut sa surprise quand il vit sa main disparaître. Il appela Zemsitaba en disant :

    NOUBILA : « Mon ami, ce qu’il a dit est vrai, ce bœuf est bien gras, mets ta main tu verras. »

    Zemsitaba, enthousiasmé par les paroles de ses amis, fit la même chose. Puis, constatant la disparition de sa main :

    ZEMSITABA : « Vous êtes méchants, vous ne pouviez pas me dire que c’était le bœuf d’un marabout ? »

    Se moquant de lui, Rahitaba et Noubila lui répondirent :

    RAHITABA : « Ah ! C’est la règle pourtant, tu as dit qu’on devait partager à part égales tout ce que nous aurions. »

    NOUBILA : « C’est pourquoi on a voulu partager avec toi le fruit de notre travail. Maintenant, on est tous au même niveau. »

    Depuis ce jour Zemsitaba, Rahitaba et Noubila ont décidé d’arrêter le vol.

    Dans la vie, il est bon de travailler de façon honnête pour gagner son pain, car nous récoltons toujours ce que nous semons !

     

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

    Tue, 12 Jul 2022
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