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- 29 - Les jeunes et le Covid-19: les autorités sanitaires préoccupées
Pour notre point hebdomadaire sur les avancées de la recherche sur le Covid-19, nous nous intéressons à une population qui fait débat : celle des adolescents et des jeunes adultes. En Catalogne, au Canada ou en France, la part des 15-35 ans parmi les contaminés semble augmenter. Est-ce dû à un relâchement de leur part ? Ou est-ce que le virus s'adapte à cette population ? Éclairages de Nicolas Rocca du service France Sciences de RFI.
Pourquoi les jeunes préoccupent-ils les autorités sanitaires ?
C'est parce qu'ils semblent plus nombreux à contracter le virus que lors de l'arrivée de l'épidémie. En France, Olivier Véran, le ministre de la Santé, a appelé la jeunesse à être vigilante face à ce qu'il a appelé un « relâchement ». Il a affirmé que les campagnes de dépistages laissaient remonter une tendance à la hausse chez cette population. Mais c'est un constat qui est aussi fait dans d'autres pays : au Canada, les 20-39 ans sont désormais la tranche d'âge la plus touchée. Depuis le 8 juin ils représentent presque 40% des nouveaux cas.
Comment expliquer cette hausse du nombre de cas chez les jeunes ?
Une hypothèse serait que le virus ait muté et se soit adapté aux plus jeunes. « Je n’y crois pas une minute,nous assure cependant le professeur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital de la pitié salpêtrière à Paris. Le virus mute c’est vrai, mais dès le début il y a eu des jeunes qui étaient infectés. Dans le pic épidémique de mars-avril, ils n’étaient pas hospitalisés. Mais là on a affaire au fait que les personnes âgés se protègent, font attention, sortent peu et sont vigilantes par rapport au port du masque. Les jeunes, eux, se contaminent de manière bien plus importante. »
C'est leur vie sociale plus active, et une forme de relâchement, qui entraineraient la propagation du virus. Les 15-35 ans présentent souvent peu ou aucun symptôme et cela favorise les contaminations. Les milieux festifs sont très critiqués par les autorités sanitaires, mais pour autant, ces foyers restent très minoritaires... Par exemple en France, les foyers épidémiques identifiés issus de rassemblement privés ne représentent que 5% des cas, les transmissions lors de réunions de famille ou au travail restent nettement majoritaire.
Comment peut-on limiter les contaminations chez les jeunes ?
Les communications et décisions des autorités en Catalogne ou en France, visent notamment à limiter les rassemblements à l’extérieur. Ainsi, en Bretagne certaines plages ou parcs ont été fermés pour éviter les soirées de jeunes. Mais ces mesures sont jugées inutiles par le professeur Eric Caumes.
« Les Chinois ont fait une étude sur leurs clusters. Et sur les 300 et quelque étudiés, un seul était dû à un événement extérieur. Je ne crois pas que ça soit en interdisait l’accès aux plages qu’on va y arriver. Au contraire on risque d’aggraver le phénomène. Les jeunes au lieu de se réunir sur les plages ou en terrasse vont se retrouver en appartement. Et là les risques de contamination vont être majeurs. Si l’on veut faire quelque chose d’efficace, il faut interdire les rassemblements de plus de cinq personnes comme le font les Belges. »
Si cette tranche d’âge est moins vigilante c’est parce que le virus est moins mortel pour les adolescents et jeunes adultes que chez leurs aînés. Pour autant pour eux comme pour les autres la prudence reste de mise
Tout d'abord, une importante contamination chez les jeunes peut avoir un impact sur la mortalité, car cela augmente la chance d'une contamination de personnes à risque par exemple lors de rassemblements familiaux. Et ensuite être jeune et bien portant n'empêche pas que la récupération après une infection au Covid-19 soit compliquée. Selon une étude du Centers for Disease Control and Prevention (CDC), agence de santé américaine, chez 26% des jeunes adultes au moins un symptôme du Covid persiste trois semaines après l'infection. Les risques de rechute ou de maladie prolongée existent également pour cette tranche d'âge.
Thu, 30 Jul 2020 - 28 - Covid-19: des résultats prometteurs pour le vaccin contre le coronavirus
La pandémie du Covid-19 continue à progresser, elle a fait plus de 620 000 morts dans le monde depuis fin décembre. Plus de 15 millions de cas d'infections ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires.
Le gouvernement américain a annoncé qu'il mettrait près de 2 milliards de dollars sur la table pour obtenir 100 millions de doses d'un potentiel vaccin germano-américain. Mais c'est le Brésil qui est aujourd'hui le premier pays à lancer les tests de phase III, le dernier des essais cliniques avant l'homologation, du vaccin chinois Coronavac. Une jeune médecin de 27 ans a été la première à se déclarer volontaire pour le tester. En tout, 9 000 volontaires – tous font partie des personnels de santé – vont recevoir au cours des trois prochains mois des injections de ce vaccin. L'Institut public brésilien de Butantan qui mène ces tests doit produire 120 millions de doses au début de l'année prochaine si les résultats sont concluants.
Le Brésil est particulièrement touché par le Covid-19
Le Brésil est le deuxième pays le plus touché au monde, après les États Unis : près de 83 000 décès, plus de 2,2 millions de personnes contaminées, dont le président Jair Bolsonaro et plusieurs membres de son gouvernement, qui se trouvent tous en quarantaine.
Pour les Brésiliens, il est donc urgent de trouver des vaccins efficaces. Un autre vaccin est lui aussi en phase III de tests au Brésil, et ce depuis la fin juin : ce vaccin est développé par l'Université d'Oxford et le laboratoire britannique AstraZeneca. Selon une publication de la revue médicale britannique The Lancet, ce vaccin britannique génère une « forte réponse immunitaire », autrement dit, les résultats sont encourageants. Et cela vaut également pour un autre vaccin – un projet chinois cette fois-ci du groupe CanSinoBiologics, toujours selon la revue The Lancet.
Le virus pourrait se transmettre par voie aérienne
Chercheurs et dirigeants politiques misent beaucoup sur ces vaccins, d’autant plus que le virus n'est pas prêt à disparaître. Il est possible que la maladie se transmette même par l'air rejeté quand on respire. Cette hypothèse est évoquée depuis des mois. Mais il n'avait pas été possible de démontrer que les particules virales en suspension étaient suffisamment intactes pour se répliquer et provoquer une infection. Aujourd'hui, une équipe de chercheurs de l'université du Nebraska vient de prépublier une étude pour prouver que la voie aérienne est une composante de la transmission. Cette étude n'a pas encore été examinée par le comité de lecture d'une revue scientifique pour confirmer que la méthode employée est bien valable. Mais selon l'un des chercheurs, la plupart des infectiologues s'accordent aujourd'hui à dire qu'il y a du virus infectieux dans l'air.
Des microgouttelettes en suspension
Les chercheurs ont prélevé l'air dans les chambres de cinq patients alités, à 30 cm au-dessus de leurs pieds. Les patients parlaient, certains toussaient. Les scientifiques ont pu collecter des microgouttelettes de moins de cinq microns et même de moins d'un micron. Ensuite ils ont isolé le virus et l'ont fait se répliquer. Cela fonctionne, ce qui leur permet de dire qu'il est infectieux.
Tousser dans son coude pourrait ne pas suffire
Jusqu'à présent on savait que le virus se transmet par les grosses gouttelettes directement projetées sur le visage, lors de toux ou d'éternuement. Mais aujourd'hui beaucoup de facteurs portent à croire qu’il ne suffit pas de tousser dans son coude pour éviter la transmission : selon la nouvelle étude, le coronavirus se transmet même quand nous respirons. Et ces microscopiques gouttelettes que nous rejetons en respirant sont si légères qu'elles restent en suspension longtemps. Bien sûr, beaucoup de questions restent encore ouvertes. Par exemple celle de la quantité d'air chargée de ces minuscules gouttelettes qu'il faut respirer pour être infecté.
Thu, 23 Jul 2020 - 27 - L’immunité face au Covid-19 serait de courte durée, selon une étude
L’immunité au coronavirus disparaîtrait rapidement. Alors que la pandémie se poursuit et que certains pays reconfinent leur population, une étude britannique, sortie en début de semaine, démontre que les personnes guéries du Covid-19 perdraient leur immunité en quelques semaines.
Cette étude menée par le King's College de Londres a été réalisée sur 90 patients. L’objectif était d’en savoir un peu plus sur une potentielle immunité. Conclusion : les anciens malades du Covid-19 ont bien fabriqué des anticorps. Des anticorps efficaces pendant trois semaines, solides combattants du virus. Impossible d’être réinfecté durant cette période.
Mais cette étude montre qu’après ces trois semaines, les anticorps déclinent et sont bien moins protecteurs du virus
Chez certains patients, les anticorps ne seraient plus du tout efficace en à peine trois mois. Selon les prélèvements sanguins réalisés, 60% des contaminés ont des anticorps efficaces un mois après leur infection mais après trois mois, cela tombe à 17%. Pour certains patients, les anticorps ne sont d’ailleurs même plus détectables.
Cette étude est un coup de massue pour les défenseurs de l’immunité collective mais elle doit être relativisée. « Les anticorps ne sont qu’un aspect de l’immunité acquise à la suite d’une contamination, explique Bruno Megarbane chef du service réanimation à l’hopital Lariboisière. Il existe l’immunité cellulaire. Même si le taux sanguins des anticorps diminue, le fait d’avoir des cellules-mémoires permet de générer rapidement des anticorps si l’on est réexposé. »Le médecin ajoute« qu’on ne peut pas se prononcer sur le risque de redévelopper la maladie une deuxième fois mais par analogie avec d’autres coronavirus, il est probable que cette immunité ne soit pas prolongée ».
L’immunité collective n’est, pour l’instant, que de 6 à 7% en France. Pour être efficace, elle doit atteindre au moins 70% de la population
Cette étude confirme également que la gravité du virus a aussi des conséquences sur la réponse immunitaire. Plus les symptômes sont faibles, moins les anticorps résistent. Les malades souffrants pendant plusieurs semaines, que ce soit de fièvre ou de problèmes respiratoires, seront mieux protégées que ceux ayant eu de légers symptômes Des études similaires menées en Allemagne et en Espagne ont abouti aux mêmes conclusions.
Ces études sur l’immunité peuvent orienter pour les futurs vaccins
Ces vaccins devront être plus puissants que la seule protection naturelle. Leur force devra également être plus durable au risque de devoir se « réinjecter le vaccin régulièrement ». C’est une des conclusions des chercheurs ayant réalisé cette étude.
La firme de biotech américaine Moderna a annoncé l’entrée dans la phase finale de ses essais cliniques de son vaccin contre le Covid-19 à partir du 27 juillet. 30 000 personnes participeront à cette dernière phase déterminante. La moitié recevra une dose de 100 microgrammes et l’autre moitié recevra un placebo.
Le premier objectif de cet essai est de savoir si le vaccin est sûr et prévient l’infection par le SARS-CoV-2. L’étude durera deux ans et la startup de biotechnologie prévient : le vaccin sera considéré comme un succès même si des patients développent des symptômes. Le plus important, c’est qu’il empêche les cas graves de Covid-19.
Le vaccin expérimental avait déclenché la production d'anticorps contre le SARS-CoV-2 chez les 45 participants. Tous n’avaient pas reçu la même dose de vaccin et il a été constaté que les niveaux d'anticorps étaient plus élevés avec les doses plus fortes. Concernant cette troisième phase, si la formule retenue pour les essais se révélait efficace, Moderna a prévu de pouvoir produire 500 millions de doses par an, et « possiblement jusqu’à 1 milliard ».
Thu, 16 Jul 2020 - 26 - La pandémie de Covid-19 menace la lutte contre le VIH-Sida selon l’ONU
Depuis lundi 6 juillet se tient la 23e Conférence de la Société internationale sur le sida et cette année, deux journées (les 10 et 11) sont consacrées à la crise du Covid-19. Alors que le monde a le regard focalisé sur le nouveau coronavirus, les autres maladies continuent à faire des victimes. C’est le cas du sida. L’Afrique du Sud est l’un des pays les plus touché du globe avec 7 millions de personnes vivant avec le VIH, le virus qui cause le sida, soit 12% de la population. C’est aussi en Afrique le pays le plus touché par le Covid-19 avec près de 216 000 cas détectés et 3 500 morts à ce jour. Selon l’Onusida, la lutte contre le coronavirus risque de mettre à mal les efforts entrepris contre le sida. L’agence des Nations unies craint en effet un regain de la mortalité liée au VIH.
L’impact du coronavirus sur les malades du sida est multiple… Le professeur Helen Rees, directrice de l’Institut de santé reproductive et VIH de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, explique d’abord que l’accès aux soins est plus difficile. « En Afrique du Sud, nous avons vu comme ailleurs, que pendant le confinement qui a été ici très strict et très précoce, les gens ont arrêté de se rendre dans les centres de soins. Ils craignaient d’être exposés au Covid-19 et ça veut dire que des patients ont donc arrêté de prendre leurs traitements. »
En effet, selon une étude réalisée dans le pays, les séropositifs sont plus vulnérables au coronavirus. Ils auraient 2,5 fois plus de risque de mourir du Covid-19, ce qui est inférieur à d’autres facteurs de risques comme l’âge, le diabète ou l’obésité, mais reste non négligeable. Et selon les données récoltées par Médecin sans Frontière (MSF) dans la petite ville d’Eshoe dans la province sud-africaine du Kwazulu-Natal, un quart des personnes traitées dans les structures de l’ONG ne se sont plus montrées depuis le confinement et ne sont donc plus soignées.
Ruptures de stocks de médicaments
« En plus, des soignants qui se consacrent habituellement aux malades du sida ont été réaffectés à la lutte contre le coronavirus », note Helen Rees. « Certains sont d’ailleurs tombés malades. Tout cela nous inquiète beaucoup en ce qui concerne l’accès continu aux antirétroviraux », les médicaments prescrits aux séropositifs.L’autre risque majeur, c’est la rupture de stock d’antirétroviraux, explique le docteur Gilles Van Cutsem, spécialiste VIH et tuberculose chez MSF et basé au Cap. « La plupart des médicaments utilisés dans les pays pauvres sont fabriqués en Inde avec des produits de base qui viennent de Chine. Avec le confinement, la fermeture des frontières et la diminution de la productivité en Inde et en Chine entraîne un effet de vague. On a déjà des ruptures de stock d’antirétroviraux essentiels de première ligne et on va en avoir plus dans le futur. Il y a 73 pays dans le monde qui sont à risque d’avoir des ruptures de stocks dans les trois à six mois qui viennent », déplore-t-il.
En Afrique du Sud, les stocks d’antirétroviraux sont suffisants pour l’instant selon lui, sauf pour un traitement de substitution qui commence déjà à manquer.
500 000 morts en cas d’arrêt des services de soins
Pour améliorer la situation, les autorités sud-africaines ont déployé des points de distribution des médicaments en dehors des hôpitaux, donc loin des malades du Covid-19 qui pourraient les contaminer, ainsi que pour éviter de surcharger les centres de soins déjà saturés. Dans le même ordre d’idée, le docteur Fodé Simaga, directeur du département d’appui aux pays de l’Onusida préconise de distribuer les antirétroviraux pour des périodes longues, entre trois et six mois pour épargner aux séropositifs d’avoir à trop se déplacer. Car l’important pour lui, c’est de permettre la continuité des soins aux personnes atteintes du VIH.« Nous avons fait une modélisation qui a montré que si il y a une interruption complète des services de traitement du fait du Covid, on aurait en Afrique subsaharienne 500 000 morts supplémentaires cette année. Cela nous ramènerait au nombre de morts, environ 1,3 millions, de 2008. C’est un recul de 10 ans c’est dramatique ! » Cette étude reste toutefois le scénario du pire, « mais même une interruption des services pour seulement 20% des personnes vivant avec le VIH en Afrique génèreraient 110 000 morts supplémentaires cette année », selon lui.
Le docteur Simaga insiste sur le fait qu’il faut affronter les deux pandémies en même temps. Mais ans son rapport annuel, l’Onusida s’inquiète déjà de voir certains financements initialement destinés à la lutte contre le VIH Sida détournés en faveur du coronavirus.
Thu, 09 Jul 2020 - 25 - Covid-19: l'actualité scientifique de la semaine
L'épidémie de Covid-19 est toujours en progression à l'échelle mondiale avec plus de 10 millions de cas et plus de 500 000 morts. Un premier traitement semble avoir un effet sur la mortalité, un anti-inflammatoire, la déxaméthasone qui réduirait d'un tiers la mortalité des patients les plus atteints en service de réanimation.
Il y a deux semaines, l’essai clinique britannique Recovery concluait à l’efficacité de la dexaméthasone, un anti-inflammatoire, pour traiter les patients atteints d’une forme grave de Covid-19. L’équipe du Royaume-Uni annoncent cette semaine d’autres résultats pour un autre traitement, moins encourageants.
Encore une fois, il faudra pour l'instant se contenter d'un communiqué de presse en attendant que les données soient accessibles. L’équipe de l’essai Recovery a en effet présenté ses résultats concernant l’efficacité de l’association lopinavir-ritonavir, deux antiviraux utilisés en temps normal pour traiter le VIH-Sida et testé cette fois contre le Covid-19.
Pour cet essai clinique,1 596 patients ont reçu ces deux molécules. Leur évolution clinique a ensuite été comparée à celle de 3 300 autres qui ont reçu les soins habituels. Les résultats sont malheureusement beaucoup moins encourageants que pour la déxaméthasone : le traitement n’a aucune influence, que ce soit en terme de mortalité, de durée d’hospitalisation ou d’évolution clinique. En conséquence, les promoteurs de l’essai ont donc décidé retirer ce traitement de leur étude, tout comme ils l’avaient fait avec l’hydroxychloroquine pour laquelle ils étaient parvenus à la même conclusion. La déxaméthasone a également été sortie de l’étude ayant fait preuve de son efficacité.
Il reste donc encore trois traitements toujours étudiés par Recovery : l'azithromycine, un antibiotique; le tocilizumab, un anti-inflammatoire et un traitement à base de plasma de patients guéris du Covid-19.
Mutation de la proteine S
Le Covid-19 est la maladie provoqué par le Sars-CoV-2, un coronavirus qui a bien changé depuis le début de la pandémie. Plusieurs études indiquent en effet que la souche qui domine dans le monde actuellement n'est plus la même qu'il y a 6 mois. Le virus aurait muté. Une mutation notamment a été identifiée sur la protéine S, celle qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules cibles. Détectée pour la première fois en janvier, elle était alors très minoritaire. Mais les choses ont évolué : aujourd'hui plus de 90 % des Sars-CoV-2 analysés la portent.
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette évolution dont une en particulier tient la corde : cette mutation touche la clé qu’utilise le virus. Elle lui permettrait donc d’entrer plus facilement dans les cellules à infecter, le rendant ainsi plus contagieux. Cela expliquerait la prédominence de cette souche aujourd'hui. Bonne nouvelle cependant, cette mutation ne semble pas rendre le virus plus dangereux pour autant. Plus important, elle n’a pas l'air d'avoir d'incidence sur la réponse immunitaire des anticorps qu'on a déjà identifiés : ces derniers restent efficaces. Identifier cette mutation est également intéressant car cela permet d’étudier la répartition géographique de cette souche. On peut ainsi en apprendre plus sur les chemins qu'elle a pris pour se diffuser dans le monde.
Quid des porteurs asymptomatiques ?
Cette semaine, enfin, la revue Natures’est intéressée au rôle que jouent les porteurs asymptomatiques dans la diffusion de la maladie. Les auteurs ont examiné le profil de 2 300 personnes d'une ville du nord de l'Italie. Selon l’étude, 42 % des contaminés par le Covid-19 ne présentaient aucun symptômes. Presque une personne sur deux infectée ne le savait donc pas. Ce chiffre est d’autant plus élevé que leur leur charge virale, la quantité de virus en eux, était similaire à ceux qui avaient des symptômes. Toux et éternuements mis à part, ils peuvent donc transmettre tout autant le virus ; par les postillons par exemple. Cette étude rappelle donc s’il le fallait l’utilité des gestes barrières et du port du masque.
Thu, 02 Jul 2020 - 24 - Coronavirus: foyers et seconde vague, où en est l’épidémie en France?
Si l’épidémie de coronavirus progresse toujours à l’échelle mondiale, ce n’est pas l’impression qui domine en France métropolitaine. Les mesures de déconfinement se poursuivent et les autorités annoncent au rythme de communiqués de presse journaliers que l’épidémie est sous contrôle. Néanmoins, si le virus est moins visible, il est toujours bien présent.
C’est ce qu’on appelle une circulation à bas bruit : chaque jour apporte son lot de nouvelles infections, de nouvelles hospitalisations et de décès supplémentaires ; sans que cela soit comparable au niveau des semaines précédentes. Le virus est toujours présent en France, et ce sont désormais les foyers infectieux qui sont surveillés comme le lait sur le feu. C’est en effet à partir de tels foyers restés sous le radar, comme le rassemblement évangéliste de Mulhouse, que la première vague épidémique avait débuté. « Le côté rassurant que l’on pouvait avoir avec l’apparition de l’été n’est pas tout à fait la réalité », constate Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon et membre du conseil scientifique. « Il y a toujours l’apparition de foyers, en particulier dans les zones à forte densité de population, comme les villes ou les lieux de travail qui rassemblent beaucoup de monde. Ces situations peuvent favoriser une nouvelle circulation active du virus, comme on le voit en Italie, en Allemagne ou au Portugal. » Les autorités allemandes ont ainsi décrété un nouveau confinement localisé mardi 23 juin à la suite de la découverte d’un foyer impliquant 1 500 employés d’un abattoir. « Soyons encore vigilants et surveillons les évolutions de ces foyers pour voir comment on parvient à les maîtriser », poursuit Bruno Lina.
La Direction générale de la santé recense 272 de ces foyers en France métropolitaine depuis le 9 mai, tous sous contrôle ou en court d’investigation. À chaque fois, c’est toute la machine qui se met en branle avec dépistage massif, identification des cas contacts et isolement. La France, comme d’autre pays, a ainsi adopté une stratégie de contrôle de l’épidémie. D’autres, comme la Chine, tentent de supprimer totalement la circulation du virus avec un objectif de zéro cas, quitte à reconfiner au besoin. Inenvisageable en France selon Bruno Lina : « C’est intenable économiquement et humainement. Il faut qu’on trouve des alternatives à ce confinement. Nous devons aller vers un système de prévention qui nous permette de contrôler ce virus sans qu’il y ait de conséquences sanitaires ou sociales majeures ». L’idée est alors de mettre à profit les enseignements de la première vague épidémique. « On a appris qui étaient les personnes les plus fragiles, et quels étaient les modes de transmission. Il deviendra donc important de prendre toutes les actions nécessaires pour éviter que les personnes âgées, les personnes à risque, soient infectées. En faisant cela, on sera capable de passer une vague épidémique de ce virus comme on le fait avec d’autres virus respiratoires comme la grippe. On devrait être capable de vivre avec le coronavirus également. »
Le Conseil scientifique dont fait partie Bruno Lina estime justement dans son dernier avis que cette seconde vague est envisageable dans les mois qui viennent. Il convient donc de s’y préparer, sans oublier un élément crucial, tout contraignant qu’il soit : le respect des gestes barrières et port du masque, particulièrement dans les lieux confinés et fréquentés ; l’émergence de la plupart des nouveaux foyers infectieux a lieu dans de tels endroits.
Thu, 25 Jun 2020 - 23 - Coronavirus: qu’est-ce que la dexaméthasone, le nouveau traitement «miracle»?
Alors que l’épidémie de coronavirus contamine chaque jour plus de patients, pour la première fois cette semaine un essai clinique de grande ampleur semble avoir donné des résultats positifs. Les promoteurs de Recovery, conduit au Royaume-Uni, ont en effet annoncé avoir observé un effet bénéfique avec un traitement à base de dexaméthasone.
La molécule est connue ; il s’agit d’un corticoïde anti-inflammatoire, qui a en plus l’avantage d’exister sous forme générique et donc abordable. La dexaméthasone a justement été intégrée dans l’essai Recovery pour ses propriétés anti-inflammatoires. « On sait que dans la forme grave du Covid-19, il y a un emballement de la réponse inflammatoire qui vient aggraver l’état du patient », explique Frédérique Adnet, chef du service des urgences à l’hôpital Avicenne (AP-HP). « C’est dans cette optique que la dexaméthasone est utilisée : pour lutter contre ce qu’on appelle l’orage cytokinique, l’emballement de l’inflammation provoqué par la maladie. »
Cette molécule n’agit donc pas contre le coronavirus SARS-CoV-2 lui-même, ce n’est pas un anti-viral. On l’utilise pour limiter les dégâts qu’il cause à l’organisme pendant que le système immunitaire combat effectivement le virus.
Selon les promoteurs de l’essai Recovery, son utilisation permettrait de diminuer la mortalité des personnes atteintes des formes les plus graves du Covid-19. Pour s’en assurer, ils ont administré la molécule à 2 104 patientes pendant dix jours, et ont ensuite comparé leur évolution clinique à plus de 4 300 malades qui n’ont seulement reçu que les soins habituels contre la maladie.
Les résultats annoncés sont prometteurs : pour les personnes les plus atteintes et qui nécessitaient une intubation, les responsables de l’essai ont observé une diminution d’un tiers de la mortalité. Le bénéfice est toujours présent mais est moins net pour les cas moins critiques mais qui avaient toujours besoin d’une assistance respiratoire : la mortalité a cette fois diminué de 20%. En revanche, il n’y a pas eu d’effet observé pour les formes moins graves du Covid-19.
On est donc loin d’avoir trouvé un remède total contre le Covid-19, puisque si l’efficacité de la dexaméthasone est avérée, elle n’agirait que pour les personnes les plus atteintes. Cela reste intéressant, puisque ces personnes sont justement les plus à risque ; on estime ainsi que la mortalité des malades intubées se situe entre 30% et 40%. Parvenir à diminuer ce taux serait donc une très bonne nouvelle.
Depuis le début de l’épidémie, les annonces de traitements se sont succédé et les espoirs soulevés ont souvent été déçus. Dès lors, quel crédit accorder à cette découverte ?
Sur le papier, Recovery est un essai clinique robuste. Sa cohorte est importante, et l’efficacité des traitements administrés est comparée à un groupe contrôle. C’est un type d’essai qui apporte un très bon niveau de preuve s’il est bien mené.
Cependant, en annonçant leurs résultats par communiqué de presse, ses promoteurs sont tombés dans un travers malheureusement devenu fréquent depuis le début de la pandémie : ils n’ont présenté aucune preuve. Pour juger de la bonne tenue de cette étude, la communauté scientifique ne dispose en effet aujourd'hui que d'un communiqué et d'une conférence de presse. Les données n'ont pas été publiées, et il n'y a pas encore eu d'article dans une revue scientifique à comité de lecture. Les responsables de Recovery annoncent cependant leur publication dans les prochains jours. Pour avoir des certitudes, il faudra également que ces résultats soient reproduits de façon indépendante.
Toutes ces réserves n'ont cependant pas empêché les autorités sanitaires britanniques de généraliser l'usage de la dexaméthasone. Elle sera désormais administrée en traitement standard aux patients en réanimation au Royaume-Uni. L’Organisation mondiale de la santé s’est, quant à elle, félicitée « d’une percée scientifique », par la voix de son patron, le Dr Tedros. L’OMS va également lancer prochainement une « méta-analyse » des données dont elle dispose sur la dexaméthasone pour actualiser ses directives concernant ce potentiel traitement.
Thu, 18 Jun 2020 - 22 - Covid-19: la pandémie toujours plus présente dans le monde
Plus de 7,3 millions de cas, plus de 415 000 décès : chaque jour, le bilan du coronavirus s’alourdit. La situation est cependant très différente d’un continent à l’autre, alors que de plus en plus de pays ont mis en œuvre leurs premières mesures de sortie de confinement.
Tout d’abord en Chine, puis en Europe et en Amérique du Nord : l’épicentre de la pandémie de Covid-19 se déplace au fil du temps. Ce sont désormais des pays encore relativement épargnés il y a quelques semaines qui concentrent la majorité des nouveaux cas. « Si la situation en Europe s’améliore, elle empire à l’échelle mondiale », constatait le Dr Tedros, le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors d’une conférence de presse en début de semaine. « Plus de 100 000 nouveaux cas ont été enregistrés lors de 9 des 10 derniers jours. Dimanche 7 juin, nous avons vu plus de 136 000 nouveaux malades. C’est un record, et presque les trois-quarts de ces nouveaux cas proviennent de 10 pays, principalement en Amérique latine et en Asie du sud ».
L’épidémie semble donc se déplacer et plusieurs raisons peuvent l’expliquer. Les différentes mesures prises par les gouvernements, leur suivi par les populations… la démographie peut également avoir un rôle à jouer car la maladie provoque moins de cas graves chez les jeunes. Se pose également la question de la saisonnalité de la maladie, alors que l’hémisphère nord entre en période estivale et l’hémisphère sud aborde l’hiver. « On peut penser que le facteur saisonnier commence à jouer un rôle », explique Antoine Flahault, le directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de Genève. « On voit un peu partout dans les zones tempérées de l’hémisphère nord que la décrue s’amorce clairement. Dans celles de l’hémisphère sud, on voit une flambée épidémique très notable, en particulier en Amérique du sud et en Afrique du sud ».Ce pays est en effet celui d’Afrique sub-saharienne le plus touché par le coronavirus, avec plus d’un millier de décès enregistrés. Cela dit, de manière générale, le reste du continent reste toujours relativement épargné.
Là aussi, plusieurs hypothèses sont avancées pour l’expliquer, mais une chose est à peu près certaine : « le fait que la maladie se soit déclarée ailleurs a permis aux pays africains de se préparer », explique Issaka Tiembré, de l’Institut national d’hygiène publique en Côte d’Ivoire. Les Etats africains ont en effet adopté très tôt des mesures de distanciation sociale alors que la situation se dégradait dans d’autres pays. Mais en Afrique comme ailleurs, les mesures de déconfinement se succèdent. Selon Issaka Tiembré, nous entrons donc dans une période où la vigilance doit être de mise : « si ces mesures ne sont pas accompagnées d’une communication amenant les populations à assurer les mesures barrières d’hygiènes, la crainte c’est que cela se traduise par une augmentation du nombre de cas. La vigilance doit être de mise pendant ces moments d’ouverture. »
L’épidémie est en effet aujourd’hui relativement contrôlée sur le continent africain, seul le temps, en revanche, pourra dire si elle le restera.
Thu, 11 Jun 2020 - 21 - Quels sont les symptômes persistants du Covid-19?
Cela fait désormais plus de six mois que le coronavirus responsable de l’épidémie de Covid-19 a été découvert, mais il reste cependant beaucoup d’inconnues au sujet de cette maladie. Alors que de plus en plus d’anciens malades sortent guéris des hôpitaux, certains souffrent toujours de symptômes, parfois plusieurs semaines après.
Difficultés respiratoires, fatigue extrême, tachycardie… De plus en plus de témoignages affluent ; ceux d’anciens malades du Covid-19 souffrant toujours de divers symptômes plusieurs dizaines de jours après. La survenue de tels symptômes décalés n’est pas inhabituelle après une infection virale. Cependant, le Covid-19 étant encore peu connu, il s’agit de savoir à quoi on a affaire.
De nombreux hôpitaux ont ainsi mis en place des structures de suivi de patients une fois rentrés chez eux. « Cela va s’étaler sur six mois minimum, avec un point un mois après le début des symptômes, trois et six mois après », explique le professeur Olivier Bouchaud, responsable du service des maladies infectieuses à l’hôpital Avicenne de Bobigny (AP-HP). « Notre objectif premier est de regarder s’il y a des séquelles au niveau des poumons chez les personnes qui ont eu besoin de quantité d’oxygène relativement importante ».Les médecins craignent en effet la survenue de fibroses pulmonaires, provoquées par les inflammations dues à la maladie. Ces consultations de suivi ont également permis de recenser d’autres symptômes persistants : « Le plus fréquent, c’est la fatigue. On voit également des patients qui disent avoir encore la perte de l’odorat, d’autres ne pas avoir tout à fait retrouvé la sensation de goût. Un certain nombre de patients se plaignent aussi de la persistance de toux ou de gêne à respirer. Enfin, quelques-uns se plaignent de l’apparition de manifestations cutanées, de petits boutons. »
En soi, l’existence de ces symptômes à distance est quelque chose de classique. Il faut cependant étudier leur spécificité dans le contexte du Covid-19 et déterminer ce qu’ils signifient. « Il faut être prudent dans l’explication de ces symptômes, explique Olivier Bouchaud. Par définition, on ne connaît pas l’évolution à distance de cette infection par le Covid-19. Il faudra faire la part des choses entre des manifestations qui peuvent être liées à des conséquences inflammatoires ou de cicatrisation de l’infection, comme les fibroses pulmonaires. Mais pour la fatigue, par exemple, ce sera très difficile de faire la part des choses entre un syndrome post-infectieux directement lié à la trace que peut laisser le virus dans le corps et une manifestation qui serait purement psychologique ».
En effet, le combat contre la maladie a pu être très violent pour certains malades qui se sont vus mourir. Cela laisse des traces, qui peuvent causer de réels troubles physiques. « On peut voir ces manifestations après des traumatismes psychiques, comme par exemple après les attentats. Ce sont des mécanismes que l’on connaît bien après que les patients ont subi des agressions violentes. Dans le cadre du Covid-19, hospitalisés dans le contexte d’une infection nouvelle, certains patients admis en réanimation ont pu avoir le sentiment qu’ils étaient au bout de leur vie tellement ils étaient gênés pour respirer. Cela peut expliquer ce psycho-traumatisme et ses séquelles. »
Par définition, on ne sait pas combien de temps vont durer ces symptômes. On commence cependant à avoir une idée de leur fréquence. L’un des objectifs de ces dispositifs de suivi, auxquels sont associés les médecins de ville, consiste en effet à déterminer la part des personnes infectées qui souffrent aujourd’hui de ces symptômes décalés. Les premières observations sont rassurantes, puisqu’il apparaît que seule une minorité de malades, parmi ceux qui ont développé les formes les plus graves, en subissent les conséquences. Lesquels doivent également faire face à un travail de rééducation qui commence désormais, tant leur organisme a été soumis à rude épreuve.
Thu, 04 Jun 2020 - 20 - Remdesivir, anticorps et immunité face au coronavirus: le point sur les recherches
Chaque semaine, RFI fait le le point sur les avancées scientifiques dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Et cette semaine, une étude qui ne parle pas d’hydroxychloroquine mais d'un nouvel antiviral : le remdesivir.
Fin avril, le laboratoire Gilead présentait le remdesivir comme ayant des effets très efficaces face au Covid-19. Un mois plus tard, le très sérieux New England Journal of Medecine a publié une étude aux résultats que l’on peut qualifier d’encourageants sur la molécule. Cet essai inclut plus de 1 000 patients qui proviennent majoritairement des États-Unis mais aussi de quelques pays européens. Le modèle de l’essai est assez classique : les malades sont divisés en deux groupes, l’un reçoit des doses de remdesivir et l’autre un placebo.
« Globalement il y a seulement une diminution du temps de guérison clinique de 32 %, et il n’y a pas d’efficacité significative sur la mortalité, pointe Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris. Mais il y a un bénéfice chez les patients sous oxygène non ventilés, c’est une population importante que l’on a vu dans les services. Le bénéfice chez ces patients, est de 42 % de réduction du temps de guérison et 5 fois moins de décès. »
L’étude, malgré des conclusions prometteuses n’est pas allée à son terme, afin que les patients puissent tous recevoir du remdesivir.
Cependant, un essai chinois publiée dans le Lancettempère l’optimisme sur ce traitement, démontrant un effet sur la durée de guérison, déjà constaté par ailleurs, et qui affiche un effet limité. Ce qui reste certain, c’est que concernant les formes les plus graves, il n’y a aucune certitude quant à l’efficacité de cet anti-viral. C’est plutôt vers d’autres traitements comme le tocilizumab, que la recherche semble se tourner.
Immunité mémoire
C’était une question centrale autour de ce virus et de la gestion de cette épidémie : un patient infecté est-il ensuite protégé ? L’Institut Pasteur et le Centre Hospitalier et de Recherche Universitaires de Strasbourg apportent des éléments de réponses dans une étude. 160 soignants testés positifs grâce à un test PCR, ont subis durant six semaines des tests sérologiques, afin de détecter leur réponse immunitaire au virus. Tous les patients, à l’exception notable de l’un d’entre eux, ont développés des anticorps au bout de six semaines.
Mais il a fallu également tester la qualité de ces anticorps, analyser leur action bloquante face au virus, ce qu’on appelle leur capacité neutralisante, mais aussi leur quantité. Dans ce domaine également, l’étude apporte des éléments rassurants.
« On a pris des mesures des personnes qui avaient des anticorps avec une activité neutralisante, on a vu que ce taux augmentait au cours du temps d’à peu près 60-70 % à partir de J13, jusqu’à 98 % des personnes, explique Olivier Schwartz, responsable de l’unité virus et immunité de l’Institut Pasteur et signataire de l’étude. La quantité varie d’une personne à l’autre, mais c’est encourageant, car cela montre que le système immunitaire est capable de produire des anticorps avec une activité neutralisante. »
Des anticorps efficaces chez la quasi-totalité des malades, tous symptomatiques, avec une quantité qui augmentent avec le temps. Pour autant, deux questions restent en suspens : les patients asymptomatiques, par nature plus difficiles à trouver, donc à tester, produisent-ils également des anticorps ?
Et surtout, combien de temps dure cette immunité ? Impossible de déterminer pour l’instant, si il s’agit d’un modèle similaire à une grippe avec une protection qui s’estompe au bout de quelques mois ou si une personne infectée est protégée pour plusieurs années. Pour cela, par définition il faut mener une étude à plus long terme.
Thu, 28 May 2020 - 19 - Coronavirus: anticorps et immunité, le point sur la recherche
C’est notre rendez-vous hebdomadaire : tous les jeudis, RFI fait le point sur la recherche pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Cette semaine, on délaisse les essais cliniques pour se pencher un peu plus sur la recherche fondamentale et l’immunité face au coronavirus.
Ce sont des résultats publiés dans la prestigieuse revue Cell, une équipe de l’université de Pékin est parvenue à isoler des anticorps et à démontrer leur efficacité contre le Covid-19. Au centre de ces recherches se trouve la question de la réponse immunitaire de notre corps face à la maladie. Il subsiste en effet encore beaucoup d’interrogations sur la qualité de cette réponse et sur sa durée dans le temps. Il est pourtant essentiel d’y répondre : d’un point de vue épidémiologique, tout d’abord. L’immunité de population qui permettrait à nos sociétés de devenir résilients face à la maladie requiert en effet que nos organismes se souviennent comment combattre le Sars-CoV-2 si jamais ils venaient à le rencontrer une nouvelle fois ; faute de quoi, on pourrait être contaminé plusieurs fois. Avoir des réponses à ces questions est également intéressant d’un point de vue clinique et c’est justement ce sur quoi a travaillé l’équipe de Sunney Xie à Pékin.
L’idée est d’utiliser les anticorps produits par l’organisme des personnes infectées par le Covid-19 et qui en ont guéri, pour les transmettre à celles qui sont malades. « Ils ont isolé les cellules qui produisent ces anticorps, et les ont caractérisés. Ils ont ensuite montré qu’ils étaient capables de bloquer l’infection par le virus », explique Morgane Bomsel, chercheuse CNRS à l’institut Cochin, qui n’a pas participé à ces recherches. « Dix de ces anticorps sont capables de bloquer in vitro l’infection de cellules par le SARS-CoV-2. En revanche, une infection dans un organisme est beaucoup plus complexe que dans une boite de culture. » Les chercheurs chinois ont alors infecté des souris, transgéniques pour qu’elles puissent être la cible du Covid-19. « Ils leur ont ensuite injecté un anticorps et montré que la quantité de virus produite par les animaux infectés était notablement réduite. Cela suggère que cet anticorps qu’ils ont caractérisé est capable de bloquer l’infection. »
Sunney Xie, le responsable de cette étude détaille : « Après 5 jours, la charge virale a été divisée par 25 000. Cela signifie qu'un éventuel médicament aurait un effet thérapeutique. ».
Son équipe et lui ont également essayé une deuxième approche, préventive cette fois : « Si on injecte les anticorps neutralisants avant d'infecter les souris, alors elles ne seront pas contaminées : aucun virus ne sera détecté. Cela ferait une deuxième utilisation : comme protection temporaire. On pourrait stopper la pandémie avec un tel médicament. Même sans vaccin. »
Pour cela, il faudrait que l’immunité conférée par ces anticorps soit durable. Morgane Bomsel en doute : « Le SARS-CoV-2 est transmis par voie aérienne et par définition on ne sait pas qui va le transmettre. Pour être efficace, il faudrait que cette protection soit permanente. Or, les anticorps ont une durée de vie de quelques jours. Si on veut appliquer cette prophylaxie, il faudrait alors envisager des injections d’anticorps un peu trop fréquentes ! »
Cela dit, les biologistes savent prolonger la durée de vie des anticorps. « En faisant du génie génétique, on pourrait assez simplement modifier ces anticorps pour leur permettre d’avoir une durée de vie plus longue dans l’organisme », explique Morgane Bomsel.
On en est cependant encore loin et si recherches tiennent leurs promesses en matière de traitement, il faudra encore attendre un éventuel vaccin pour la prévention. Cette étude de l’université de Pékin apporte cependant de solides éléments sur la réponse immunitaire face au SARS-CoV-2. Ils sont d’ailleurs étayés par deux autres études parues dans Science ce jeudi 21 mai.
La première apporte des éléments de réponse sur la mémoire immunitaire après une infection au Covid-19. On ne sait toujours pas si elle existe chez l’homme, mais une équipe de l’école de médecine de Harvard a montré que c’est le cas chez le macaque rhésus, une espèce proche de la nôtre. Une autre équipe de la même école a elle cherché à développer un vaccin, toujours chez le primate. Les auteurs concluent « avoir démontré l’efficacité d’une protection vaccinale contre le SARS-CoV-2 pour le macaque rhésus, ce qui accélèrera le développement d’un vaccin pour l’homme. »
Thu, 21 May 2020 - 18 - Covid-19: trithérapie, Discovery… le point sur la recherche
C’est désormais notre rendez-vous hebdomadaire. Tous les jeudis, RFI fait le point sur la recherche d'un traitement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, la maladie venue de Chine, et que l'on ne sait toujours pas guérir malgré la multiplication des essais cliniques dans le monde et des polémiques.
Malgré la multiplication des essais cliniques dans le monde et des polémiques, il n’existe toujours pas de traitement, même si des résultats prometteurs d’une étude menée à Hong Kong ont été publiés dans la revue The Lancet.
127 patients ont été enrôlés pour cette étude menée du 10 février au 20 mars. Ils ont été séparés en deux groupes : l’un de contrôle, l’autre à qui une tri thérapie a été administrée : des interferons, le duo lopinavir-ritonavir (des anti-viraux utilisés contre le VIH-Sida) et un antigrippal, la ribavirine.
Ces molécules avaient déjà fait l’objet d’essais cliniques, mais elles avaient été étudiées seuls. C’est donc la première fois que leur effet combiné est observé. « Les auteurs ont montré dans cet article que la tri thérapie diminuait le temps pour lequel la charge virale devenait nulle », explique Frédéric Adnet, chef du service des urgences à l’hôpital Avicenne. « Ils ont trouvé une différence de 3,8 jours entre les deux groupes. C’est-à-dire que la charge virale diminue plus rapidement dans le groupe traité. » Le résultat est donc intéressant, mais demande cependant à être précisé : « On reste un peu sur sa faim : la mortalité dans les deux groupes est la même. Or ce qui nous intéresse, c’est que les gens meurent moins. Il faudrait être sûr que la différence observée en terme de charge virale a une répercussion en terme de mortalité. »
Néanmoins, cette étude propose une base solide et sa méthodologie robuste permet d’en tirer des conclusions. C’est malheureusement de plus en plus rare en cette période épidémique où les polémiques concernant les essais cliniques se succèdent. Après le feuilleton de l’hydroxychloroquine et de l’azythromycine, l'AP-HP, l'assistance publique - hôpitaux de Paris, pourtant grande institution en a montré un exemple récemment en pêchant par précipitation. Elle a communiqué des résultats sur un essai toujours en cours, qui cherche à démontrer l’efficacité du Tocilizumab pour atténuer l’orage cytokinique – la surréaction du système immunitaire dont sont victimes certains malades du Covid-19. Les premières données ont l’air encourageantes, mais en communiquant si tôt, et sans fournir de données, l’AP-HP a pris le risque de nourrir de faux espoirs. Cette histoire a même entraîné la démission collective en protestation du comité de suivi de l’essai, une chose rarissime. « On sent qu’il y a une sorte de course à l’échalote aux résultats dans cette épidémie », estime Frédéric Adnet. « Ca rend fou un peu tout le monde. C’est à celui qui trouvera en premier une molécule et on dirait que personne n’a le temps que les choses soient bien faites et respecter le B.A.-BA de la recherche clinique. On ne parle pas des résultats d’un essai clinique avant qu’ils ne soient publiés. »
Dans l'attente des résultats intermédiaires de Discovery
Prévus initialement à la fin du mois d’avril, les résultats de l’essai européen Discovery étaient attendus ce jeudi 14 mai. Leur publication a été une nouvelle fois repoussée, faute de patients. Discovery devait en effet étudier l’effet de 4 traitements différents (Remdesivir, Kaletra, Kaletra et interferons, hydroxychloroquine) sur 3 200 patients. Il n’a malheureusement aujourd’hui d’européen que le nom, puisqu’un seul patient a été enrôlé hors de France, au Luxembourg. Seuls 750 malades environ en font donc partie, et avec 2 400 personnes en moins, les résultats de Discovery seront donc bien moins solides.
Si ces difficultés à recruter des patients ne sont pas nouvelles, elles n’ont été admises publiquement que très récemment. Un aveu tardif dommageable car il s’agit d’un essai qui a suscité beaucoup d’espoir, et dont les autorités et les instigateurs avaient fait une large promotion. Malheureusement, ces promesses ne devraient pas être tenues. En ces temps de défiance et de polémique envers la recherche clinique, tout le monde s’en serait bien passé.
Thu, 14 May 2020 - 17 - Coronavirus: la course au vaccin bat son plein
Le vaccin contre le Covid-19 est un élément indispensable dans la lutte contre l'épidémie qu’il faudra encore attendre plus d’un an. Quels sont les obstacles de cette course au vaccin ?
Pour se donner plus de chances de réussite, le géant pharmaceutique français a choisi d'explorer deux pistes différentes : l'une est basée sur une méthode actuellement utilisée contre la grippe. L'autre est une technique plus innovante proposée par une start-up avec laquelle Sanofi s'est associé.
« Si vous prenez le virus : l'enveloppe, ces magnifiques petits bâtonnets rouges que l'on voit partout, c'est en fait la protéine Spike qui va être la première au contact avec la cellule », nous explique Jean Lang, responsable du développement des vaccins. Puis il détaille : « Pour empêcher ce contact, on va mettre des anticorps dirigés contre la protéine. On injecte cette protéine purifiée et on va ainsi induire ces anticorps, si bien que quand le virus arrivera il ne pourra pas rentrer dans la cellule. La seconde méthode, c'est exactement le même principe, sauf qu'au lieu d'injecter directement dans le corps humain la protéine, vous injectez son précurseur biologique qui est le RNA messager. Ce RNA messager va donc rentrer dans les cellules, entraîner la production de protéines en interne, au lieu d'être injectées de façon externe, et là il va entraîner une production d'anticorps qui vont, de la même façon, neutraliser le virus dans le cas où le virus rentrerait dans l'organisme. »
► À écouter aussi : Covid-19, un vaccin serait-il la seule solution pour endiguer la pandémie ?
Les deux méthodes vont bientôt entrer en phase d’essai clinique, chez l'homme. Au total l'Organisation mondiale de la santé a recensé 83 vaccins potentiels dont six sont déjà en phase d'essai clinique.
Y a-t-il un risque de bâcler la production pour arriver premier de cette course ?
Certaines étapes vont de toute façon être accélérées puisque le développement d'un vaccin prend en général une dizaine d'années contre un an et demi dans le cas du Covid-19. C'est donc là qu'entrent en scène les agences gouvernementales qui essaient elles d'accélérer les processus de contrôle.
« Nous avons pris contact avec tous les producteurs de vaccins afin de les conseiller au mieux pendant la fabrication du vaccin », explique Marco Cavaleri, à la tête de l'équipe spéciale Covid-19 de l'Agence européenne du médicament. Puis de détailler : « Le but est qu'une fois prêt, leur produit reçoive l'autorisation de commercialisation le plus rapidement possible. Au sein des autorités de contrôle dans le monde il y a une vraie volonté de collaboration. Nous savons que le vaccin peut tout changer dans ce contexte de pandémie, mais il est aussi de notre devoir de nous assurer que ces vaccins sont suffisamment sûrs et efficaces avant qu'ils soient distribués à des millions de personnes », assure-t-il.
Les gouvernements aident-ils aussi financièrement les laboratoires ?
Récemment Sanofi Pasteur a critiqué le manque d'investissement de la part de l'Europe qui pourrait coûter cher à sa population. Actuellement l'entreprise est associée au ministère de la Santé américain pour la fabrication de son vaccin dont une partie sera d’ailleurs produite aux États-Unis. Une collaboration qui n’est pas sans contrepartie, reconnaît David Loew, vice-président exécutif de Sanofi Pasteur.
« Vous pouvez vous imaginer que le gouvernement américain ne fait pas ça juste pour le plaisir. Bien sûr, ce qu'il peut se passer c'est que des pays qui ont des sites industriels sur leurs terrains veulent potentiellement réserver une partie des vaccins qui sont produits sur leur sol pour leur population. Ça c'est une réalité politique », dit-il. Puis d'ajouter : « Après, le président Macron avait parlé de s'assurer qu'il y a aussi des vaccins pour l'humanité, quelque part ; pour les pays entiers. Vous avez plein, plein, plein de différentes organisations qui se sont regroupées, mais il faut encore qu'ils se mettent d'accord [sur] comment ils vont s'organiser. C'est uniquement une fois qu'on a la clarté, qui a quelle autorité sur le budget etc., que on pourra définir comment on va, par exemple, structurer les commandes ».
Dans cet objectif, la Commission européenne a organisé une levée de fonds en début de semaine. Ce sont 7,4 milliards d'euros qui ont été réunis pour le développement d'un vaccin qui devrait être à destination de la population mondiale.
Fri, 08 May 2020 - 16 - Notre système immunitaire face au coronavirus
Comment notre système imunitaire lutte-t-il contre l’infection ? Pouvons-nous être immunisés face au virus ?
Comme pour toute infection, le corps reconnaît la présence d’un intrus, et il essaie de réagir en attaquant le virus. « Des cellules de notre système immunitaire reconnaissent l’agent infectieux, alertent d’autres cellules immunitaires en émettant des cytokines et en recevant des cytokines ils produisent des anticorps pour aller neutraliser le virus », nous explique Frédéric Altare, spécialiste du système immunitaire au sein de l’université de Nantes.
Ces cytokines circulent dans notre système afin de répondre le plus efficacement possible à la menace que représente le virus. Mais évidemment ce qui est décrit ne correspond qu’aux meilleurs des cas, car ce coronavirus peut continuer de nuire même si le corps l’attaque. « Le cas particulier du Covid-19 est que cette réponse immunitaire qui normalement est limitée dans le temps peut s’emballer chez certains individus et créer une version exacerbée de la réponse immunitaire et créer un trouble immunitaire majeur qu’on appelle orage cytokinique », poursuit Frédéric Altare.
En d’autres termes la réponse immunitaire se retourne contre le patient et attaque le système respiratoire, cardiaque ou nerveux et c’est la cause de mortalité principale des patients atteint du Covid-19.
• Est-il possible de préparer son corps à l’infection au Covid-19 ?
Il y a beaucoup de conseils qui fleurissent sur internet pour préparer, ou renforcer son système immunitaire, entre autres le fait de s’exposer au soleil pour faire le plein de vitamine D. Il y a aussi le stress et la fatigue, particulièrement présents dans cette période de confinement, qui peuvent jouer un rôle dans la préparation de nos défenses immunitaires.
Mais il faut être clair, ce sont des facteurs marginaux qui ne nous préparent absolument pas à affronter le virus : seul un vaccin sera réellement efficace.
• Une personne qui est infectée au virus devient-elle immunisée à une éventuelle nouvelle infection ?
La réponse n’est pas encore bien établie. Pour être immunisé au virus, il faut développer ce qu’on appelle une immunité mémoire, produire des anticorps spécifiques, qu’on appelle neutralisants, qui sont adaptés au Covid-19. Une fois qu’on les a développés, théoriquement ils nous protègent d’une réinfection. Les expériences menées sur des singes montrent que 28 jours après leur infection ils étaient en effet immunisés.
Mais Vincent Maréchal, professeur en virologie à la Sorbonne, prévient : « On sait que chez l’homme c’est bien plus compliqué que chez les singes… » Il nous fait le point sur les travaux en cours : «Il y a beaucoup d’études qui ont eu lieu notamment celle publiée récemment par l’institut Pasteur. Elle va montrer que chez les patients hospitalisés, ceux qui ont une forme assez sévère de la maladie vont développer des anticorps en 5 à 14 jours », explique-t-il.
Vincent Maréchal soulève tout de même une question. « Quand on regarde des patients qui ont peu de signes cliniques, 15 jours après les symptômes on voit des anticorps apparaître que chez 30% d’entre eux. Mais la question c’est chez les asymptomatiques, on ne sait pas si des patients sans signes cliniques développent des anti-corps de qualité. »
Pour synthétiser, plus la maladie est virulente plus les symptômes sont sévères et plus on serait protégé du virus. L’Institut pasteur a développé récemment un test qui devrait nous permettre de mesurer le niveau d’anticorps neutralisants et donc d’établir en quelque sorte le degré d’immunité des patients. Pour autant, si cette immunité est mesurable il est difficile de dire combien de temps elle peut durer, car pour cela, par définition, du temps il en faut.
Thu, 07 May 2020 - 15 - Maladie de Kawasaki, contagiosité... les enfants plus exposés au coronavirus?
En France, les enfants reprendront le chemin de l’école à partir du 11 mai dans un cadre sanitaire très précis. L'occasion de faire le point sur le coronavirus et les enfants.
Jusqu’à nouvel ordre les enfants sont toujours peu nombreux à développer des formes graves du virus. Sur les 89 000 personnes hospitalisées en France depuis le début de l’épidémie, il n’y a eu que 125 enfants de moins de 14 ans, 29 sont allés en réanimation et on déplore deux décès.
Au mois d’avril, des pédiatres anglais ont alerté sur un syndrome avec inflammation cardiaque proche de la maladie de Kawasaki qui a touché quelques dizaines d’enfants. Le SARS-CoV-2 -comme d’autres virus- peut déclencher cette maladie, mais le phénomène reste marginal.
Pourtant, on ne sait pas pourquoi les enfants développent des formes moins graves. Ce sont des faits et devant des faits, on émet des hypothèses. Les enfants ont-ils une réponse immunitaire différente ? Véronique Hentgen, pédiatre et virologue, nous éclaire sur le sujet : « Effectivement, les vaccinations ont été mises en avant en disant que le vaccin contre la tuberculose était un facteur protecteur. Il existe une autre hypothèse, étant donné que les enfants abritent très souvent dans leur nez le virus “du rhume”, peut-être que le coronavirus s’y installe plus difficilement. Mais ce ne sont que des hypothèses », rappelle-t-elle.
• Les enfants sont-ils des transmetteurs du coronavirus ?
C’est ce qu’on pensait au départ. Pour beaucoup de virus respiratoires, comme celui de la grippe, les enfants sont souvent porteurs, plus que les adultes et pour des périodes plus longues. C’était vraiment l’hypothèse prédominante quand les écoles ont fermé un peu partout. Puis elle a été contredite par des études scientifiques, et par un cas spectaculaire.
Aux Contamines-Montjoie, premier foyer de l’épidémie en Haute-Savoie, en France, 12 personnes ont été contaminées fin janvier. Parmi elles un enfant de 9 ans qui présentait de légers symptômes. Pendant 10 jours avant que l’alerte soit donnée, il a vécu normalement. Les épidémiologistes ont ensuite retrouvé toutes les personnes avec qui il avait été en contact : 172 au total dont 112 élèves et enseignants, placés en quarantaine. Ce petit garçon n’a transmis le virus à personne, pas même à ses frères.
Ce n’est pas un cas unique. Des chercheurs australiens et islandais ont fait la même observation en menant une étude sur des enfants infectés qui ont continué à aller à l’école et n’ont pas transmis le virus. Et ce que nous dit la science aujourd’hui, c’est que le Covid-19 est une maladie qui se transmet essentiellement d’adulte à adulte. À l’école, le danger serait donc davantage dans la salle des maîtres que dans la cour de récréation.
• Les enfants peuvent-ils reprendre l’école sans risque pour eux ?
On voit bien que la prudence est de mise, et que tout un protocole sanitaire sera mis place dans les écoles pour éviter de relancer l’épidémie. Mais selon Véronique Hentgen, pédiatre et virologue, il est important que les enfants retournent à l’école.
« Ce qu’on sous-estime beaucoup, c’est la conséquence que le confinement peut avoir sur les enfants à long terme. C’est extrêmement anxiogène de rester enfermés à la maison. On a beaucoup culpabilisé les enfants, moi, j’ai des tout petits qui m’ont dit “je ne peux pas faire de bisous à papy et mamie, car je vais le tuer” donc il ne faut pas sous-estimer les conséquences psychosociales du confinement sur les enfants. En respectant un cadre sanitaire, les enfants doivent retourner à l’école », soutient-elle.
Wed, 06 May 2020 - 14 - Coronavirus: les effets d'un séjour en réanimation, un malade témoigne
On s'intéresse aujourd'hui aux conséquences des séjours en réanimation. En France, on estime que 5% des malades déclarés nécessitent un passage dans un service de réanimation. Ce sont les cas les plus graves et ils sont actuellement plus de 3 800. Cela a été le double au pic de l'épidémie. Ces patients ont besoin d'une assistance respiratoire. Lorsque la détresse est trop importante, ils sont plongés dans le coma. La majorité survive à cette épreuve mais les suites sont longues. Les séquelles du traitement s'ajoutent à celles du Covid-19. Rencontre avec un patient à l'hôpital Foch de Suresnes près de Paris.
Tue, 05 May 2020 - 13 - Déconfinement: comment s’organise l’isolement des malades dans des hôtels?
« Protéger, tester, isoler » : c’est la stratégie du gouvernement français lors du déconfinement qui commencera dans une semaine. Pour « isoler », c’est-à-dire mettre en quarantaine les personnes qui seront testées positives au Covid-19, l’État pourra réquisitionner des lieux comme des hôtels. Ce dispositif est déjà une réalité dans plusieurs villes qui ont été précurseurs.
Comment s’organise l’isolement de malades dans des hôtels ?
Pour le savoir je me suis rendu dans un hôtel réquisitionné depuis plus d’un mois, à Perpignan dans le sud de la France. C’est le tout premier « hôtel-Covid » du pays (comme on les appelle). Sur place, il y avait - quand j’y suis allé - 7 patients. D’où viennent-ils ?
Écoutez Samuel Durod, le médecin qui les examine tous les matins : « Soit des centres de coronavirus des villes, soit de l’hôpital, elles n’ont pas des symptômes graves, elles viennent finir leur quarantaine ici. »
L’objectif est double : libérer des lits d’hôpitaux en isolant ailleurs les cas les moins graves et empêcher la contamination des proches des malades.
Il y a à Perpignan de nombreuses familles pauvres vivant dans le centre-ville qui n’ont pas les moyens de bien se confiner chez elles. C’est cela qui a poussé le préfet des Pyrénées-Orientales, Philippe Chopin à réquisitionner très tôt cet hôtel : «il y avait un cluster, dans des quartiers où les gens vivent à la catalane, la nuit, avec de mauvaises conditions sanitaires. »
Combien de temps ces personnes restent-elles confinées ?
« Ça dépend des cas ! » explique le préfet.
Les malades que j’ai pu rencontrer m’ont dit qu’ils étaient soulagés d’avoir pu se confiner ici plutôt que chez eux, et d’avoir ainsi protégé leur famille.
En un mois, plus d’une quarantaine de personnes a séjourné dans cet hôtel.
Elles passent le temps dans des chambres simples composées de un ou deux lits et d’une petite salle de bain. Elles sont autorisées à sortir se dégourdir les jambes sur les balcons et le parking. L’Etat paye la chambre (35 euros) ainsi que les repas, qui sont servis par des secouristes bénévoles. Ce sont eux qui s'occupent de la logistique sous la supervision de Nicolas Montserrat : « on s’occupe de la distribution des repas, de la surveillance sanitaire, du soutien psychologique, orga générale. »
D’autres villes françaises n’ont pas attendu le déconfinement pour mettre en place ce type de dispositif.
Oui comme à Poitiers ou à Calvi. Mais aussi, depuis 10 jours, en Ile-de-France. Un dispositif est expérimenté avec quatre hôpitaux : les personnes qui présentent des symptômes sont d’abord testées, puis interrogées sur les conditions dans lesquelles elles vivent, comme nous le détaille le président du département de Seine Saint Denis Stéphane Troussel : « on mène une enquête orale et on peut aussi aller au domicile du malade pour évaluer si un confinement est possible. Si pas possible, on leur propose l’hôtel. »
Les malades sont mis en quarantaine dans un hôtel de la Porte-la-Chapelle à Paris, où 200 places ont été réservées. Deux autres hôtels sont en cours d’ouverture.
Et dans l’optique du déconfinement, des hôtels dans toute la France pourraient être réquisitionnés.
Jean-Virgile Crance, le Président du groupement national des chaines hôtelières, assure que le secteur est prêt à se mobiliser : « Le secteur est à l'arrêt. On a promis 40 000 chambres doit 1 000 hôtels au gouvernement. On est prêt à faire face à la demande. »
Ailleurs dans le monde, l’isolement dans des hôtels se pratique en Italie et en Espagne, mais aussi en Corée du Sud, en Chine, en Tunisie encore en Israël.
Mon, 04 May 2020 - 12 - Le Covid-19 affecterait le système nerveux central chez certains malades
On découvre au fur et à mesure que le coronavirus peut causer non seulement des attaques au niveau des voies respiratoires, des poumons en particulier, mais qu’il peut attaquer aussi notre système nerveux. On a déjà parlé de la perte de l’odorat, du goût, comme signe avant-coureur de l’infection au Covid-19, mais il y a d’autres symptômes neurologiques.
Le 1er avril, la revue scientifique britannique The Lancet rapportait un cas de covid-19 en Chine qui avait débuté par un syndrome de Guillain-Barré, une maladie dans laquelle le système immunitaire du patient attaque son système nerveux, ce qui peut causer la paralysie des membres. C’est un cas rare, mais ces symptômes neurologiques sont-ils fréquents avec le Covid, et de quels types s'agit-il ?
Le docteur Thomas de Brouker, chef du service de neurologie à l’hôpital de St-Denis.
« À l'hôpital de la Fontaine où je travaille, le coronavirus a fait l'objet d'une prise en charge spécifique puisque au total en 5 semaines environ, on a dû avoir plus de 500 patients, et sur ces plus de 500 patients on a pu constater entre 30 et 40 cas d'atteinte variées du système nerveux, c'est tout de même assez sérieux puisque ça représente pas loin de 10% ; nous avons donc avec l'aide des autres hôpitaux généraux et des infectiologues sur la France entière, fait une enquête et constaté qu'effectivement, ces manifestations neurologiques étaient très variées et assez fréquentes »Les attaques neurologiques peuvent donc être très variées, nous dit le docteurr de Brouker, qu’en est-il plus précisément.
Les neurologues les classent en quatre catégories : la 1ère, ce sont les symptômes isolés, perte du goût et de l’odorat, parce que le virus s’attaque à la muqueuse olfactive ; il y a aussi des maux de tête, des vertiges, sans qu’on en connaisse encore l’origine.
Dans la 2ème catégorie, il y a la confusion mentale, le cerveau fonctionne lentement, le patient a du mal à appréhender même ses propres difficultés respiratoires ; mais aussi des encéphalites, des attaques directes du cerveau ; là ce n’est probablement pas le virus lui-même qui est responsable, mais plutôt le système immunitaire du patient qui déclenche une réponse très violente, comme un orage qui traverserait la barrière protectrice du cerveau.
Dans la 3ème catégorie, il y a des accidents vasculaires cérébraux, qui représentent 1/5ème des cas à l’hôpital de St-Denis, comme dans les embolies pulmonaires, c’est une artère qui se bouche, parce que le virus provoque une hyper-coagulation du sang.
Enfin, dans la 4ème catégorie, on trouve des attaques du système nerveux, comme le syndrome de Guillain-Barré déjà évoqué, qui peuvent survenir avant ou après la maladie, et qui nécessitent une réhospitalisation, voire une entrée en réanimation. Des affections qui peuvent entraîner ensuite une rééducation.
Précisons que la confusion mentale reste passagère et ne laisse pas de séquelle. Par contre, on a pu lire que le virus pourrait infecter le cerveau directement, est-ce vrai, y a-t’il un moyen de le vérifier ?
Docteur de Brouker : « Dans l’immense majorité des cas les explorations sont négatives, normales, et non seulement elles sont négatives mais le liquide céphalo-rachidien qu'on obtient par ponction lombaire montre qu'il n'y a pas de Covid dans ce liquide, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'infection directe du cerveau par le virus. Donc, à l'heure actuelle, on a aucun argument pour la neuro invasion du virus, qui a été un peu trop avancée dans la littérature, qu'elle soit générale ou neurologique »
Il y a donc une enquête en cours quand pourra-t-on en savoir plus ?
Le recueil des informations s’est déroulé du 1er mars au 30 avril, et 25 centres hospitaliers ont participé à l’enquête. La moisson, si l’on peut dire, est riche, et le docteur de Brouker espère pouvoir en publier les résultats vers la fin du mois de mai.
Fri, 01 May 2020 - 11 - Disparités et inégalités face au coronavirus SARS-CoV-2: ce qu'il faut retenir
Nous ne sommes pas tous égaux face au virus. Le SARS-CoV-2 frappe plus durement certaines personnes. Beaucoup de choses ont été dites puis contredites. Les enfants qui seraient moins vecteur, les fumeurs qui seraient moins infectés. Le point sur ces différences face au virus.
• L’âge, un facteur déterminant
Le virus touche tout le monde, mais pas avec la même puissance. L’âge est le plus gros facteur de disparité entre individus face au virus. Les personnes de plus de 70 ans sont les plus représentées parmi les morts de la maladie Covid-19. Exemple en Italie, l’âge moyen des morts est de 79,5 ans. Pour quelles raisons ? La capacité du système immunitaire à lutter contre les agents pathogènes diminue avec le temps. C’est ce qui les rendrait plus vulnérables.
Mais il y a quelque chose de particulier dans ce virus SARS-CoV-2. Les bébés de 0 à 2 ans dont les défenses immunitaires sont en cours de construction ne sont pas considérés comme personnes à risque. Ils sont en effet très peu touchés. Olivier Terrier, chercheur au centre international de recherche en infectiologie de Lyon, explique au micro de RFI que « les bébés n’ont pas tous les facteurs de risque qu’ont des personnes âgées. C’est-à-dire des maladies cardiovasculaires existantes, un terrain avec des pathologies chroniques existantes. Donc, il y a aussi tout ce contexte-là qui rentre en jeu, combiné avec un système immunitaire sénescent, c’est-à-dire vieillissant. »
• L’infection des enfants au coronavirus
Ce qui ressort des données disponibles, c’est que le nombre d’enfants et d’adolescents diagnostiqués et testés positifs au Covid-19 est très peu élevé dans le monde. Mais on le sait ce virus entraînerait davantage de formes asymptomatiques que d’autres virus de la même famille chez cette population jeune. Les enfants sont-ils donc moins touchés ? Aucune certitude à ce sujet. Ils réagissent plutôt bien au virus, donc ils ne vont pas à l’hôpital, et donc ils sont très peu testés.
Une inquiétude toutefois ces derniers jours en provenance d’Angleterre. Des cas d’enfants gravement malades ont été recensés. Il s’agit d’un syndrome inflammatoire. Des enfants testés positivement et négativement au SARS-CoV-2 sont concernés. Les médecins anglais indiquent que cela pourrait être lié à des formes rares de Coronavirus.
• Les hommes plus gravement atteints que les femmes
En France, parmi les cas graves admis en réanimation, 73 % sont des hommes. Parmi les personnes mortes du coronavirus, ils sont 57 %. Là-dessus de nombreuses études ont déjà été réalisées.
« On retrouve beaucoup plus de facteurs de risque présents chez les hommes. Il y a davantage de maladies cardiovasculaires ou de diabète ou d’obésité par exemple chez les hommes », explique Olivier Terrier. Puis d’ajouter : « Il y a aussi, éventuellement, d’autres facteurs qui pourraient jouer, qui peuvent être vraiment liés aux hormones, notamment aux œstrogènes. L’explication principale, c’est effectivement des facteurs de risque qui sont peut-être beaucoup plus présents chez la population masculine. » Une autre explication avancée : le fait que les hommes fument plus que les femmes.
• Les fumeurs moins contaminés
Les récepteurs nicotiniques joueraient un rôle barrière dans l’entrée du virus. Ce ne sont que des hypothèses. Ce qui est sûr c’est que fumer ne protège pas du Covid-19 et il est même un facteur aggravant de la pathologie. Autre effet loupe, vous avez peut-être entendu parler de la différence entre groupes sanguins. Une étude chinoise avançait il y a plus d’un mois que les individus du groupe O positif seraient moins porteurs du virus. Ce n’était qu’une étude préliminaire. Les chercheurs du CNRS assurent que ce n’est pas vraiment un facteur clé pour l’instant.
Par contre, observer ces disparités est très utile pour les chercheurs. C’est le travail de plusieurs laboratoires et notamment en France. Cela permet de créer des marqueurs pronostic. Quand un patient arrive à l’hôpital, l’observation de ces marqueurs peut permettre de le prendre en charge plus rapidement pour devancer les formes graves de la maladie.
Thu, 30 Apr 2020 - 10 - Troubles de la conduite alimentaire et confinement
Quel est l'impact du confinement sur les personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires ou TCA. Et de quels troubles parle-t-on ? C'est le sujet de rendez-vous sur le Covid-19 et ses conséquences. Éclairages.
Pour schématiser, il y 3 types de TCA : les troubles anorexiques, marqués notamment par un control drastique des apports en nourriture ; la boulimie, caractérisée par des prises compulsives de grande quantité d'aliments suivies par des mécanismes compensatoires pour perdre du poids comme le vomissement. Enfin quand les crises de boulimie ne sont pas compensées et entrainent surpoids ou obésité, on parle d’hyperphagie boulimique. En France, entre 6 et 10 % de la population souffrent de TCA selon la FFAB, la fédération française anorexie boulimie. Angoisse, sorties réduites, stocks alimentaire à gérer. « Ces personnes connaissent les mêmes difficultés que tous les confinés mais chez elle, ces difficultés risquent d’aggraver leurs symptômes explique Nathalie Godart, présidente de la FFAB. »
Seul(e) face au frigo, à la balance…l’isolement peut être particulièrement difficile à vivre. Mais le huis clos familial aussi.
Signe de ces difficultés, la ligne nationale Anorexie Boulimie Info Ecoute reçoit actuellement 20% d’appels en plus, indique sa coordonnatrice Annick Brun. Et alors qu’habituellement ce sont surtout des proches qui téléphonent à la recherche d'informations, ce sont aujourd’hui majoritairement des malades en besoin d’écoute qui appellent. Beaucoup disent se sentir piégés entre un intérieur invivable et un extérieur particulièrement menaçant...puisque que les TCA fragilisent le système immunitaire et que l'obésité est un facteur de risque d'infection sévère au Covid-19.
Que peuvent faire les malades pour passer au mieux cette période éprouvante ?
Difficile de donner des conseils généraux…car chaque personne vit son trouble différemment, mais le professeur Godart pointe quelques pistes
L’essentiel est avant-tout de parler avec ses proches et bien sûr des professionnels. Si vous êtes en France, même si les consultations physiques sont suspendues, de nombreux médecins, diététiciens, psychologues assurent un suivi à distance…vous trouverez sur notre site un lien vers une page oùla FFAB a compilé des contacts utiles, ainsi que les horaires de la ligne nationale d’écoute. Si vous n’êtes pas en France, regardez quand même : il y a aussi des fiches conseils et des recommandations d’applications reconnues pour aider à mieux gérer sa maladie au quotidien.
Wed, 29 Apr 2020 - 9 - StopCovid: quelle efficacité pour l'application de traçage voulue par le gouvernement?
StopCovid, c'est l'application de traçage que veut lancer le gouvernement au moment du déconfinement, à l'image de ce qui s'est fait aussi en Corée du Sud, en Pologne ou encore à Singapour. Sa mise en place devait faire l'objet d'un débat et d'un vote spécifique à l'Assemblée nationale ce mardi mais elle a finalement été intégrée au projet de loi concernant le plan de déconfinement dans sa globalité. Un projet audacieux mais qui suscite beaucoup d'interrogations, notamment sur le plan technique. Développée par l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique avec l'aide de plusieurs entreprises françaises, StopCovid fonctionnera avec le Bluetooth. Mais certains experts doutent de l'efficacité de ce système. Baptiste Robert est chercheur en cybersécurité et pour lui, la technologie Bluetooth n'est pas efficace pour cibler précisément les utilisateurs concernés.
Tue, 28 Apr 2020 - 8 - Coronavirus: dans les départements et territoires d'outre-mer, le pire semble évité
L'épidémie de Coronavirus semble être sur sa courbe descendante dans la plupart des pays européens. C'est également le cas en France avec 124 575 cas, dont 1 373 dans l'ensemble des DOM-TOM. Les départements et territoires d'outre-mer ont été relativement épargnés par la vague épidémique avec finalement assez peu de cas.
Ces régions étaient pourtant sous haute surveillance, notamment du fait d’un plus faible équipement en infrastructures médicales qu’en Métropole. Le conseil scientifique avait même rendu un avis sur l’unique question de l’outre-mer et des mesures spécifiques à y appliquer.
Mais la situation est restée sous contrôle, notamment parce qu’on a eu le temps de se préparer. Laurent Filleul est le coordinateur de la stratégie outre-mer à Santé publique France. Il explique que « le fait que le départ de ces épidémies ait été plus tardif a permis aux agences régionales de santé, à Santé publique France et à l’ensemble des acteurs de la lutte contre cette épidémie de mieux se préparer »,dit-il. Puis il détaille : « Les systèmes de surveillance ont été mis rapidement en place, le contact tracing a été mis en place et se poursuit de manière très active. Il y a aussi eu des mesures spécifiques : la quarantaine ou la quatorzaine pour les nouveaux arrivants sur ces territoires qui ont permis de les protéger. Le fait qu’il y ait ce contexte insulaire a permis de mettre en place des mesures qui n’ont pas forcément pu être mises en place en métropole et cela a permis de protéger ces territoires. »
Du coup, comme la Métropole, l’outre-mer va dans son ensemble être concerné par la date du 11 mai - la levée du confinement -, avec les mêmes règles.
• Mais si on a constaté un décalage de quelques jours, quelques semaines entre la situation de l’outre-mer et celle de la Métropole, est-ce que mécaniquement cette date du 11 mai ne risque pas d’arriver trop tôt ?
Il y a déjà des territoires qui ont débuté ce déconfinement. C’est le cas en Nouvelle-Calédonie depuis une semaine par exemple. Plus besoin d’attestation pour sortir, les plages sont de nouveau ouvertes. Mais les rassemblements de plus de 50 personnes restent interdits et les bars et restaurants sont toujours fermés. Pour les autres territoires, puisque le confinement y a été appliqué de la même façon qu’en Métropole, il a également eu les mêmes effets.
« À la vue des résultats que l’on a, c’est-à-dire du faible nombre de cas, laisser les gens confinés n’aurait pas forcément un intérêt », suggère Laurent Filleul. « On va dire que l’impact du confinement est déjà observé dans l’outre-mer comme en métropole. Donc, il n’y a pas de raison d’avoir un déconfinement spécifique pour l’outre-mer. Aujourd’hui, on a une situation qui est comparable en termes de circulation virale, voire meilleur dans l’outre-mer. Donc, il n’est pas nécessaire de poursuivre le confinement dans ces territoires », analyse-t-il.
• Cette situation est-elle la même dans tous les départements et territoires d’outre-mer ?
On y constate une grande homogénéité. La situation est maîtrisée dans chacun d’entre eux. Il y a tout de même des particularités. La Réunion et Mayotte par exemple font également face à une épidémie de dengue en ce moment. La dengue partage des symptômes avec le Covid-19. Le message est donc toujours le même : en cas de doute, n’hésitez pas à consulter à un médecin.
« Ce qu’il ne faut pas oublier, et ça d’une manière générale, c’est que l’accès aux soins ne doit pas être limité au Covid-19 », rappelle Laurent Filleul. « Les pathologies chroniques doivent continuer d’être soignées, les signes cliniques doivent faire l’objet d’une consultation médicale. Alors si on est confiné, il suffit d’appeler les professionnels de santé, mais il ne faut pas retarder une consultation médicale par peur du Covid-19 ou en pensant que le Covid-19 est prioritaire. Il y a d’autres pathologies qui sont toujours présentes, il ne faut pas oublier cette prise en charge et de consulter son médecin si nécessaire ».
Mon, 27 Apr 2020 - 7 - Le rétablissement des personnes atteintes du Covid-19 peut être long
La convalescence des personnes ayant été infectées par le coronavirus, une fois la phase aigüe de la maladie passée peut être longue. Le rétablissement est loin d'être immédiat, y compris pour les patients qui n'ont pas fait de formes graves, ceux hospitalisés quelques jours ou restés chez eux. Il est donc indispensable d'aider le corps à se remettre.
► Hôpital Foch de Suresnes - - Livret d'activité physique après COVID
Fri, 24 Apr 2020 - 6 - Comment faire ses courses en sécurité en temps de coronavirus?
Comme les millions de foyers qui vivent à travers le monde actuellement en confinement, vous avez besoin régulièrement de faire vos courses. Mais comment être sûr de ne pas attraper le virus pendant ces sorties, et pire encore de ne pas le ramener chez vous et de contaminer les autres membres de votre foyer ?
Les règles essentielles à observer en faisant ses courses
La première, c’est de préparer le plus possible sa liste de courses pour ne pas perdre de temps inutilement dans les rayons des magasins. Il faut également, tant que possible, éviter les heures d’affluence. Et puis afin d’éviter la surpopulation dans les commerces, faites vos courses seul.
Il sera alors plus facile de respecter la « distanciation sociale » avec les autres clients. Vous éviterez aussi de multiplier les risques de contamination de plusieurs personnes au sein de votre foyer. Un dernier geste avant le départ – on ne le répète jamais assez : lavez-vous bien les mains !
Que faut-il faire lorsque l’on est dans le magasin ?
Les scientifiques s’accordent désormais tous à le dire. La première chose à faire en faisant ses courses, c’est de porter un masque. En effet, si tous ne garantissent pas la même protection contre le virus, ils sont néanmoins indispensables.
Si vous optez pour le simple masque en tissu qui laisse pourtant passer le Covid-19 au travers de ses mailles, il aura tout de même le mérite de minimiser la propagation de vos postillons et vous dissuader de vous toucher le visage avec vos mains qui peuvent potentiellement être contaminées.Autre recommandation importante si vous le pouvez : désinfectez-vous les mains avec du gel hydroalcoolique en entrant dans le magasin. Cette étape vous permettra de ne pas contaminer les articles ou les objets que vous pourriez manipuler.
Il faut aussi respecter la distance sociale d’un mètre avec les gens qui vous entourent. Une mesure pas toujours simple à appliquer, surtout dans les rayons parfois étroits des magasins.
Dans ce cas, faites preuve de civisme et aussi de bon sens : ne vous précipitez pas sur un étal si vous voyez que quelqu'un est déjà en train de se servir. Attendez patiemment votre tour à la bonne distance. Enfin, évitez de trop manipuler les produits et de les reposer dans les rayons.
Peut-on être infecté en touchant un chariot ou un produit contaminé ?
Le SARS-CoV-2 peut survivre sur une surface inerte, comme par exemple sur un chariot ou un paquet de lessive. Mais on le rappelle, ce ne sont pas les mains qui sont les portes d’entrée du virus dans l’organisme. Mais bien le nez, la bouche et les yeux. C’est pour cela qu’il est important de ne pas porter ses mains à son visage pendant les courses.
Faut-il porter des gants au supermarché ?
Eh bien, non ! Porter des gants est une fausse bonne idée. En fait, ils constituent une deuxième peau sur laquelle le virus peut également se déposer. Seuls des gants à usage unique peuvent être intéressants à condition, bien sûr, de savoir les enlever sans se contaminer, ni contaminer d’autres surfaces. Et ce geste, tout le monde ne sait pas le faire.
Quelles sont les règles à respecter, quand on rentre chez soi ?
En rentrant, la première chose à faire, vous l'avez deviné, c'est à nouveau de bien vous laver les mains. Vous devez bien nettoyer les fruits et les légumes à l’eau claire et les laisser sécher, ou bien utiliser un papier absorbant ou un torchon dédié uniquement à cette utilisation et régulièrement lavé. Surtout n’utilisez pas d’eau de javel ou un autre détergent, vous risqueriez de vous empoisonner.
Pour les autres produits, les avis des spécialistes divergent. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), elle, préconise par exemple de passer un essuie-tout humide, quand cela est possible, sur les emballages et de laisser de côté les produits pendant trois heures avant de les ranger. Mais pour Alexandre Bleibtreu, infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, prendre trop de précautions peut parfois être contre-productif.
Des gestes simples donc, mais pour les personnes les plus fragiles, la livraison à domicile peut aussi être une bonne option. À condition, encore une fois, de bien se laver les mains après avoir rangé ses courses.
Thu, 23 Apr 2020
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