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Reportage France

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RFI

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

463 - Le cognac français au cœur de la guerre commerciale avec la Chine
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  • 463 - Le cognac français au cœur de la guerre commerciale avec la Chine

    Depuis le 5 janvier, les eaux-de-vie européennes sont la cible d’une enquête antidumping de la Chine. Pékin soupçonne certains pays de l’UE de subventionner leurs produits pour les vendre ensuite moins chers sur le marché chinois et donc de fausser la concurrence. Premier visé : le cognac français. Toute la filière s’inquiète de possibles mesures de rétorsion.

    « C’est ici qu’on met le cognac, avant d’être mis en bouteille. » Sur une ligne de production, des salariés remplissent des bouteilles de cognac avant de les étiqueter. Chaque année, la maison Bache Gabrielsen envoie entre 50 à 100 000 bouteilles vers la Chine. Mais depuis l’ouverture d’une enquête par Pékin le 5 janvier, le patron de la PME passe plus de temps à son bureau. « Ici, par exemple, dans ce questionnaire, vous avez un onglet sur les achats, sur les capacités de production. » Dans ces questionnaires, Hervé Bache Gabrielsen doit prouver aux autorités chinoises que son cognac n’est pas vendu plus cher sur le marché chinois qu’ailleurs dans le monde.

    « Cette enquête anti-dumping s’est matérialisée par des questionnaires très détaillés où il a fallu donner grand nombre d’informations précises sur notre savoir-faire, sur notre production. Ça a été d’abord donné en chinois, mais ensuite traduit heureusement. C’est surtout du temps et de l’argent, ça mobilise des équipes. Pour certaines maisons, on parle de plusieurs centaines de milliers d’euros. Il y a comme une épée de Damoclès, si vous prenez des droits de douane supplémentaires en cas d’application de ces taxes antidumping, ce sera autant de difficultés supplémentaires pour vendre nos produits. »

    La menace plane aussi les viticulteurs

    Sur son exploitation, Anthony Brun produit du raisin qui sera ensuite transformé en vin puis distillé pour faire du cognac, en partie à destination du marché chinois. « C’est un marché qui est très porteur. On a défini des perspectives de croissance depuis déjà quelques années avec les négociants. Sur mon exploitation de 30 hectares, j’ai 15 hectares de vignes renouvelées. Tous ces investissements ont été faits pour répondre aux volontés du consommateur. En l’occurrence les Chinois. Si demain les consommateurs ne peuvent pas acheter parce que le prix a été biaisé par une taxe, on aura fait des investissements pas forcément rentabilisables. »

    En France, la filière cognac représente 70 000 emplois directs et indirects et rapporte chaque année plus 6 milliards d’euros. « On fera valoir nos droits devant l’OMC, mais on sait que cela peut prendre des années », appréhende Florent Morillon, le président du bureau national interprofessionnel du cognac

    En attendant, la filière s’active en coulisse. Après une rencontre le mois dernier avec le ministre chinois du Commerce, les représentants misent sur la visite de Xi Jinping à Paris. Le président chinois est attendu début mai. Le gouvernement français assure que le sort du cognac français sera au cœur des discussions.

    À lire aussiLa Chine et l'Union européenne vont «reprendre leurs échanges réguliers» sur les questions économiques

    Fri, 26 Apr 2024
  • 462 - Inondations dans le Pas-de-Calais: partir ou rester?

    Il y a presque six mois, dans le Pas-de-Calais, des villages ont été piégés par des torrents d'eau ; des inondations à répétitions en novembre, en janvier et en février. Aujourd'hui l'heure est aux bilans et aux expertises. Un peu de calme après la tempête, mais toujours peu de travaux pour éviter que tout recommence. Alors, beaucoup d'habitants se posent la même question : partir et tout quitter, ou rester et tout reconstruire ?

    Thu, 25 Apr 2024
  • 461 - À Saint-Denis, près de Paris, le quartier Pleyel se transforme pour les JO 2024

    Pour limiter l'empreinte écologique des JO de Paris 2024, les organisateurs ont décidé de réduire au maximum la construction d'infrastructures dédiées. Ils se targuent ainsi de pouvoir compter sur 95% d'infrastructures déjà existantes ou temporaires. Le plus grand chantier reste celui du village olympique, 58 hectares situés en grande partie dans le sud de la commune de Saint-Denis. Une zone jusque-là isolée et délaissée, qui voit son urbanisme se transformer.

    Wed, 24 Apr 2024
  • 460 - À Nanterre, la prévention de la violence passe par des clips réalisés par les jeunes

    À Nanterre, à l'ouest de Paris, les éducateurs de rue se sentent bien seuls face aux difficultés des mineurs qu'ils rencontrent. La ville a été marquée par la mort du jeune Naël, tué par un policier lors d'un contrôle routier, en juin dernier. Le drame avait provoqué près de quinze jours d'émeutes. Durant les vacances de Pâques qui viennent de s'achever, les éducateurs spécialisés de l'association Le Gao du Petit Nanterre ont travaillé avec une quinzaine de jeunes sur les origines de la violence. Ils en ont fait des clips vidéos, pour pouvoir les partager avec d'autres jeunes.

    Tue, 23 Apr 2024
  • 459 - Begum TV, une chaîne télé pour redonner un visage et de l’espoir à des millions d’Afghanes

    Voilà plus de deux ans et demi que les talibans sont revenus au pouvoir en Afghanistan, menant à la privation de libertés pour des millions de femmes et de petites filles. En France, c’est une forme de résistance qui a été lancée début mars par des réfugiées afghanes, au nord de Paris. Begum TV est d’une chaîne de télévision qui émet depuis la capitale française vers les foyers afghans. Elle s’adresse aux jeunes filles et aux femmes qui vivent encore sous le joug des talibans avec, entre autres, des programmes éducatifs ou de soutien psychologique.

    L’ambiance est détendue, à quelques minutes de l’enregistrement de l’émission. Une petite dizaine de personnes s’active dans la rédaction et le studio dans lequel ont pris place Diba et Marina, les deux présentatrices. Un fond vert, des caméras automatiques et une régie de l’autre côté de la vitre pilotée par Getee. D’un signe de la main, elle donne le top départ de l’émission.

    « Bonjour à toutes et tous, je suis Marina Golbahori, vous regardez Bégum TV, bienvenue dans l’émission “Tabassoum”. Le sujet du jour est la suppression du droit à l’éducation des filles et nous en parlons avec vous Diba Akbari, bonjour. - Bonjour ! - Chère Diba, expliquez-nous : quelles sont les conséquences psychologiques de cette privation d’éducation des filles ? »

    « L’idée est de leur redonner une voix, mais aussi un visage »

    L’émission, dont l’enregistrement dure une demi-heure, est axée sur la santé mentale et le bien-être. Elle fait intervenir des psychologues, prêts à répondre aux questions de téléspectatrices anonymes, explique Hamida Aman, fondatrice de Begum Organization For Women, l’ONG à l’origine du projet : « On a énormément d’adolescentes qui appellent, et surtout, on a beaucoup de mères qui appellent, car elles sont désœuvrées. Elles ne savent pas comment gérer la détresse de leurs adolescentes privées d’écoles depuis deux ans et demi maintenant. »

    En appelant l’émission, ces femmes reçoivent des conseils. « On leur donne des petits trucs pour se sentir mieux comme de la naturothérapie, des exercices de respiration, de méditation », développe encore Hamida Aman. Autrement dit, une bouffée d’air, dans un pays où les jardins publics, les salons de coiffure et les salles de sport leur sont interdites d’accès. « Nous abordons des sujets qui ne peuvent que parler à ces femmes en Afghanistan. L’idée, c’est de donner de la voix à ces femmes afghanes à travers cette chaîne. Non seulement une voix, mais aussi un visage. »

    À écouter aussiÊtre une femme dans l’Afghanistan des talibans

    « J’exerce à nouveau le métier que j’aime »

    Diba et Marina sont justement les visages de cette émission que les foyers afghans reçoivent par satellite. Les deux femmes ne portent pas de voile et parlent sans tabous.

    Pour Diba, journaliste afghane, réfugiée en France depuis un an et demi, Begum TV représente une opportunité inespérée. « En Afghanistan, j’étais en danger, car j’ai souvent critiqué les talibans. Quand j’ai quitté le pays, j’ai eu la sensation d’avoir tout perdu : mon métier, ma vie, mon avenir là-bas. Mais une fois en France, quand j’ai intégré la télévision Bégum, c’est comme si je renaissais. J’ai retrouvé espoir. J’ai récupéré ma vie, et surtout mon travail. J’exerçais à nouveau le métier que j’aime. »

    Begum TV est aussi une chaîne éducative. Des cours en vidéo sont proposés gratuitement en langues pachto et dari aux collégiennes et lycéennes afghanes qui en sont privés. Pour Marina, en France depuis neuf ans, c’est une manière de rendre la pareille. « Avec nos programmes éducatifs, c’est à plein de petites filles que l’on s’adresse pour qu’elles poursuivent leurs études et continuent à apprendre. Donc Bégum, c’est signe d’espoir pour moi et des milliers de femmes en Afghanistan. »

    En langue dari, Begum signifie « reine ». Diba et Marina y voient le signe d’un début de reconquête de leurs droits en Afghanistan.

    À lire aussiAfghanistan: «J'ai l'impression d'être en prison et mon crime, c'est d'être une femme»

    Mon, 22 Apr 2024
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